Eglises d'Asie – Cambodge
LE POINT DE LA SITUATION SOCIALE ET POLITIQUE Du 1er mars au 30 avril 1998
Publié le 18/03/2010
Le 16 février dernier, réunis à Manille, les représentants des « Amis du Cambodge » (comprenant 14 pays, dont le Japon, les Etats-Unis, la Russie, la Communauté Européenne, les pays de l’Asean), donnent leur approbation au plan japonais pour résoudre la crise cambodgienne. Ce plan comprend « 4 piliers »:
* Les deux premiers consistent dans le retour libre du prince Ranariddh, ex-premier premier ministre, renversé par le coup de force des 5-6 juillet 1997, et sa participation aux élections prévues pour le 26 juillet prochain. Pour cela, le prince doitt être jugé le plus rapidement possible et obtenir l’amnistie royale.
* Le troisième « pilier » est l’instauration d’un cessez-le-feu entre les troupes qui lui sont fidèles et celles des FARC (Forces Armées Royales Cambodgiennes).
* Le quatrième est la suppression de tous liens avec les Khmers rouges.
Le « procès Ranariddh »
Deux procès sont intentés au prince Ranariddh et à ses plus proches collaborateurs :
Le 4 mars, dans une salle du ministère de l’Intérieur, en l’absence de l’accusé, mais devant 300 personnes, la plupart portant l’uniforme, le tribunal militaire de Phnom Penh écoute les dépositions de dix témoins à charge pendant deux heures et demie, puis condamne Ranariddh à 5 ans de prison, pour achat illégal et transport d’armes, le 25 mai 1997. Le général Nhiek Bun Chhay, commandant en chef adjoint des FARC (Funcinpec), est condamné à 4 ans, et Thach Suong, chef des gardes du corps du prince, à deux ans avec sursis.
* La veille du procès toutes les TV et radios cambodgiennes diffusent un film relatant les événements des 5-6 juillet derniers.
* Une heure et demie avant le « procèsle général Kim Sang, secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur et chef de la police navale du Cambodge (Funcinpec), est assassiné par deux tireurs à moto, portant l’uniforme de la police. Le général se savait menacé, et ne sortait plus de chez lui. Hun Sen l’ayant convoqué, il se rendait à la convocation. Selon les autorités gouvernementales, ce crime n’est pas politique… Certains y voient un message envoyé à Ranariddh.
* « Par hasardl’ambassade des Etats-Unis programme le même jour la projection du film « Amnistad » de Steven Spielberg, retraçant le jugement d’esclaves accusés à tort de piraterie et de meurtre, pour des motifs politiques, par les Espagnols, en 1830.
Le 17 mars, le même tribunal militaire, au même endroit, avec le même public, juge le prince pour collusion avec les Khmers rouges, au titre des articles 2 et 4 de la loi de 1994, déclarant les Khmers rouges « hors-la-loiavec tentative de renversement du pouvoir. Le général Chauv Sambath, assassiné par les sbires de Hun Sen le 8 juillet 1997, et dont le corps torturé et mutilé a été dûment identifié par les membres du Centre de l’ONU pour le respect des droits de l’homme au Cambodge, est cité à comparaître. 34 témoins sont appelés à la barre. Sans surprise, Ranariddh est condamné à 30 ans de réclusion criminelle, les généraux Nhiek Bun Chhay, Serey Kosal et feu Chauv Sambath le sont à 20 ans. Ils devront de plus verser des indemnités aux quatre familles des disparus de l’expédition malheureuse en hélicoptère vers Anlong Veng, en février 1997, aux familles ayant souffert des événements de juillet 1997, et 56 millions de dollars d’indemnités aux sociétés victimes des événements de juillet 1997.
* Le déroulement de ces procès n’a rien de surprenant. Il s’inscrit dans le mode habituel de fonctionnement d’un gouvernement communiste: le tribunal n’a pas à rechercher la culpabilité d’un individu, il ne fait qu’annoncer la décision du Parti.
* On pourrait à plus justre titre reprocher à Hun Sen les faits dont il accuse Ranariddh : importations illégales d’armes (30 conteneurs en provenance de Chine), déplacements de troupes, négociations secrètes avec les Khmers rouges, etc. Quant aux indemnités demandées à Ranariddh pour compenser les pertes des événements de juillet 1997, les témoins oculaires sont suffisamment nombreux pour en faire porter la responsabilité exclusive à la soldatesque aux ordres directs de Hun Sen ! Les bourreaux accusant une victime qu’il ont assassinée a suscité le dégoût International. « Trop, c’est tropdéclare l’organisation internationale. Pour la plupart des observateurs étrangers, ces « procès » discréditent totalement, s’il en était encore besoin, le système judiciaire cambodgien.
* « Vous pouvez faire tous les plans de paix que vous voudrez, dit un diplomate occidental, Hun Sen n’en a rien à faire. Il ne veut pas du retour de Ranariddh. C’est simple »Hun Sen est comme un mauvais garnement qui fait ce qu’il veutdit un autre.
