Eglises d'Asie

Zhejiang : un prêtre catholique « clandestin » a reçu l’ordre de ne pas se rendre au cimetière au cours du mois de novembre

Publié le 18/03/2010




A la fin du mois de septembre, le P. Jean Wang Zhongfa, prêtre catholique « clandestin », du diocèse de Wenzhou, dans la province du Zhejiang, a été « invité à une conversation » par les fonctionnaires de la Sécurité publique et du bureau des Affaires religieuses. Au cours de la « conversation », on lui a notifié l’interdiction d’amener des chrétiens, le 23 novembre, au cimetière où est enterré un prêtre, mort en détention en 1955 et très vénéré dans la région.

Selon les sources catholiques de Hongkong qui rapportent l’information, le P. Wang est plus facile à « inviter » que d’autres car il est en liberté sur parole et obligé de se présenter à la police à intervalles réguliers. Il purge en effet une peine d’un an de rééducation par le travail après avoir été convaincu d’avoir « troublé l’ordre publicen 1997, en montant une tente et en installant des hauts parleurs devant l’église du village de Linjiayuan, district de Cangnan, à l’occasion d’une célébration mariale qui rassemblait deux mille catholiques (3). Il a été mis en liberté sur parole après avoir payé une amende de 15 000 yuans (environ 15 000 FF). Le P. Wang, âgé de 66 ans, obéira sans doute à l’injonction des autorités pour ne pas aggraver son cas.

Chaque année, en octobre ou en novembre, un millier de catholiques de la région, accompagnés par le P. Wang, ont pris l’habitude d’aller, près de Wenzhou, nettoyer la tombe du P. Cao Quanji, un prêtre qui avait été arrêté en 1955 au cours d’une rafle contre les catholiques. Il était mort quelques mois plus tard en détention à l’âge de 46 ans. Cette habitude de nettoyer les tombes est en conformité avec les traditions chinoises qui veulent que le neuvième jour du neuvième mois lunaire chacun rende hommage à ses ancêtres. C’est le festival du Chung Yeung. La tombe du P. Cao est particulièrement vénérée par les catholiques parce que ce prêtre est considéré comme un martyr. Après son arrestation, les autorités communistes lui avaient demandé en même temps qu’à tous les catholiques présents de dénoncer le pape et de s’affilier à l’Association patriotique des catholiques chinois. Le P. Cao était alors monté sur l’estrade et avait écrit sur le tableau : « On peut décapiter quelqu’un et le vider de son sang, mais on ne peut pas oublier le pape

Cette année, les autorités locales ont l’intention d’interdire l’accès du cimetière où est enterré le P. Cao. Les fonctionnaires de police ont affirmé qu’ils utiliseraient les réglements destinés « à contenir les feux de forêt et à maintenir la sécurité de la circulation » pour arriver à leurs fins. Ils ont aussi fait savoir qu’ils arrêteraient quiconque tenterait de s’approcher de la tombe en violation des ordres.