Eglises d'Asie – Chine
Synode : les évêques de Wanxian, invités par le pape, n’ont pas reçu l’autorisation de quitter le pays
Publié le 18/03/2010
Le 19 avril, jour d’ouverture du synode, le pape Jean-Paul II avait annoncé dans son discours qu’une invitation personnelle avait été envoyée aux deux prélats chinois. On avait appris par la suite que c’est un coup de téléphone du 18 avril qui avait informé Mgr Duan et Mgr Xu de l’invitation papale. Le télégramme officiel ne leur était parvenu que le mercredi suivant, 22 avril. C’est ce télégramme qui leur a permis de demander aux autorités civiles un visa de sortie, refusé cinq jours plus tard.
Selon les observateurs, le choix des deux hommes par Jean-Paul II était judicieux. Les deux prélats sont en effet reconnus par l’Eglise catholique « officielle » et l’Association patriotique des catholiques chinois, aussi bien que par l’Eglise dite « clandestine » puisque Mgr Duan Yinming a été nommé évêque par Pie XII en 1949. Il est donc considéré comme « légitime » par toutes les factions de l’Eglise catholique chinoise. Beaucoup d’observateurs se sont aussi accordés pour dire que le geste de Jean-Paul II était une manifestation d’ouverture et de main tendue au régime communiste de Pékin.
L’initiative papale, manifestant la bonne volonté du Vatican, n’en était pas moins très habile. Si le gouvernement chinois avait accepté de délivrer des permis de sortie aux deux évêques, il aurait tacitement admis la possibilité pour le pape d’avoir des relations avec des évêques de Chine sans passer par l’Association patriotique des catholiques chinois, porte-parole du Parti communiste au sein de l’Eglise catholique « officielle ». Le bureau des Affaires religieuses n’a pas accepté cette concession. L’Association patriotique, elle-même, s’était empressée, au lendemain de l’invitation papale, le 20 avril, de faire savoir, par la voix de son président, Mgr Michel Fu Tieshan, évêque de Pékin, que « l’Eglise de Chine n’avait pas reçu d’invitation au synode
Au-delà des raisons habituellement exprimées comme l’absence de relations diplomatiques ou la reconnaissance de Taiwan par le Vatican, le gouvernement chinois a manifesté clairement qu’il n’est pas prêt à remettre en cause le rôle et la fonction de contrôle de l’Association patriotique sur l’Eglise catholique « officielle ». Les arrestations de prêtres catholiques « clandestins » au cours de ces dernières semaines (1) confirmeraient s’il en était besoin cette attitude des autorités chinoises. Du côté de Rome, on ne voit pas comment le Vatican pourrait accepter, à l’heure actuelle, que l’Association patriotique s’interpose entre l’Eglise catholique de Chine et l’Eglise universelle. L’obstacle le plus sérieux au rétablissement des relations diplomatiques entre Rome et Pékin s’avère être la signification donnée par le gouvernement chinois à la notion d' »indépendance » de l’Eglise en Chine.
Le 27 avril, le porte-parole du Vatican, M. Joaquin Navarro Vals, a indiqué aux journalistes présents à Rome que le Saint-Siège n’avait pas perdu tout espoir de voir les deux évêques chinois se présenter à Rome : « Nous attendons une information précise de la part des autorités chinoises et nous espérons que la demande de visas de sortie (pour les deux évêques) sera favorablement considérée par les autorités compétentesSelon des sources vaticanes, une invitation officielle avait été envoyée, deux mois avant l’ouverture du synode, par le canal de l’ambassade de Chine à Rome, mais elle n’était pas parvenue aux deux évêques.