Le roi Sihanouk qui avait promis l’amnistie immédiate à son fils, sans qu’il soit nécessaire que personne ne lui en fasse la demande, avait été critiqué violemment par une poignée de politiciens, ce qui avait provoqué son départ précipité du Cambodge, le 5 janvier. Depuis, il multiplie les interventions, disant qu’il ne peut accorder cette amnistie, sans une demande explicite des deux co-premiers ministres. Il conseille vivement à son fils ne pas rentrer au pays. Il pense qu’accorder l’amnistie serait mettre la monarchie en danger.
Après le deuxième procès, il s’insurge, impuissant devant cette « double injustice »:_condamner un innocent et lui faire payer « les pots cassés par d’autres, alors que rien n’a été fait pour rechercher les auteurs de l’attentat du 30 mars et de la quarantaine d’assassinats politiques depuis le mois de juillet 1997Chhem Snguon, ministre de la Justice, déclare le 19 mars, que la grâce royale ne pourra en aucune façon dispenser Ranariddh de payer les indemnités auxquelles il est condamné. Une demande de grâce est signée par Bopha Devi, soeur de Ranariddh, dans laquelle le prince ne reconnaît aucun des griefs qui lui sont reprochés. Sihanouk la rejette. Le 20 mars, le roi rejette également une demande d’amnistie présentée par les deux co-premiers ministres, car la reconnaissance des torts par l’accusé est posée comme condition préalable. Hun Sen doit réécrire sa copie, et demander un pardon complet et inconditionnel pour le prince. Le 21, le roi, surpris de la nouvelle demande de Hun Sen au point d’en demander confirmation par fax, accorde son pardon. Sihanouk a très habilement obligé Hun Sen à se compromettre devant la communauté internationale exaspérée. Sans doute une très forte pression exercée par le Japon, la Grande Bretagne, l’Allemagne et l’Australie à acculé Hun Sen à tout faire pour éviter d’être tenu responsable de l’échec du plan japonais.
Le cessez-le-feu
Le 27 février, Ranariddh ordonne le cessez-le-feu à ses troupes, cependant ses généraux ne l’observent pas, accusant l’autre partie de vouloir profiter de l’accalmie pour se renforcer. Le gouvernement royal fait des propositions : que les rebelles révèlent l’emplacement de leurs troupes, leur nombre, leur armement, avant d’être réintégrés dans l’armée royale.
Le 1er mars, le général Nhiek Bun Chhay rejette les propositions qu’il considère comme une reddition sans conditions. Il propose la formation d’un comité « ad hoccomprenant des observateurs internationaux et des officiers des deux bords, pour superviser un éventuel cessez-le-feu, ce que refuse le gouvernement pour qui il s’agit d’un affaire purement interne. D’autre part, selon le gouvernement, le cessez-le-feu ne pourra s’appliquer qu’aux rebelles royalistes, mais non à leurs alliés khmers rouges d’Anlong Veng, qui d’ailleurs en ont rejeté l’idée. Lors de sa visite au Cambodge, le 11 mars, Francesc Vendrell, chef de la section Asie-Pacifique de l’ONU, propose que l’ONU puisse jouer un rôle de « messagerde « navetttetoute « médiation » tant de la Thaïlande que de l’ONU étant refusée par Phnom Penh.
Après son amnistie du 22 mars, Ranariddh demande sans succès, que le pardon s’applique à ses deux principaux généraux, Nhiek Bun Chhay et Serey Kosal. Le 29 mars, Hun Sen demande au roi de ne pas accorder sa grâce aux généraux fidèles à Ranariddh. Le 30 mars, le roi Sihanouk répond à la lettre et refuse de grâcier les commandants de la résistance. Ranariddh, de retour au Cambodge redemande l’amnistie de ses chefs militaires et la participation des Nations Unies à la supervision du cessez-le-feu. Ngoun Soeur, président du Parti des Citoyens Khmers, propose, le 31 mars, la grâce de tous les hommes politiques condamnés : Sirivuddh, Sin Song, Sin Sen, Prom Poye (militant Funcinpec incarcéré pour avoir tiré un coup de feu en l’air). Mais le roi refuse tout pardon sans demande expresse des deux premiers ministres. En même temps, la résistance donne des signes de faiblesse : le 25 mars, le général Khéang Savorn, ancien officier des forces fluviales des FARC, qui a rejoint la résistance après les événements des 5-6 juillet au côté de Ranariddh, ainsi que les colonels Ouch Savan et En Sitha, désertent en sens inverse avec 500 soldats, et 150 familles.
La débandade des troupes khmères rouges
C’est dans ce contexte qu’il convient de lire la débandade des troupes khmères rouges, préparée en sous-main depuis des semaines par les FARC. De sources gouvernmentales, environ 500 familles khmères rouges, provenant de leur base de Samlaut, désertent durant la première quinzaine de mars, dans la province de Koh Kong. On compte pami eux entre 200 à 800 combattants. Il ne resterait qu’un millier de combattants dans la région de Samlaut, l’un des fronts de la résistance pro-Ranariddh.
