Eglises d'Asie

Vieillissement et raréfaction du clergé, deux défis lancés à la communauté catholique de Macao

Publié le 18/03/2010




Selon les responsables de l’Eglise de Macao, le plus grand défi que doit relever la communauté catholique dans un avenir proche n’est pas tellement le prochain retour de l’enclave portugaise à la souveraineté chinoise, qui aura lieu dans 16 mois, mais bien plutôt le vieillissement du clergé et l’absence de vocations. Beaucoup de prêtres interrogés dans le diocèse se désolent à la pensée qu’il n’y aura probablement pas de nouveaux prêtres au cours de la prochaine décennie. Malgré le rôle prestigieux joué autrefois par Macao dans l’évangélisation de toute l’Asie, les effectifs de l’Eglise y sont aujourd’hui à leur plus bas niveau. Le clergé du diocèse est composé d’un évêque, de 20 prêtres diocésains chinois et portugais, et de 32 religieux au service de quelque 20 000 catholiques. La plupart des prêtres ont aujourd’hui plus de cinquante ans ; il n’y a plus de séminaristes et la dernière ordination sacerdotale remonte à 1992.

Le séminaire a été fermé à la fin de l’année 1966 à cause de l’incertitude politique régnant alors sur le territoire à la suite des événements survenus le 3 décembre. Trois personnes avaient été tuées et 63 blessées au cours d’une émeute durant laquelle des chinois s’en étaient pris au gouvernement colonial portugais. Aujourd’hui, l’évêque du diocèse comme le recteur du séminaire espèrent bien ouvrir à nouveau un petit séminaire : C’est mon voeu le plus cher avant mon départ à la retraitea même déclaré l’évêque, aujourd’hui âgé de 70 ans. Il est prévu que l’établissement sera désormais ouvert à tous et dispensera une formation chrétienne à des élèves désirant ou non devenir prêtres.

Prêtres comme laïcs cherchent des raisons à la rareté actuelle des vocations dans la colonie portugaise. Pour le recteur du séminaire, l’absence de formation des catholiques en est une raison majeure. Les familles chrétiennes sont généralement le terreau des vocations sacerdotales. Il y a aujourd’hui de plus en plus de familles nucléaires et les parents sont trop occupés pour se soucier de la formation religieuse de leurs enfants. Raymond Ho Pu-chi, responsable du club Serra de Macao et de Hongkong, qui se préoccupe de la promotion des vocations sacerdotales et religieuses, pense lui aussi qu’il faut attribuer l’absence de vocations au refus des familles de consacrer un peu de leur temps à la vie spirituelle.

L’absence de prêtres et le vieillissement du clergé affectent particulièrement le développement paroissial en milieu chinois. En effet, à cause de leur ignorance de la langue cantonaise ou de leur peu de familiarité avec elle, le ministère de beaucoup de missionnaires étrangers et de prêtres diocésains portugais se cantonnent aux fidèles parlant portugais, qui ne représentent que 18 % de la population catholique.

Pour une population estimée à 425 100 personnes, on compte 20 000 catholiques et 3 700 protestants à Macao. Il n’existe pas de statistiques pour le bouddhisme et le taoïsme, les deux religions les plus importantes de la majorité chinoise.