Eglises d'Asie

Le pays a subi les inondations les plus longues et les plus catastrophiques de ces cinquante dernières années

Publié le 18/03/2010




A la mi-septembre, pour la première fois depuis le début des inondations, il y a deux mois, les eaux ont commencé à décroître et, le 27 septembre, le centre de surveillance des inondations a annoncé que les cours d’eau des quatre grands bassins du pays se trouvaient désormais à un niveau en-dessous de leur cote d’alerte. Il n’empêche cependant qu’à la fin septembre, onze districts, sur les 55 qui avaient été inondés, étaient encore sous les eaux et l’on estime pour le moment que 1 200 personnes sont mortes, victimes de ces inondations, les plus graves du siècle, qui ont recouvert les deux tiers du territoire du pays. Les ravages sont immenses et non encore dénombrés dans toute leur ampleur.

Dans une interview accordée à Asia Focus à la mi-août et publiée le 18 septembre, Jeffrey S. Pereira, actuel directeur de Caritas Bangladesh, avait déjà dressé un premier bilan des effets dévastateurs de sept semaines d’inondations. Le tableau qu’il avait dépeint était catastrophique. 44 des 64 districts du pays avaient déjà été touchés. Plus de la moitié du territoire était submergée – il faudra y ajouter un tiers du territoire une semaine plus tard – et quelque vingt millions de personnes avaient déjà eu à en souffrir. Les statistiques au moment de l’interview ne recensaient encore que 333 morts. Les dommages causés aux récoltes, aux habitations, aux infrastructures matérielles et à l’immobilier restaient encore à établir mais étaient déjà considérés comme immenses.

Vraisemblablement, les eaux ne se retireront tout à fait qu’au courant du mois d’octobre et il faut s’attendre à la perte de la récolte du riz “aman“, qui ne pourra être replanté. Actuellement le gouvernement essaie de faire face à la situation en s’appuyant principalement sur l’armée, sur les ressources locales et sur l’aide mise en place par diverses ONG. Quelques-unes d’entre elles se sont engagées dans des aides de première nécessité, comme la distribution d’alimentation, de vêtements, et médicaments de première urgence. Caritas Bangladesh, elle aussi, dans un premier temps, a essayé de soulager la souffrance et la misère des victimes de l’inondation. Elle a distribué du riz cuit et du sucre brut pour les personnes bloquées par les eaux, du riz cru et des légumes pour celles qui étaient capables de faire la cuisine. Des équipes médicales ont été lancées par l’organisation caritative, qui se sont jointes aux 5 000 équipes gouvernementales. Celles-ci ont à faire essentiellement à des malades souffrant de diarrhée (322 000 selon le ministère de la Santé). Au total, Caritas Bangladesh estime avoir fourni une première aide à 14 300 familles, grâce aux sommes fournies par les organismes “Caritas” du monde entier.

En fait, au plus fort de l’inondation, les secours immédiats sont restés inadéquats. Près de 20 millions de personnes étaient encore bloquées par les eaux au moment de l’interview. Dans les régions inondées, la population est allée chercher refuge sur les hauteurs ou dans des embarcations dépourvues de toit. Quelques familles ont pu parvenir jusqu’à des centres pour victimes des inondations où elles ont reçu quelque aide matérielle. Mais des milliers de personnes, malgré leur besoin urgent d’être évacuées, ont vécu des journées entières dans l’angoisse de l’attente. Les équipes de sauvetage ne pouvant parvenir jusqu’à elles, les souffrances de leur agonie ont été sans limites.

Cependant, selon certains observateurs, le plus dur reste à accomplir. En effet, les inondations seront sans doute les plus longues connues par le pays, au cours des cinq dernière décennies. Il est urgent de mettre en place des programmes destinés à la période qui va suivre. Il faudra s’efforcer d’encourager la population à faire redémarrer la culture des céréales et à récupérer en hiver la récolte de septembre. La récolte de riz “aman” étant perdue, il faudra intensifier la culture de blé, de légumes, de patates, et autres productions hivernales. Au cours des mois à venir, les besoins seront immenses.

En collaboration avec le Bureau pour les catastrophes nationales, un certain nombre d’ONG ont répercuté à l’intérieur et à l’extérieur du pays des appels à l’aide. Le gouvernement aurait voulu répondre aux besoins sans recourir à l’aide extérieure. Mais, étant donné la gravité exceptionnelle de la situation, il n’a pu éviter de se tourner vers l’aide internationale pour la réparation des dégâts dûs à l’inondation : réfection des routes et des ponts endommagés, des terrains agricoles dévastés et avant tout, dragage des fleuves et des rivières. Caritas Bangladesh a aussi prévu de participer au travail de reconstruction en faisant édifier 3 500 maisons modestes pour ceux qui n’ont pas les moyens de restaurer ou de reconstruire leurs maisons eux-mêmes. L’organisation catholique a aussi l’intention de créer un certain nombre de refuges contre les inondations en divers lieux.