Le 21 mars, le commandemant des FARC confirme qu’au moins deux groupes de soldats khmers rouges, soit environ 200 combattants, l’un basé dans le secteur de Choam Ksan, l’autre dans celui d’Angkor Chum, ont rejoint les FARC. Le même jour, les FARC lancent une offensive contre la base khmère rouge des « extrémistes » d’Anlong Veng, avec environ 600 anciens soldats khmers rouges ralliés, dirigés entre autres par Ké Pauk, commandant de région depuis 1975, au 13ème poste dans l’organigramme de l’Angkar, et criminel renommé.
Le 26 mars, l’Etat-major des FARC annonce la prise d’Anlong Veng, base principale des Khmers rouges depuis 1994, à 15 heures 15. 1 545 combattants et 762 familles, soit 4 109 personnes, sous les ordres de Im Heung, Chum Chhit et Chum Kéo, désertent du côté des FARC. On apprendra par la suite qu’une mutinerie au sein de l’armée khmère rouge a éclaté la veille, facilitant la victoire des FARC. Il semble que des intérêts financiers soient à la base de ces ralliements, Ta Mok confisquant à son profit les ressources provenant du trafic du bois. Les déserteurs pensent pouvoir obtenir un statut d’autonomie comparable aux déserteurs de Païlin, de Samlaut et de Malai en 1996. Ils demandent à être intégrés aux FARC. Plusieurs observateurs pensent que les déserteurs sont des fidèles de Pol Pot, donc un cheval de Troie à l’intérieur des FARC.
Les officiers thaïlandais et la radio khmère rouge démentent la prise d’Anlong Veng et n’y voient qu’un effet d’annonce pour faire passer le retour de Ranariddh au second plan. Cependant, la nouvelle se confirme, après des communiqués contradictoires, durant les jours à venir : Ta Mok, Nuon Chéa, Khieu Samphan sont en fuite. Ils se réfugient dans les montagnes proches de la frontière thaïlandaise, aux « deux cents collinesLa Thaïlande déclare refuser de donner asile aux chefs khmers rouges. On estime qu’il reste entre 250 et 400 combattants fidèles à Ta Mok. Près de 7 000 civils, fuyant les combats, sont massés à la frontière thaïlandaise. Un hélicoptère des FARC se pose à Anlong Veng.
Le 29 mars, à 7h 30, 1 080 nouveaux soldats khmers rouges désertent. Les quelque 400 combattants tenant le temple de Préah Vihéar depuis 1993, se rallient au gouvernement. Les télévisions de Phnom Penh diffusent des images incontestables de la présence des FARC dans le temple, en compagnie des ex-soldats khmers rouges. Le lendemain, les réfugiés massés à la frontière, retournent au Cambodge, manifestant par là que les combats ont cessé dans la région d’Anlong Veng. Deux tanks khmers rouges et un important stock d’armes sont saisis. Cependant, les combats continuent, l’issue est incertaine.
* Le 1er avril, l’un des deux hélicoptères MI 8, de fabrication soviétique, en surcharge, transportant 36 passagers, doit se poser en catastrophe dans un champ de mines près de Préah Vihéar : deux mines explosent endommeageant l’appareil et blessant 3 personnes.
Le 2 avril, Pol Pot affirme dans une interview à Associated Press n’avoir jamais quitté le Cambodge, qu’on l’a transporté dans un endroit tranquille à 1 km d’Anlong Veng. Il se plaint de sa santé. Le lendemain, selon The New York Times, Bill Clinton aurait donné un ordre écrit pour son arrestation, information vigoureusement démentie par la Maison Blanche. On affirme que Pol Pot était « en lieu sûr, du côté thaïlandais » , puis a été ramené en territoire cambodgien. Selon les informations de la CIA, Pol Pot aurait été emprisonné en Thaïlande durant la dernière semaine de mars, puis relâché. Des bruits courent sur l’arrestation de Ta Mok et de Pol Pot par leurs propres troupes. Pour les autorités des FARC, Pol Pot, Ta Mok et les autres responsables khmers rouges sont à 3 km à l’intérieur de la Thaïlande, et on précise qu’ils ont passé la frontière à Ban Sangum. La Thaïlande dément.
Le 15 avril, Khem Nuon, commandant khmer rouge, téléphone à Téa Banh, ministre cambodgien de la Défense, pour négocier l’arrestation de Pol Pot et sa propre désertion avec les autres responsables khmers rouges, mais le gouvernement n’accepte pas les conditions proposées, c’est-à-dire la dissolution du gouvernement de Phnom Penh et que Hun Sen soit déféré devant le même tribunal que Pol Pot.
Le 17 avril, les militaires thaïlandais annoncent que Pol Pot est mort d’une crise cardiaque, le 15 avril, à 22 heures 15, dans une maison située à 300 mètres de la frontière thaïlandaise. La radio khmère rouge n’annonce la mort que le 16 au soir. Sa dépouille mortelle est placée dans un cercueil de bois sur des pneus, et incinérée avec le matelas, la chaise et les objets préférés de l’ex-dictateur, le 18 avril. « Il est maintenant seul, sans pouvoir, sans amis, sans partidéclarait Non Nou, son geolier, pour justifier l’absence de tout cérémonial.
En dépit des doutes des autorités de Phnom Penh, tous les observateurs étrangers sont certains qu’il s’agit bien de la dépouille mortelle de Pol Pot, de son vrai nom, Saloth Sâr. Par contre plusieurs doutent de sa mort « naturelleCertains pensent qu’il aurait été empoisonné, ou même qu’il se serait suicidé pour ne pas avoir à faire face à un tribunal international.
