Eglises d'Asie

Des paysans, délivrés du servage auquel ils étaient réduits, sont enlevés par leurs anciens maîtres puis, à nouveau, libérés par la police

Publié le 18/03/2010




Le 13 septembre, la police a retrouvé et libéré une centaine de paysans qui, trois jours plus tôt, avaient été enlevés par des hommes de main au service de gros propriétaires terriens. Ils ont été ramenés sur le lieu où ils vivaient avant leur enlèvement, dans un camp de la ville de Malti, à 220 km de Karachi, sur un terrain appartenant à une paroisse catholique. Le clergé les y avait accueillis après qu’ils s’étaient enfuis du domaine de leurs maîtres qui les tenaient dans un servage pratique, en remboursement d’une dette non acquittée.

C’est le 10 septembre que des hommes équipés d’armes automatiques s’étaient introduits dans le camp. Ils y avaient enlevé 107 personnes, hommes femmes et enfants, qu’ils ont poussés dans des camions et des jeeps. Au cours de l’attaque, une trentaine de personnes ont été blessées, y compris deux prêtres catholiques de la paroisse qui ont essayé de s’opposer à l’opération. Ils ont été frappés à coup de crosses de fusil, de tringles de fer et de cannes de bambou.

Selon des militants de la Commission des droits de l’homme du Pakistan, cette attaque destinée à récupérer de pauvres victimes à l’intérieur même du lieu de refuge qu’on leur avait accordé, s’est déroulée en présence des policiers, sans que ceux-ci réagissent. Cet enlèvement a cependant suscité une grande émotion dans la région. Une manifestation animée par l’Alliance des citoyens de Matli a été organisée dans les rues de la ville dès le lendemain. L’évêque de Hyderabad, dans sa déclaration, a qualifié l’opération montée par les propriétaires terriens d’« immorale et barbare« .

Ils sont environ 3 500 à vivre dans le camp de Matli après avoir été libérés, au cours des quatre dernières années, par des militants des droits de l’homme, des camps où ils étaient tenus en servage par de gros propriétaires. La plupart d’entre eux vivent grâce à une petite parcelle de terrain cultivable qui leur a été donnée par une organisation catholique de Matli. Mais il ne s’agit là que d’une aide provisoire. Les militants des droits de l’homme se plaignent que soient restées sans réponse les demandes de reclassement qu’ils ont fait parvenir au gouvernement pour ces paysans.

Des milliers de paysans pauvres sont réduits au travail forcé et à un état d’esclavage pratique dans les campagnes des provinces du Sindh et du Punjab, en dépit d’un décret d’interdiction de ce type de pratiques publié en 1992. C’est une manière de leur faire rembourser la dette contractée à l’égard des propriétaires. Les gouvernement successifs ont hésité à s’attaquer à ce mal, soit que les propriétaires appartiennent à des partis de la majorité, soit qu’ils jouissent d’une grande influence politique (6).