Eglises d'Asie

LA RETROCESSION DE HONGKONG UN AN APRES

Publié le 18/03/2010




PREMIERE PARTIE

Introduction

L’année dernière à la même époque, juste après que les feux d’artifices soient retombés et que les orchestres militaire aient cessé de jouer, les habitants de Hongkong étaient dans une grande incertitude. Qu’est ce qui allait changer dans la vie quotidienne à Hongkong, dans le système politique et dans le système légal? L’armée populaire de libération (PLA) serait-elle le rappel quotidien et indésirable de la réunification. L’Eglise et les missionnaires étrangers allaient-ils rencontrer de nouveaux obstacles? Le slogan “un pays deux systèmes” serait-il applicable?

Depuis, certaines choses ont changé à Hongkong et d’autres pas. Mais le plus surprenant est qu’il aurait été bien difficile il y a un an de prévoir les problèmes les plus urgents que rencontre Hongkong aujourd’hui. En Juillet 1997, on craignait la corruption en provenance du continent, les guanxi (copinage), la répression politique et l’instabilité sociale. L’inefficacité des entreprises d’Etat chinoises allait certainement tirer l’économie de la Chine vers le bas, conduire à des licenciements massifs et peut être contaminer Hongkong. D’un autre côté, l’économie de Hongkong était en plein essor. Les ventes de terrains (la principale source de revenus du gouvernement) et la spéculation immobilière étaient en plein essor, et l’on attendait des masses de touristes. La haute technologie de Hongkong et sa sophistication devraient beaucoup aider à moderniser et rationaliser les affaires en Chine continentale.

Mais aujourd’hui, Hongkong a le taux de chômage le plus élevé depuis quinze ans, les touristes sont restés chez eux ou ont choisi d’autres destinations, les prix de l’immobilier ont chuté de 40% et des grands magasins japonais comme des boutiques de proximité sont en train de fermer. Pendant ce temps, l’économie de la Chine continentale a continué sa croissance respectable de 6%. La République populaire s’est engagée non seulement à maintenir la stabilité du yuan mais aussi à utiliser ses réserves pour soutenir le dollar de Hongkong s’il était attaqué par les spéculateurs. Certains officiels suggèrent même que les chômeurs de Hongkong pourraient trouver du travail sur le marché du travail chinois. Et ce sont maintenant les touristes de Chine que Hongkong cherche à attirer.

Le point de vue du gouvernement

Le gouvernement de Hongkong aimerait dire qu’il n’y a eu aucun changement important depuis la rétrocession, qu’aucun changement n’était nécessaire et que rien n’a besoin de changer dans l’avenir. La réalité cependant est qu’il y a eu d’importants changements depuis le 1er Juillet 1997, pas toujours perceptibles au quotidien pour le citoyen de Hongkong, des changements concernant l’environnement juridique, politique et des droits de l’homme. Pour prouver que les droits des citoyens de Hongkong sont intacts, le gouvernement peut faire état des manifestations qui ont eu lieu depuis la rétrocession et qui dépassent le millier, manifestations concernant aussi bien la législature provisoire choisie par Pékin qu’une meilleure prise en charge des personnes agées.

Le 4 Juin, lors de l’anniversaire de la répression sur la place Tian An Men, 40 000 personnes se sont réunies à Victoria Park, sous une pluie battante, pour la commémoration annuelle avec des bougies; Wang Dan, récemment exilé, prit la parole pourles exhorter à être un modèle de changement pour la Chine, malgrè les avertissements répétés de Pékin à Hongkong de ne pas devenir une “base de subversion” contre la Chine et le système communiste.

En ce qui concerne les médias, une association de journalistes a récemment déclaré que l’autocensure n’était “pas pire” qu’il y a un an et que les autorités chinoises et celles de la SAR (région administrative spéciale de Hongkong) n’ont encore supprimé aucun journal pour des raisons politiques. Une enquête auprès de chefs d’entreprises classe Hongkong parmi les quatre pays asiatiques ayant un niveau élevé de liberté de la presse et portent au crédit des médias un rôle positif pour aider Hongkong à éviter les pires effets de la crise économique asiatique.