* On savait que Pol Pot était malade, inquiet pour sa santé depuis des années. Il est donc possible qu’une marche ou une course pour échapper aux soldats de l’armée gouvernementale ait eu raison de ses forces. Il s’était fait couper les cheveux la veille de sa mort, ce qui indiquerait qu’il n’avait pas l’envie de se suicider.
* Nhiek Bun Chhay affirme que des déserteurs khmers rouges d’Anlong Veng lui auraient dit que Ta Mok voulait empoissonner Pol Pot. Le général atténuera par la suite ses affirmations. Selon un général Khmer rouge déserteur, Ta Mok n’avait aucun intérêt à faire disparaître Pol Pot : c’était une monnaie d’échange.
* Il semble pour le moins curieux que Pol Pot meure à 300 m de la frontière thaïlandaise, que ce soient des officiers qui examinent le corps, sans pratiquer de véritable autopsie, qui président aux funérailles, etc… Cela confirme l’implication indiscutable des militaires thaïlandais, dans la crise cambodgienne depuis plus de vingt ans. La nervosité du premier ministre thaïlandais, Chuan Leepkaï, demandant aux députés de tourner la page sur ce sujet, contraste avec les déclarations de son ministre des Affaires étrangères, désirant faire toute la lumière sur cette mort. Elle traduit un malaise certain des autorités thaïlandaises. « Il est fort possible que Pol Pot soit mort en Thaïlande et incinéré en Thaïlande », dit un observateur averti.
* La mort de Pol Pot coïncide avec la débacle des Khmers rouges et l’ordre de Bill Clinton d’arrêter les responsables khmers rouges vivants pour les traduire devant un hypothétique tribunal international. Sa mort arrange beaucoup de monde : les Etats-Unis en premier lieu, qui, rappelons-le, sont « les plus grands violateurs des droits de l’homme au Cambodge » (opinion de Jimmy Carter, le 18 avril 1978, à Oslo, stigmatisant les Khmers rouges) : les Etats-Unis ont entrainé le Cambodge dans la guerre en 1970, rasé le Cambodge sous les bombes, spécialement en 1973, ressuscité les Khmers rouges en 1979 contre l’hégémonisme soviétique représentée par le Vietnam ; la Thaïlande qui, depuis toujours, a trafiqué et trafique encore, avec toutes les partis cambodgiens; la Chine qui a soutenu les révolutionnaires, d’abord pour des raisons idéologiques jusqu’à la mort de Mao Tsé Tong, en 1976, puis stratégiques jusqu’en 1991 ; la Communauté Européenne qui a forcé les divers groupes de résistants à s’unir, à Kuala Lumpur, en juillet 1982, etc.
Après la mort de Pol Pot, Bangkok propose son aide aux Etats-Unis pour arrêter les dirigeants khmers rouges, mais demande aux Etats-Unis de lui fournir la liste de leurs principaux suspects. Ieng Sary, ancien ministre khmer rouge des Affaires étrangères, assure sa tranquille confiance de ne pas être inquiété devant un tribunal international, si ce tribunal est instauré avec la permission de Phnom Penh, et si ce tribunal sert l’intérêt national, c’est-à-dire, pour lui, la récondciliation.
Le 18 avril, après de nombreux communiqués contradictoires, l’Etat-major de Phnom Penh affirme que les FARC auraient pris le contrôle des « 200 collines331 combattantts khmers rouges auraient déserté dans les provinces de Stung Treng, Ratakiri, Mondolkirie. Téa Banh, ministre cambodgien de la Défense, est à Bangkok pour négocier avec les représentants khmers rouges et ceux de la résistance. Le 20 avril, on annonce que les négociations ont échoué. Certains pensent que Khieu Samphan voulaient se rallier au gouvernement, et Ta Mok continuer le combat.
Le même jour, la résistance royaliste affirme sue 1 500 à 1 600 combattants khmers rouges ont abandonné Ta Mok pour se placer sous les ordres de Nhiek Bun Chhay : « Nous avons un ennemi commun, Hun Sendisent-ils. Ce n’est pas Nhiek Bun Chhay qui a rejoint Ta Mok et Khieu Samphan, comme l’a diffusé une chaîne de télévision thaïlandaise, mais les combattants khmers rouges qui l’ont rejoint. Cela lui donne incontestablement des points pour négocier un cessez-le-feu, après l’échec des négociations. Nhiek Bun Chhay demandait l’amnistie avant de réintégrer ses troupes dans les FARC. Le 22 avril, Nhiek Bun Chhay menace de créer un gouvernement et une armée si la résistance décide de boycotter les élections. Il affirme que Ranariddh ne lui a pas demandé de démanteler ses troupes, mais qu’il déposerait les armes si ce dernier le lui demandait. Ranariddh qui a toujours clamé n’avoir aucun lien avec les Khmers rouges d’Anlong Veng, (alors qu’il est évident que les royalistes se sont maintenus dans la base d’O Smach grâce à l’appui des combattants khmers rouges), renouvelle ses proclamtions d’innocence, le 22 avril.
