Eglises d'Asie

Promulgation d’une loi destinée à assurer la liberté religieuse après le retour de Macao à la Chine

Publié le 18/03/2010




Une nouvelle loi sur la religion a été promulguée à Macao le 3 août dernier. Elle a pris effet le 8 août suivant. Elle est destinée à garantir aux citoyens du territoire que la liberté religieuse dont ils jouissent aujourd’hui se perpétuera après le 19 décembre 1999, date de la rétrocession du territoire portugais à la Chine. Jusqu’à présent, cette liberté était garantie par la constitution portugaise. La législation de l’actuel gouvernement colonial étant destinée à être remplacée, les dispositions législatives en cette matière ont été introduites à l’intérieur de la législation locale, qui devrait rester valable après le 19 décembre 1999. L’initiative de cette loi est due à un membre de l’Assemblée législative, le catholique Ng Kuok-cheong. Elle avait été soumise au débat des membres du parlement depuis l’année dernière (5).

La loi en question contient les dispositions de la constitution portugaise concernant la religion ainsi que les diverses ordonnances réglementant les activités religieuses, introduites par le Portugal à Macao en 1976. Elle prévoit que personne ne peut être inquiété, persécuté, privé de ses responsabilités et obligations civiques en raison de ses croyances religieuses. Elle entend la liberté religieuse comme la possibilité pour les citoyens de croire ou de ne pas croire, de se convertir ou de renoncer à une religion, de pratiquer ou non une religion, d’exprimer leur foi collectivement ou individuellement, de prêcher dans la mesure ou la loi le permet, de participer au culte. Selon cette nouvelle loi, les adeptes des religions peuvent maintenir et développer leurs relations avec les adeptes de ces mêmes religions à l’étranger. De plus, les rapports entre les religions et l’Etat sont régies par le principe de la séparation et de la neutralité.

Selon son initiateur, Ng Kuok-cheong, une telle loi est susceptible de rassurer ceux qui s’inquiètent à l’idée que de brusques changements puissent mettre en péril les libertés religieuses, lorsque la loi portugaise aura cessé de s’appliquer. L’évêque catholique de Macao, Mgr Domingos Lam Ka-tseung, pense que, même si la loi fondamentale qui servira de constitution à Macao après la rétrocession garantit déjà la pratique religieuse, cette nouvelle loi est plus claire et entre dans tous les détails de l’exercice de la liberté religieuse. L’ordinaire de Macao a aussi ajouté que la nouvelle loi qui a été préparée avec le concours de différentes couches de la population a su garder l’équilibre entre diverses opinions religieuses.

Cependant certains représentants des autres religions se sont montrés réservés sur les nouvelles dispositions législatives. Selon le vicaire anglican de l’église St Mark, celles-ci pourraient s’avérer incapables de protéger les droits des minorités religieuses sur certains points. Des conflits pourraient par exemple survenir avec l’islam à propos de la liberté de conversion. Le responsable anglican ajoute aussi que, bien que la loi spécifie que toutes les religions sont égales, les mariages peuvent être enregistrés dans un bureau de l’état civil ou dans une église catholique mais pas dans une église anglicane ou dans les lieux de culte d’une autre religion.

Les réactions des bouddhistes à la nouvelle loi sont, elles aussi, plutôt négatives. C’est le cas, en particulier, de celle du vénérable Sik Kin-chiu, dirigeant de la Société bouddhiste de Macao, qui est l’un des trois représentants religieux de la Commission chargée par Pékin de mettre en place la future Région administrative spéciale de Macao. Il a regretté que le droit de créer des écoles soit accordé aux catholiques et refusé aux bouddhistes par l’actuel gouvernement. Il a aussi noté que la communauté bouddhiste manifeste une certaine indifférence à l’égard de la nouvelle réglementation. Selon le religieux bouddhiste, elle a été adoptée parce que certains groupes craignent que la réglementation religieuse appliquée dans l’avenir ne leur soit défavorable.