Eglises d'Asie

Intensification de l’opposition contre la loi instituant la Sharia comme loi nationale

Publié le 18/03/2010




En attendant que la loi destinée à renforcer l’islamisation de la constitution et du gouvernement soit soumise à l’approbation du sénat (9), on assiste aujourd’hui à une intensification de la campagne menée contre cette loi par les minorités religieuses, mais aussi par de nombreux musulmans. Le 15 octobre, plus de 2000 personnes participaient à Lahore devant le siège de l’Assemblée provinciale du Punjab, à une manifestation organisée par le Comité d’action commune des chrétiens et des musulmans pour les droits de l’homme. On comptait parmi eux au moins 300 chrétiens. Au nombre des manifestants se trouvaient un sénateur musulman et quelques représentants des catholiques, parmi lesquels des militants des droits de l’homme.

Le même jour, quelque cinquante minorités religieuses et organisations musulmanes opposées à la loi s’étaient rassemblées à Rawalpindi près d’Islamabad, pour un séminaire intitulé Quinzième amendement et craintes des minoritésAu cours de cette réunion organisée par la Commission épiscopale pour le dialogue interreligieux, de nombreuses voix se sont fait entendre, toutes opposées à la loi proposée par le premier ministre.

Peter John Sahotra, titulaire d’un des quatre sièges de députés réservés à la communauté chrétienne, a exprimé sa totale opposition à cette loi contraire aux aspirations des minorités religieuses. Premier chrétien à devenir membre de la ligue musulmane du Pakistan, il a expliqué qu’il s’est abstenu lors du vote au parlement. Un protestant, l’évêque Javed Albert, a recommandé aux participants de prier et de jeûner pour être préservés de cette loi scélérateUn dirigeant hindou, Om Prakash Narayam, a annoncé que si l’amendement était voté, il ferait des membres des minorités des esclaves et les obligerait à payer des taxes spéciales. Selon le musulman Mubarak Ahmed, la loi qui concentrera des pouvoirs exorbitants entre les mains du gouvernement est un jeu du pouvoir. Dans son intervention également critique, le vicaire général du diocèse de Islamabad-Rawalpindi s’est plaint des médias régionaux ayant rapporté qu’il était en faveur du quinzième amendement à la constitution.

A l’issue des interventions, les participants ont envoyé une lettre aux sénateurs, y compris aux membres de la majorité, leur demandant de s’opposer au projet de loi destiné à faire du Coran et de la Sunna la loi suprême du Pakistan. Le projet qui a été adopté par l’Assemblé nationale, le 9 octobre dernier, doit, en effet, être soumis au sénat où le gouvernement ne possède pas les deux tiers de voix nécessaires à son adoption. Il est vrai cependant qu’il pourrait aussi être soumis à une session spéciale des deux chambres jointes où il devrait aussi être approuvé par les deux tiers des participants de la session spéciale.

Cependant, avant même que le projet ne soit passé devant le sénat, la presse nationale a rapporté que certains établissements scolaires ont déjà rédigé des avis destinés à être envoyés aux élèves de sexe féminin et aux enseignantes, leur enjoignant de se recouvrir d’un voile de la tête aux pieds. Certains journaux affirment même que l’on pourrait interdire aux femmes de travailler à l’extérieur de la maison.