Une page semble désormais tournée, mais les FARC n’ont pas encore gagné la partie, à cause de leur inefficacité sur le terrain, et du peu de confiance que l’on peut accorder aux déserteurs, qui restent khmers rouges.
Le retour de Ranariddh
Après plusieurs fausses annonces, après l’envoi d’émissaires, Ranariddh rentre au Cambodge, le 30 mars. Hun Sen avait bien fait savoir qu’il n’y aurait aucun cérémonial particulier, ce n’est qu’un chef de parti qui revient. Alors qu’il n’a pas encore mis pied sur le sol cambodgien, 2 000 marcheurs, payés par le PPC, manifestent contre ce retour. A son arrivée à Pochentong, accompagné de Stephan Solartz, sénateur américain, et de Lakhan Mehrotra, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Cambodge, il est ovationné par quelques centaines de partisans, d’autres sont repoussés violemment par un service d’ordre musclé. Des manifestants anti-Rannariddh, payés par le PPC, qui visiblement ne savent pas ce qui est écrit sur leurs banderolles, acclament aussi le prince. Près de 5 000 partisans l’attendent à l’extérieur de l’aéroport, plus de 1 000 policiers assurent la sécurité. Les radios et télévisions nationales ne parlent pas de ce retour. La presse écrite, par contre, proche du PPC, fustige « le prince des voleurs qui rentre dans la honte
Le prince fait des déclarations apaisantes, il se dit prêt à rencontrer Hun Sen, « incontournableet « ne pas lui parler du passé, mais du futurIl loge au Royal, l’hôtel le plus cher et le plus luxueux de Phnom Penh. Dès le 1er avril, des manifestans à qui le PPC a promis de l’argent, brandissent des pancartes pour demander le remboursement des « pots cassés » des 5-6 juillet, et crient des slogans anti-Ranariddh devant l’hôtel. Des chauffeurs de motos les prennent à partie, brûlent les pancartes. D’autres manifestants armés de barre de fer, payés par le PPC, reviennent à la charge et se heurtent violemment à une centaine de suppoters de Ranariddh. La police n’arrive qu’une heure après, aucune arrestation n’a lieu. Le lendemain, un agent du Centre des Nations Unies pour les droits de l’Homme est frappé par des policiers, alors qu’il observe le squatt du « Building » où sont recrutés les manifestants anti-Ranariddh. Certains manifestants potentiels portent des AK 47. Le Centre élève une protestation : « Ce n’est qu’un incident de plus dans la longue liste de violation des droits de l’homme par le personnel de sécurité
Après un séjour d’une semaine au Cambodge, où il réunit les membres du Funcinpec, rencontre les ambassadeurs, Ranariddh regagne Bangkok. Il reviendra le 22 avril pour rendre visite à son père, rentré de Pékin le 17 avril et qui réside à Siemréap. Ranariddh déclare après un entretien de 90 minutes, qu’il ne retournera au Cambodge pour faire campagne que lorsque les membres de son parti jouiront d’assez d’indépendance et de sécurité. Il réaffirme n’avoir aucun lien avec les Khmers rouges d’Anlong Veng.
2 – PREPARATION DES ELECTIONS
* Le 3 mars, le Parti de la Nation Khmère (PNK), de Sam Rainsy, qui n’a pu être enregistré sous ce nom puisque Kong Mony, ancien membre du PNK, revendique la présidence du parti, change son nom en « Parti de Sam Rainsyque personne ne pourra lui ravir. Le 9 mars, Son Sann l’imite en fondant le « Parti de Son Sann
* 700 membres du PPC, dont 153 membres du Comité central, tiennent leur 24ème Plenum du Comité central du 3 au 6 mars. Dans une déclaration finale de 11 points, le Congrès se félicite de l’amélioration de la sécurité dans le pays, déclare soutenir les quatre points du plan japonais, se félicite du progrès de la démocratisation (il y a plus de 40 partis, 460 ONG, 41 journaux privés), accepte de prolonger le mandat du Centre de l’ONU pour les droits de l’homme pour deux ans supplémentaires, s’engage à respecter les résultats du futur scrutin, enjoint à l’administration et à l’armée de respecter la neutralité dans le processus électoral. Heng Samrin rejette tout report des élections et demande avec insistance l’octroi rapide des aides promises par les pays donateurs.
* Le 10 mars, 26 députés de l’opposition, dont Ranariddh, signent une pétition demandant la création d’urgence du Conseil constitutionnel (CC). Ce Conseil doit comprendre 9 membres, dont 3 nommés par le roi (Son Sann, Chausen Cocsal Chhum et Pung Peng Chheng), 3 par le Conseil Suprême de la Magistrature (CSM), non encore instauré, et 3 par l’Assemblée Nationale. Ce CC est d’importance primordiale pour la préparation des élections: il est le garant du respect de la constitution, est chargé de l’inteprêter, d’examiner et de se prononcer sur la régularité des élections législatives. Les membres du PPC voudraient que les membres du CC aient plus de 45 ans, et 15 ans d’expérience, et soient élus à la majorité absolue. Les membres du Funcinpec refusent les conditions d’âge et exigent la majorité des deux tiers pour leur élection. Le 19 mars, la loi sur le CC est votée par 75 voix sur 86. Le Conseil sera compétent pour trancher une affaire interne à un parti politique, il pourra être saisi par n’importe quel citoyen, après avoir reçu l’accord de douze membres de l’Assemblée nationale. Ses membres seront renouvelables par tiers, tous les trois ans, et ne sont pas protégés par l’immunité parlementaire.
