Eglises d'Asie – Birmanie
Ni la Thaïlande ni les Nations Unies n’auront réussi à protéger les réfugiés karen de la frontière, selon « Human Rights Watch »
Publié le 18/03/2010
Dans un nouveau rapport qui s’appuie sur dix ans de recherches, « Human Rights Watch » déclare que le gouvernement thaïlandais et le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) abandonnaient des milliers de villages le long de la frontière thaïlandaise avec la Birmanie. Le groupe affirme que le UNHCR a été « impuissant dans ses efforts pour pousser les hommes politiques thaïlandais à ne pas négliger la protection des réfugiés« . Il écrit que le gouvernement thaïlandais a fermé ses frontières aux villageois et aux dissidents qui cherchent à fuir le gouvernement militaire de Birmanie. « Le rejet aux frontières de ceux qui, à bon droit, craignent la persécution est, selon la loi internationale, une violation par la Thaïlande de ses obligationslit-on dans le rapport. La Thaïlande est accusée de ne pas faire de différences entre les réfugiés légaux et les immigrants illégaux expulsés pour sauvegarder les emplois au profit des Thaïlandais sans travail: « A cause du manque de procédures efficaces pour déterminer le statut de réfugié, des personnes peuvent être déportés alors qu’elles portent une demande valable de statut de réfugié qu’on ne leur donne pas l’occasion de prouver. Le danger pour les réfugiés est encore augmenté par le fait que la Thaïlande est, de tous les pays, le plus durement touché par la crise économique asiatique
La junte militaire birmane est montrée du doigt à cause de ses abus répétés contre les droits de l’homme, tortures, viols de civils, en particulier contre les ethnies rebelles, le long de la frontière avec la Thaïlande. L’Union nationale karen est une des dernières guérillas ethniques à continuer à se battre pour son indépendance. Son quartier général, proche de la frontière thaïlandaise, a publié, en septembre, un document indiquant le nombre de viols et d’assassinats extra-judiciaires. Au début de l’année, plusieurs réfugiés karen ont été tués et des milliers d’autres se sont retrouvés sans abri quand une faction karen, alliée de la junte militaire birmane, a lancé un raid contre des camps en territoire thaïlandais.
Bangkok a refusé à l’UNCHR le libre accès aux camps. L’armée thaïlandaise, la Croix-Rouge et d’autres organisations non gouvernementales sont, au premier chef, responsables de la sécurité des réfugiés, avec le soutien des Nations Unies. Un accord entre Bangkok et l’UNCHR en mai dernier avait réussi à harmoniser le travail, mais n’était pas arrivé jusqu’à confier le contrôle des camps aux Nations Unies.
La Thaïlande qualifie les demandeurs d’asile de « personnes déplacéesévitant délibérément le terme de « réfugiés » et affirme qu’elle les renverra chez eux dès que ce sera possible. Plus de 150 000 réfugiés de Birmanie, du Cambodge et du Laos vivent le long des frontières thaïlandaises.
Le lendemain de la parution de ce rapport venu de Londres, le 7 octobre, le ministre des Affaires étrangères thaïlandais, a réfuté en bloc les allégation de « Human Rights Watch« , affirmant que les informations sur lesquelles s’appuyait ce document étaient inexactes, anciennes et sans rapport avec la situation actuelle, qu’il n’avait jamais été question pour la Thaïlande de fermer ses frontières ni de renvoyer de force les réfugiés dans leur pays.