Le climat des affaires à Hong-Kong demeure juste ouvert et compétitif. La Commission indépendante contre la corruption est toujours indépendante et assez active. Et l’armée reste pratiquement invisible.

La réalité

Mais malgré ce que le gouvernement souhaite faire penser au reste du monde, il y a eu des changements significatifs dans le domaine des droits de l’homme et des libertés civiles. Un rapport de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies publié en février 1998 accuse le gouvernement de Hongkong d’abus de pouvoir en ce qui concerne les manifestations, les élections, l’immigration et les lois sur le travail ainsi que de faire obstacle “au développement des droits de l’homme par des changements d’attitude ou de structures d’une grande portée“. Le rapport concluait qu’il était clair que “le contrôle social est beaucoup plus grand qu’auparavant et que le gouvernement de la SAR a l’intention de contrôler et de supprimer les expressions collectives de voix qui sont en désaccord avec les opinions du gouvernement

La législature britannique qui avait été élue démocratiquement fut dissoute à minuit le 30 juin 1997 et remplacée par une législature provisoire choisie par Pékin qui, dès 15 heures, avait remis en vigueur les lois répressives de l’époque coloniale concernant les règlements des rassemblements politiques, en les rendant encore plus dures.

La Loi fondamentale, la mini-constitution de Hongkong, stipule que la législature de Hongkong doit décréter des lois sur la subversion, la trahison, la sédition et la sécession. Il est à craindre que la vaste législation sur la subversion de la Chine serve de modèle, et à cause des protestations populaires, le gouvernement a décidé d’attendre une année avant de rédiger ces lois.

Une autre loi cherche simplement à remplacer toutes les références à “La Couronne” dans la législation de Hongkong par “le gouvernement de la SAR“. Cependant, le projet final a remplacé cette formulation par le terme “Etat” qui inclut tous les corps constitués du gouvernement de la Chine et les exempte de fait d’avoir à se soumettre aux lois de Hongkong alors même qu’ils sont actifs à Hongkong.

Le Secrétariat de la Justice a fait beaucoup pour réduire le respect de la loi, par exemple en prenant la décision controversée de ne pas poursuivre Chine Nouvelle (l’ambassade officieuse de la Chine à Hongkong pendant l’époque coloniale) quand elle a violé clairement la nouvelle législation sur la vie privée. Dans un autre cas, elle n’a pas poursuivi l’éditeur d’un journal qui avait d’importantes relations politiques, alors que la police l’accusait de falsification de documents. Ces incidents donnent à penser que certains amis de la Chine sont au-dessus de la loi.

Mais c’est dans le domaine de la liberté d’expression que les plus grandes craintes de contrôle sont survenues. Dans un discours récent, le président du barreau de Hongkong a expliqué en détails comment le gouvernement de Hongkong avait délibérément et systématiquement restreint la liberté de parole. Elle a cité les instructions données à la police pour déterminer les actions appropriées en cas de manifestation, et comment les manifestant étaient tenus à distance si leurs cibles étaient les autorités chinoises.

Les journalistes font état d’obstacles croissants pour faire des reportages sur des sujets qui pourraient déplaire aux nouveaux maîtres de Hongkong à Pékin, et ils craignent pour leur sécurité alors que des collègues ont été emprisonnés en Chine pour avoir fait des reportages sur des “secrets d’Etat”, ce qui englobe en Chine tout ce que le gouvernement ne veut pas que vous sachiez. L’autocensure est une réalité reconnue, spécialement pour les sujets tabous du Tibet, de Taïwan, et des perpétuelles rébellions dans les régions musulmanes du nord-ouest de la Chine. Un autre sujet de préoccupation est le rachat des médias par des intérêts commerciaux de Chine.

