Eglises d'Asie

Pékin : au lendemain de l’invitation du pape à deux évêques chinois, l’Eglise catholique « officielle » a donné une conférence de presse

Publié le 18/03/2010




Pour la première fois de son histoire, l’Eglise catholique « officielle » a donné une conférence de presse, le 20 avril 1998, à Pékin, devant une trentaine de représentants de la presse internationale. Les deux principaux intervenants étaient Mgr Michel Fu Tieshan, évêque de Pékin et président de l’Association patriotique des catholiques chinois, accompagné de Mgr Joseph Liu Yuanren, évêque de Nankin et président de la Conférence épiscopale « officielle ».

Interrogé par les journalistes à propos de l’invitation personnelle envoyée par le pape aux deux évêques de Wanxian, Mgr Duan et Mgr Xu, pour le synode des évêques d’Asie, Mgr Fu Tieshan a répondu : « Nous avons entendu parler de cette conférence des évêques d’Asie, mais nous n’avons pas reçu d’invitation(…) Que des évêques aient été invités ou non, nous n’avons pas reçu d’invitation(…) Nous n’avons pas entendu dire que nous avions été invitésIl a ajouté : « L’Eglise catholique de Chine tient fermement au principe d’autonomie dans les domaines politique et économique. Mais, dans la foi, nous sommes totalement unis à la sainte Eglise catholique et nous prions pour le pape JeanPaul II au cours de toutes les messes. Néammoins, comme vous le savez, sur le chemin du rétablissement des relations officielles avec le Vatican, il reste l’obstacle de la reconnaissance de Taiwan par le SaintSiège. Les relations entre le Vatican et Pékin se situent à deux niveaux : si les relations d’Etat à Etat deviennent officielles, on peut présumer d’un avenir brillant pour les relations d’Eglise à Eglise« .

Depuis quelques mois, le pape Jean-Paul II essaie activement de débloquer les négociations entre Rome et Pékin. Dans son allocution du 1er janvier 1998, il avait appelé à « l’établissement de relations amicaleset affirmé que le Vatican suivait les développements de la situation en Chine avec intérêt. Le 13 février, le Vatican avait annoncé qu’il était prêt à envoyer une délégation officielle à Pékin pour développer des relations (2), et, au moment de la visite en Chine de la délégation américaine composée de dignitaires religieux, Rome avait fait savoir qu’elle considérait avec intérêt la présence d’un évêque catholique au sein de cette délégation (3). La dernière en date des initiatives romaines est l’invitation lancée par le pape aux deux évêques de Wanxian pour aller participer au synode romain (4). Jusqu’à présent, Pékin est resté de marbre face aux avances du Saint-Siège.

De son côté, Mgr Joseph Liu Yuanren a déclaré : « Chaque jour, nous prions pour que des relations soient établies entre Rome et Pékin. Mais si le pape rejette l’Eglise catholique chinoise, alors ceci est en contradiction avec la mission de JésusChrist de propager la parole de Dieu, et, comme la Chine possède une forte population catholique, le Vatican devrait dénoncer ses liens avec Taiwan et reconnaître la République populaire de Chine

Selon Anthony Liu Bainian, secrétaire général de l’Association patriotique des catholiques chinois, habituellement considéré comme le porte-parole du Parti communiste au sein de l’Eglise catholique « officielle », la conférence de presse était organisée par l’Association des journalistes chinois. Il a ajouté que celle-ci avait organisé cette conférence de presse à la demande expresse de plusieurs journalistes étrangers. Tout en reconnaissant que ce genre d’exercice, s’il était plus souvent organisé, permettrait de faire davantage connaître l’Eglise de Chine à l’étranger, Liu Bainian a précisé qu’il dépendait de la bonne volonté de l’Association des journalistes chinois que cette expérience se renouvelle.