Eglises d'Asie – Chine
Gansu : une trentaine de dirigeants catholiques clandestins ont été « invités » à une session de rééducation au cours de la visite du président Clinton
Publié le 18/03/2010
La session était organisée conjointement par le bureau provincial des Affaires religieuses et le département du Front uni, dans les locaux de l’académie socialiste du Gansu. C’est la deuxième fois en quelques mois qu’une telle session est organisée dans la province. En avril dernier, elle avait eu lieu à Tianshui, et selon des sources locales, le contenu en était très similaire.
Selon un rapport que tous les participants ont dû signer à la fin de la session, les « invités » ont « appris » que la foi religieuse « ne devait pas être liée au pape, politiquement ou économiquementToutes les relations avec l’extérieur « doivent suivre les réglements et les lois de l’EtatChacun doit « accepter la gestion des affaires religieuses par le gouvernementEnfin, toujours selon le même rapport, « l’Association patriotique des catholiques chinois ne doit pas être critiquée et diffamée » et « les prêtres (qui n’appartiennent pas à l’association) doivent approfondir une compréhension mutuelle et renforcer la solidarité avec ceux qui appartiennent à l’Association patriotique
Le rapport note encore que les participants de la session ont approfondi leur connaissance de la politique religieuse du gouvernement et ont accepté « de maintenir le rôle dirigeant du Parti communiste chinois, de suivre la voie du socialisme, d’aimer le pays et la religionL’autonomie de l’Eglise, ajoute encore le rapport, est la direction correcte pour la Chine et « la question de la foi doit être distinguée des autres questions, en particulier des questions politiques et de celles qui concernent les liens économiques avec le Vatican
Les participants auraient promis de prendre en compte le fait que les affaires catholiques ne doivent pas interférer avec l’administration gouvernementale, les affaires sociales ou judiciaires, que les activités religieuses doivent être conduites dans le respect de la loi, de l’intérêt du peuple, de la solidarité ethnique et de l’unité nationale.
Selon un observateur généralement bien informé, l’Association patriotique provinciale des catholiques chinois doit organiser des élections internes en octobre 1998, et le gouvernement profite chaque fois de cette échéance pour mettre la pression sur le clergé « clandestin » et essayer de le convaincre de rejoindre les rangs de l’Association patriotique reconnue par le Parti communiste. Le même observateur ajoute : « Les dirigeants de l’Eglise catholique « clandestine » affirment qu’ils sont prêts au dialogue, mais ils estiment que c’est inutile parce que les fonctionnaires du gouvernement ne sont pas sincères quand ils se disent prêts à discuter
Dans les documents utilisés pour la session, il y avait le document 19/82 intitulé « Point de vue fondamental sur la question religieuse pendant la période socialiste de notre pays« , publié en 1982, et le document n°6 sur « Certains problèmes concernant le travail sur la religionpublié en 1989 et qui concerne davantage les catholiques (1). D’autres documents ont aussi été utilisés, comme des discours du président Jiang Zemin et ceux de Mgr Michel Fu Tieshan, évêque « officiel » de Pékin, qui est aussi président de l’Association patriotique des catholiques chinois.
La province du Gansu a trois diocèses, Lanzhou, Pingliang et Tianshui. Lanzhou est une des places fortes de l’Eglise catholique « clandestine » de la région.