* Plusieurs ONG locales demandent le changement des présidents de 6 commissions électorales provinciales qui sont dirigées par des membres du PPC.
* Le 19 avril, le PPC nomme officiellement Hun Sen candidat au poste de premier ministre en cas de victoire du PPC aux élections. Plusieurs mutations ou limeogeages sont annoncés le même jour. Une rumeur fait état de dissensions sérieuses entre Chéa Sim, président du PPC, et Hun Sen. Celui-ci aurait déployé la troupe autour de Phnom Penh durant les fêtes du Nouvel an (14 avril), ce qui expliquerait le caractère morose de la fête traditionnellement joyeuse.
* Le 21 avril, l’Assemblée nationale repousse un amendement à la loi électorale demandant que le dépouillement des votes ait lieu au niveau de l’arrondissement et non au niveau de la commune. Cet amendement proposé par 14 députés du Funcinpec n’a recueilli que 35 voix. Il visait à assurer la sécurité des électeurs : si un village vote contre Hun Sen, la répression risque d’être violente.
Engagement de la Communauté internationale
Hun Sen cherche désespérément à ce que les élections soient reconnues et financées par la communauté internationale: ce serait une reconnaissance de son pouvoir et l’assurance de bénéficier de financements ultérieurs. Parmi les pays engagés dans le processus électoral, on constate une différence d’approche: la Chine et l’Union européenne estiment que les problèmes cambodgiens sont avant tout internes au pays. Par contre, les Etats-Unis, les pays de l’Asean voudraient à nouveau « internationaliser » le problème cambodgien.
Le 10 mars, Francesc Vendrell, directeur de la division Asie-Pacifique du département politique de l’ONU, se rend au Cambodge pour examiner la possibilité d’envoyer des observateurs de l’ONU aux prochaines élections. Après plusieurs rencontres avec les dirigeants cambodgiens, il estime que les « conditions minimales pour une participation internationale sont réunieset que des progrès ont été accomplis dans la préparation d’élections « libres et équitables ». Le 18 mars, soit le lendemain du « procès » de Ranariddh, les « Amis du Cambodge » se réunissent pour la seconde fois à Manille et se déclarent plutôt optimistes devant l’évolution de la préparation des élections. Selon le ministre philippin des Affaires étrangères, cependant, les élections cambodgiennes pouraient être reportées, pour des « raisons techniquesce qui provoque l’irritation de Phnom Penh. Selon le ministre, les élections pourraient se dérouler sans la présence de Ranariddh. Les « Amis du Cambodge » demandent toutefois à Phnom Penh de mettre fin aux violations des droits de l’homme et au climat d’intimidation politique qui prévaut dans le pays. Les pays de la troïka de l’Asean (Philippines, Thaïlande, Indonésie), demandent à l’ONU, dans une déclaration séparée, d’assurer la protection de Ranariddh lors de son retour au Cambodge.
* Au début du mois de mars, le gouvernement japonais accorde un don de 3 millions de dollars pour la préparation des élections. Le gouvernement cambodgien utilisera cette somme pour la fabrication de 13 000 urnes et leur transport.
* Le 11 mars, le ministère des Finances cambodgien annonce que la facture des élections pourrait s’élever à 28 millions de dollars, au lieu des 25 prévus. Le gouvernment ne peut contribuer qu’à hauteur de 5 millions.
* En février, la commision européenne avait débloqué un crédit de 10,5 millions de dollars pour la préparation des élections du 26 juillet. Le 12 mars, le parlement européen demande aux pays donateurs de suspendre l’accord de coopération entre l’Union Europ_enne et Phnom Penh, tant que « élections libres et équitables » n’auront pas eu lieu.
* Le 7 avril, le Canada promet une aide de 5 millions de dollars destinée à la formation des observateurs.
* Après la dernière réunion des « Amis du Cambodge » à Bangkok, le 19 avril, le Japon ajoute une enveloppe de 250 000 dollars aux trois millions promis, l’Australie ajoute 570 000 dollars aux 440 000 donnés l’an dernier, la Communauté Européenne porte sa participation de 11,5 à 12,6 millions de dollars. Si le représentant de la Communauté se déclare confiant sur la tenue d’élections « libres et équitablesil reconnaît qu’elles ne le seront pas à 100 %. Le groupe des « Amis du Cambodge » financera ainsi les élections à 60 %.
