Eglises d'Asie

Le gouvernement a créé un organisme interreligeux destiné à régler les plaintes des minorités et à propager la tolérance

Publié le 18/03/2010




Le 25 mai 1998, le ministre fédéral des religions et des affaires des minorités, Raja Zafarul, a annoncé la création d’une Commission pour le dialogue entre les religions. Composée de représentants de l’islam et des autres communautés religieuses du pays, elle sera chargée de recueillir et d’examiner les réclamations émanant des minorités et de renforcer l’esprit de tolérance entre les diverses communautés. Vingt personnalités religieuses y siégeront, dix pour les musulmans, quatre pour les chrétiens, deux pour les hindous, deux pour les sikhs et deux pour les membres des autres groupes minoritaires. La commission sera présidée par le ministre lui-même.

L’annonce de la création de ce nouvel organisme a eu lieu cinq jours après la rencontre du ministre avec une délégation mixte composée de chrétiens et de musulmans (5). Les représentants des milieux religieux avaient fait part au responsable gouvernemental de leurs soucis au sujet de la loi contre le blasphème. Ils l’avaient informé que celle-ci avait, jusqu’ici, été fort mal appliquée et avait surtout servi de prétexte à de fausses accusations. Ils avaient fait remarquer que les articles 295-B et 295-C du Code pénal pakistanais concernant respectivement les paroles qui offensent le Coran et celles qui outragent le prophète Mahomet, ces dernières entraînant obligatoirement la peine de mort, avaient provoqué des effets pervers, spécialement au sein des minorités.

Ces dispositions du code pénal n’ont jusqu’ici produit aucun résultat positif alors que se sont multipliées les agressions contre les minorités et que nombreux ont été les procès intentés devant les tribunaux sur des plaintes fausses et abusives. La délégation avait demandé qu’une protection spéciale soit accordée aux accusés innocents et a surtout insisté pour que soient abrogées les dispositions de la loi sur le blasphème.

Le ministre des religions avait alors assuré les dirigeants religieux que les plaintes injustifiées ne seraient pas enregistrées et que quiconque ferait un mauvais usage des articles du code pénal serait sévèrement puni. Selon le code, a-t-il ajouté, tout témoignage destiné à faire accuser injustement une personne est passible de peines allant jusqu’à la prison à vie, ou même la mort, si la personne accusée à tort avait déjà été exécutée.

Le 25 mai, en annonçant la création du nouvel organisme interreligieux, le ministre a également fait allusion aux mariages forcés avec des musulmans de jeunes chrétiennes, préalablement kidnappées et obligées de se convertir à l’islam, affirmant qu’il s’agissait là de pratiques répréhensibles méritant un châtiment.

D’autres éléments positifs pour les chrétiens ont été relevés en d’autres régions du pays. Egalement le 25 mai, un journal de langue anglaise rapportait que le chef de la police du Punjab a demandé à ses officiers supérieurs de lui soumettre les détails de toutes les plaintes enregistrées relatives à l’article 295-C. Il a aussi recommandé à la police de n’enregistrer ce type de plaintes qu’après un minutieux examen. Ailleurs, à Sialkot, l’Eglise du Pakistan et le Conseil pour le bien-être social et les droits de l’homme ont observé ensemble un jour de solidarité. L’évêque de l’Eglise du Pakistan, Mgr Samuel Pervaiz et le président du Conseil ont ensemble demandé au gouvernement de prendre les mesures légales et constitutionnelles nécessaires pour délivrer les chrétiens de la crainte que fait naître chez eux la loi sur le blasphème.