Eglises d'Asie

Sida et pauvreté provoquent une recrudescence de la pédophilie et du trafic d’enfants

Publié le 18/03/2010




Sida et pauvreté sont à l’origine d’une recrudescence de la pédophilie et du trafic d’enfants dans l’Asie du sud parce que les petites victimes sont toujours issus de familles très pauvres et censés n’être pas encore contaminés par les maladies sexuellement transmissibles. C’est ce que constatent les experts dans un nouveau rapport intitulé “Trafic d’enfants, la dynamique sous-jacente. ” Ils écrivent: “Avec le réveil de l’épidémie du sida, les jeunes enfants, garçons et filles sont recherchés parce qu’ils sont supposés être les moins infectés

Leurs conclusions qui viennent d’être publiées au début de ce mois d’octobre, sont le fruit de six mois d’enquête réalisées par Ishrat Shamim et Farah Kabir, du Centre d’études sur la condition féminine et les enfants de Dacca (CWCS). Le rapport constate que depuis ces sept dernières années, au moins 2 600 Bangladais, surtout des filles, ont été enlevés et n’ont jamais été retrouvés. La plupart finissent dans des bordels ou ne reviennent jamais à la maison par honte et peur de la désapprobation sociale. Des enfants entre six et quinze ans souffrent d’abus sexuels et plusieurs sont morts, soit de tortures physiques ou sexuelles, soit durant le voyage qui suivit l’enlèvement, précise le rapport qui a été publié pour coïncider avec le sommet Europe-Asie de Londres.

La pauvreté est un problème majeur parce que les trafiquants leurrent les parents et les enfants en leur promettant des emplois lucratifs à l’étrangerexplique à la presse une journaliste chargée de recherche, Shahnaz Begum. Le rapport ajoute: La cause sousjacente de ce trafic d’enfants est la pauvreté qui pousse les familles à émigrer et dont les pires conséquences retombent sur les enfants. Pauvreté et exploitation font des femmes et des jeunes filles une marchandise bon marchéShahnaz Begum dit qu’il faudrait s’attaquer au problème mais que pour cela le soutien des politiques est nécessaire. Le CWCS appelle à la mise sur pied d’une politique nationale qui s’attaquerait non seulement à ce trafic mais également aux causes mêmes de la pauvreté au Bangladesh.

Cette semaine le gouvernement a formé un groupe spécial d’intervention pour stopper le commerce d’enfants, mais les experts pensent que sans organismes gouvernementaux puissants, les efforts pour mettre un frein à cette industrie seront extrêmement difficilesLes auteurs de ce genre de trafic tombent sous le coup de la loi sur la répression des crimes contre les femmes et les enfants et risquent une peine maximale de 10 ans d’emprisonnement. Une proposition visant à introduire la peine de mort est toujours à l’étude suite aux protestations des groupes de défense des droits de l’homme

Nous devons savoir si tous les cas rapportés relèvent du trafic illégal ou non, certains étant volontaires alors que d’autres sont forcésprécise Shahnaz Begum au sujet de ses recherches. Elle a raconté que des réfugiés musulmans du Bihar, en Inde, et de l’Etat d’Arakan, en Birmanie, avaient proposé de quitter volontairement le Bangladesh. J’ai interrogé des enfants de ces groupes, qui avaient été retenus pour leur sécurité personnelle, et beaucoup étaient furieux d’avoir été ramenés au Bangladesh

Cette journaliste et d’autres travailleurs sociaux avec elle, expliquent que les jeunes filles doivent affronter le réel problème posé par leur retour. Elles sont mises à l’écart au sein de leur communauté et même de leur propre famille. Un père de famille a refusé d’accueillir sa fille de retour de l’Inde, disant que cela poserait des problèmes à ses deux autres filles pourtant déjà mariées

Le CWCS, de son côté, indique que, 96% des cas d’enfants étudiés au cours de l’enquête, concernaient des filles, ce qui témoigne d’une réelle augmentation du trafic et des violences sexuelles. La police a sauvé 42 femmes et enfants birmans au cours de plusieurs rafles à Dacca, cette semaine, et arrêté 14 personnes suspectées d’avoir tenté de les faire passer en fraude au Moyen-Orient en leur promettant un travail bien rémunéré, signalent les autorités. De leur côté, les experts expliquent que les gangs travaillent avec des intermédiaires qui font miroiter aux yeux des jeunes filles et des enfants des familles démunies un bon travail et un bon salaire à l’étranger. Les travailleurs sociaux affirment que ces intermédiaires offrent de quelques milliers jusqu’à plus de 100 000 takas (2 000 $ US) par enfant suivant le cours du marché, l’âge et la bonne mine. 15 000 femmes et enfants sont emmenés en fraude hors du Bangladesh chaque année, déclare la police. La plupart échouent dans des bordels ou dans l’esclavage moderne qu’est le travail domestique en Inde, au Pakistan et au Moyen-Orient, où, rapporte-t-on, les garçons deviennent conducteurs de chameaux.