Le 17 mars, Sar Kheng, ministre de l’Intérieur, déclare que la guerre civile est à redouter si la communauté internationale n’accorde pas le soutien financier promis pour la tenue des élections. Or, le même jour, on apprend que, le 7 mars, les deux premiers premiers ministres ont signé, dans le plus grand secret, un contrat avec deux sociétés privées, argentine et israélienne, « Ciccone Calcographica » et « Malam System », pour organiser les élections au cas où les pays donateurs refuseraient d’accorder leur aide financière. Même Sâr Kheng, ministre de l’Intérieur, pourtant chargé de la préparation des élections, n’est pas au courant. Beaucoup de pays donateurs voient dans la signature de ce contrat un défi ou un chantage et craignent que Phnom Penh ne se détourne du plan japonais pour choisir l’isolement. Le 24 mars, plusieurs députés de l’opposition demandent le remplacement de Chheng Phon à la tête de la Commission nationale des élections, pour avoir accepté qu’une société privée gère la tenue des élections. Le 21 avril, le porte-parole du gouvernement annonce que le gouvernement a annulé le dit contrat depuis deux semaines, mais sans être en mesure de dire s’il a versé ou non la première tranche 12,9 millions de dollars prévus à la signature du contrat.
Dans une lettre envoyée à Ranariddh, le 2 avril, Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies, écrit que l’ONU accepte de coordonner, sous réserve de strictes conditions, la supervision du processus électoral par des observateurs internationaux. « Les Nations Unies gardent une certain nombre de sujets d’inquiétude, qui, s’ils ne sont résolus, peuvent entraver la perspective d’élections libres et équitables et en miner la crédibilitédit-il, et il fait la liste de ces sujets d’inquiétude : absence de poursuite contre les auteurs de violations de droits de l’homme, climat d’impunité, absence d’un cessez-le-feu, présence de 60 000 réfugiés en Thaïlande, absence d’accès équitable aux médias. L’ONU menace de retirer ses observateurs si des entraves sont mises à leur action.
Sihanouk et Ranariddh approuvent le plan de l’ONU. Les « Amis du Cambodgeréunis le 19 avril, et François Dopffer, directeur du département Asie-Océanie au quai d’Orsay, après un entretien avec le roi Sihanouk à Siemréap, se déclarent optimistes sur la tenue d’élections libres au Cambodge. Seuls les Etats-Unis continuent de déplorer « l’atmosphère d’intimidation » qui règne dans le pays.
L’Asean s’engage à envoyer 75 observateurs, mais les frais engagés pour chaque observateur s’élèvent à 14 000 dollars. Si les observateurs vont au Cambodge sous la responsabilité de l’ONU, c’est à chaque pays de couvrir les frais de ses envoyés. 350 observateurs seront envoyés (en 1993 il y en avait 1 500). Selon les diplomates de l’Asean, c’est le seul moyen d’assurer la tenue d’élections libres. Mais comment surveiller les 13 000 bureaux de vote ?
3 – LES DROITS DE L’HOMME
Plus de 12 militaires ou policiers membres du Funcinpec ont été assassinés durant les six derniers mois.
* Le 28 février, le colonel Mom Sameth, officier du ministère de la Défense, membre du Funcinpec, est assassiné à Khien Svay, près de Phnom Penh. Les autorités affirment que le vol en est le motif.
* Le 4 mars, le général Kim Sang, secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur et chef de la police navale du Cambodge (Funcinpec), est assasiné par deux tireurs portant l’uniforme de la police.
* Le 29 mars, Chéa Vutha, lieutenant colonel (Funcinpec), est abattu près de chez lui, à Kien Svay.
* Trois membres du PCK (Parti des citoyens khmers) auraient été assassinés dans la province de Siemréap.
Malgré toutes les promesses ou engagements pour rechercher les meurtriers, aucune enquête n’est entreprise, pas plus que pour trouver les lanceurs de grenades du 30 mars (que certains connaissent pourtant). Le 15 mars, trois députés allemands, dont l’un appartient à un grand syndicat, et plusieurs députés japonais, accompagnés d’ouvrières cambodgiennes du textile, se recueillent sur les lieux de l’attentat qui avait fait près de 20 morts et plus d’une centaine de blessés.
Dans une lettre datée du 6 mars, le courageux Sam Rainy, avocat de deux veuves d’officiers exécutés sommairement le 7 juillet 1997, demande au procureur de la cour provinciale de Kandal l’ouverture d’une enquête. Même si l’avocat ne se fait aucune illusion sur la suite donnée à sa demande, il se réjouit qu’au moins un procureur ait le courage d’accepter sa requête. D’autres magistrats, impliqués dans des affaires où des membres du gouvernment étaient compromis, ont tout simplement été suspendus. Le 16 mars, la veille du procès dans lequel son client -assassiné – est sommé de comparaître, Sam Rainsy intente un procès contre Hun Sen, au nom de la veuve du général Chauv Sambath. Il demande plus de 1,2 millions de dollars d’indemnités pour les 620 familles dont les maisons ou les biens ont été détruits durant les événements des 5-6 juillet 1997. Les victimes n’ont toujours rien touché, en dépit des promesses gouvernementales.
* Le 6 Avril, Thomas Hammerberg, représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le respect des droits de l’homme au Cambodge, déclare devant la commission des droits de l’homme réunie à Genève, que « l’impunité est le plus sérieux problème des droits de l’homme au Cambodge aujourd’huiSelon lui, les assassinats politiques et les disparitions continuent, spécialement dans les rangs des partisans de Ranariddh : on en compterait plus de 90 depuis le mois de juillet 1997. Les autorités cambodgiennes ont toutefois autorisé le fonctionnment du Centre de l’ONU pour le respect des droits de l’homme à Phnom Penh pour deux années supplémentaires.
