Eglises d'Asie – Chine
L’avortement forcé est une réalité en Chine, disent des femmes témoignant devant le Congrès américain
Publié le 18/03/2010
Ces femmes ont témoigné devant le sous-comité de la Chambre des représentants, fournissant ainsi une bonne occasion aux dirigeants du Parti républicain d’embarrasser Pékin avant la visite du président Clinton. Après l’audition des deux femmes, le porte-parole de Bill Clinton, Michael McCurry, a affirmé que cette question restait toujours pendante et que “sans aucun doute, elle serait évoquée au cours du prochain voyage présidentiel à PékinIl a noté que la Chine affirmait qu’avortement et stérilisation forcés étaient illégaux mais que ces témoignages montraient “une surveillance insuffisante des autorités locales lesquelles étaient soumises quelquefois à de très fortes pressions pour que soient atteints les objectifs du planning familialIl a ajouté : “Cela explique les abus évidents dans le domaine des avortements et des stérilisations forcés, pratiques que nous considérons comme horribles
Ces femmes étaient accompagnées par le dissident Harry Wu qui renforça ces témoignages émouvants en présentant un document officiel chinois prescrivant “des mesures effectives” pour s’opposer “aux grossesses et aux naissances hors plan
Gao Xiaoduan, 37 ans, raconta clairement et en détails, les fonctions qu’elle a assumées de 1984 à 1998 en tant qu’administratrice du Bureau de planification des naissances de la ville de Yonghe dans la province du Fujian. Elle perdit pied, raconte-t-elle, quand elle commença à réaliser les conséquences de sa conduite. “Le remords me rongeait le coeur. Pendant 14 ans, je me suis conduite quotidiennement comme un monstre“, a-t-elle raconté par le truchement d’un interprète. “Je ne pouvais plus supporter davantage cette double vie
De son côté, Zhou Shiuyon, 24 ans, a dit avoir été conduite de force à l’hôpital pour y subir un avortement parce qu’elle était enceinte à 19 ans alors qu’on n’y est autorisé qu’à partir de 20 ans. “Ils m’enfermèrent plusieurs heures dans une petite chambre de l’hôpital. Ils me donnèrent une pilule et revinrent trente minutes plus tard me faire une injectiona-t-elle raconté de façon hésitante. Mais son petit ami a soudoyé une infirmière pour qu’elle laisse Zhou s’enfuir par la fenêtre. Elle est parvenue finalement aux Etats-Unis où elle a fait une fausse couche dans un hôpital californien. Parce qu’elle est entrée illégalement aux Etats-Unis, Mlle Zhou risque toujours une expulsion vers la Chine. Le porte-parole républicain, Chris Smith, président du sous-comité pour la défense des droits de l’homme et ardent opposant à tout avortement, volontaire ou forcé, affirme que ceux qui mettent en doute ces témoignages d’avortements forcés en Chine “sont comme ceux qui disent que l’holocauste n’a jamais existé en Allemagne nazie
Le témoignage de Mme Gao a été paradoxal parce que, bien que chargée de faire respecter la loi du planning familial chinois, elle et son mari se mirent eux-mêmes en contravention en adoptant un second enfant : “C’était contraire à la politique de l’enfant unique. Nous n’avions pas d’autre choix que celui de le faire garder chez quelqu’un d’autre. Par crainte des indiscrétions toujours possibles, jamais il ne m’a appelée maman devant des étrangers
Elle raconta aussi comment un réseau d’informateurs salariés l’aidait à localiser les contrevenants et décrivit les raids “des équipes de surveillance de la planification des naissancesQuand on a découvert, par exemple, que deux femmes avaient eu un deuxième enfant, “j’ai pris la tête d’une équipe de contrôle des naissance composée d’une douzaine de cadres et d’agents de la sécurité publique. Des masses et des barres de fer à la main, nous sommes allés à Zhoukeng et nous avons démantelé leurs maisons. Comme nous n’avions pu appréhender les femmes, nous avons pris leurs mères et les avons enferméesPlus tard, ajoute-t-elle, les femmes se sont rendues et elles ont été forcées de subir la stérilisation accompagnée d’une amende. Pour appuyer son témoignage, Gao avait filmé en video son installation, montrant par exemple la cellule où les femmes ou les membres de leurs familles étaient détenus.