* Le rapport Hammarberg provoque une réaction irritée de Phnom Penh qui y voit une « campagne de discréditune « campagne ochestrée contre le gouvernementLe 19 avril, trente à cinquante hommes armés attaquent un village de pêcheurs à Chnok Trou, au sud du Tonlé Sap. On déplore la mort de 22 personnes, dont 13 Vietnamiens, 20 maisons brûlées, dont 12 maisons vietnamiennes. Immédiatement, le gouvernement accuse la division khmère rouge qui est basée de l’autre côté du fleuve. La radio khmère rouge du 21 avril revendique les faits, sans doute pour redorer son blason, après ses défaites dans le nord. Il semble plutôt que ce soit le fait de gens du secteur, dont certains étaient masqués, qui connaissaient les gens riches à dévaliser. On ne peut pas y voir uniquement un crime raciste, car parmi les victimes, on compte des Chams et des Khmers. Mais dans le climat d’impunité qui règne au Cambodge, s’attaquer à des Vietnamiens accorde une impunité supplémentaire.
4 – MOUVEMENTS SOCIAUX
* Le 1er mars, 50 des 700 ouvriers de l’usine de confection « Gold Kamvimex » lancent des pierres contre les bâtiments de l’entreprise, dont les gardes se promenaient la veille, avec des grenades, et ont tiré des coups de feu pour effrayer les travailleurs.
* Le 11 mars, environ 200 d’ouvriers de l’usine taïwanaise « Kin Tai Garment Factory » se mettent en grève pour demander une augmentation de salaire, et la reprise d’ouvriers licenciés.
* Le 13 mars, Sam Rainsy, avocat du SIORC, intente trois actions en justice contre l’usine taïwanaise « Sin Lan Ho » pour violations du code du travail cambodgien.
* Le même jour, les 2 300 ouviers de l’usine « Panas Cambodia Garments » se mettent en grève pour demander que leur salaire (40 dollars par mois) leur soit payé à temps. Après huit jours de grève, ils obtiennent 18 jours de congés payés, prévus par le code du travail, ou un bonus annuel de 27 dollars après un an de travail. C’est la seule entreprise qui accorde de tels droits.
* Le 17 mars, une quarantaine de policiers anti-émeute, armés de matraques électriques, forcent sans ménagement les ouvriers en grève de l’usine « Focus Foodwear » à rentrer dans l’enceinte de l’usine. Les ouvriers ne demandent que l’application du code du travail.
* Le même jour, 200 ouvriers de l’usine « Wing Hua Garment » manifestent: la direction n’aurait plus d’argent pour payer leur salaire.
* Sam Rainsy appelle à une manifestation générale le 10 avril, pour obtenir les congés payés, prévus par le code du travail, une augmentation de salaire à 70 dollars mensuels. Il est reçu avec une délégation de manifestants à l’ambassade américaine.
6 – DIVERS
Recensement
* Un recensement de la population cambodgienne a été effectué, apparemment avec succès, du 3 au 12 mars. Vingt-cinq mille recenseurs ont amassé près de deux millions de questionnaires qu’il faudra analyser. Les premières indications seront fournies à la fin du mois de juin. Les données définitives ne seront connues qu’au courant de l’année 1999. C’est le premier recensement depuis 1962.
Angkor
* Le pillage des temples de la région d’Angkor continue : Le 8 février, 8 statues de Bouddha sont dérobées dans une pagode proche de Siemréap. Le 18 février, une charette transportant 7 pièces archéologiques est interceptée dans la ville frontière de Poipet. On signale des vols de sculptures dans la célèbre rivière du Phnom Kulen. Le 9 avril, la police saisit deux camions de statues (15 tonnes), provenant du temple Banon, à 20 km de Préah Vihéar.
* 500 hectares proches d’Angkor sont déboisés abusivement.
Phénomènes de société
* En 1997, on a recencé 55 bandes totalisant près de 300 membres, composées de lycéens ou étudiants, quelques policiers et militaires qui écument la ville de Phnom Penh. En 1998, on en recense déjà 76, embrigadant 445 membres, dont 139 scolaires. Les agressions sont moins nombreuses, mais plus graves.
* L’industrie du tabac a dépensé 600 000 dollars en publicité écrite, et 3,3 millions de dollars en publicité à la télévision.
Religion
* Une marche d’un millier de personnes, organisée sous la direction de Moha Gossananda, part de Kompong Cham le 21 mars pour se rendre dans l’Est du pays. Les marcheurs constatent de visu la déforestation galopante des régions visitées et l’invasion rampante de Vietnamiens qui sont établis parfois à 10 km à l’intérieur du Cambodge.
* Vat Phnom, centre spirituel de Phnom Penh est rénové, moyennant 400 000 dollars, donnés pour moitié par la ville de Phnom Penh et le roi Sihanouk d’une part, et pour l’autre moitié par la France, par l’intermédiaire de l’association internationale des maires francophones.