DEUXIEME PARTIE

Pour le premier anniversaire du retour de la souveraineté de la Chine sur Hong-Kong, le président chinois Jiang Zemin a passé en revue les troupes de l’armée populaire de libération stationnées à Hongkong. Au cours de la cérémonie, il demanda aux troupes au garde à vous: “Comment allez-vous, camaradesD’une seule voix, les troupes répondirent: “Comment allez-vous, ChefJiang continua: “Camarades vous avez travaillé dur“. Les troupes répondirent: “Nous travaillons pour le peuple“. La perspective d’une obéissance forcée à la militaire et des citoyens ordinaires de Hong-Kong répétant la propagande comme des perroquets fut une crainte réelle le 1er Juillet 1997, lorsque le bateau du dernier gouverneur britannique sortit du port, quelques minutes après minuit. Quels changements attendaient Hongkong avec ces nouveaux maîtres?

Deng Xiao ping avait inventé le slogan “Un pays (la Chine), deux systèmes(le communisme et le capitalisme)” pour décrire les relations de la Chine et de Hongkong à l’avenir. Mais la Chine pourrait-elle ne pas faire main basse sur l’ancienne colonie?

C’est un peu anormal que durant l’année écoulée la Chine se soit mise en quatre pour honorer le slogan “Un pays, deux systèmesallant même jusqu’à permettre à des étrangers non chinois (citoyens de Hongkong) de représenter Hongkong et la Chine dans des instances internationales telles que des commissions des Nations Unies. De même, elle a fait en sorte que l’armée reste invisible, consignée dans les casernes.

Pendant ce temps le gouvernement de Hongkong, censé défendre nos droits en priorité, a fait juste le contraire, interprétant généralement la politique et prenant des décisions en faveur de la Chine. Par exemple, le jour de la fête nationale de Taïwan en octobre, des drapeaux déployés par des sympatisants de Hongkong furent arrachés par la police alors qu’il n’y a pas de loi interdisant d’arborer ces drapeaux.

Le résultat global a été que la réputation internationale de la Chine qui honore ses engagements s’est trouvée rehaussée, alors que le “sale travail” est effectué par le gouvernement du territoire – avec le même résultat que si la Chine avait agi directement.

L’Assemblée provisoire

Cela apparait peut être le plus clairement dans la dissolution et le rétablissement de l’Assemblée provisoire. Indignée par les réformes électorales britanniques, la Chine renvoya tous les parlementaires élus par le peuple avant la rétrocession et les remplaça par une “assemblée provisoire” choisie par ses soins, à minuit le 30 juin 1997. La légitimité de cette “assemblée provisoire” fut mise en question dès le début et survécut à une récusation judiciaire en partie grâce à l’argument juridique selon lequel son rejet créerait une absence de gouvernement, ce qui était pire que tout. D’autres critiques furent formulées à l’encontre de l’Assemblée pour avoir outrepassé son mandat qui était de traiter seulement des questions urgentes qui ne pouvaient pas attendre l’Assemblée élue dans la légalité. L’Assemblée se hâta de promulguer des décrets de lois portant par exemple sur l’interdiction de brûler des drapeaux ou sur les conditions requises pour obtenir une autorisation de manifester, ce qui fit certainement plaisir à Pékin mais n’était pas vraiment urgent.

Les élections

La perspective des élections de mai 1998, premières élections après la rétrocession, n’était pas rassurante pour les groupes démocratiques. La campagne de publicité de 6 millions de dollars du gouvernement encouragea les gens à voter et déclara la campagne “ouverte, honnête, et juste“. Elle fut ouverte et honnête mais pas vraiment juste.

Des 60 sièges à pourvoir à l’Assemblée seuls 20 le furent directement par les électeurs dans les circonscriptions géographiques, 30 furent choisis par des circonscriptions “professionnelles”, et 10 furent choisis par un comité de sélection pro-Pékin. Cet arrangement eut pour résultat d’empêcher les forces pro-démocratiques d’élire un nombre de représentants correspondant au large vote populaire qu’elles prévoyaient.

Les circonscriptions professionnelles par groupes d’électeurs appartenant à une même industrie ou à une même profession sont une création britannique. La Grande-Bretagne avait élargi la base de l’électorat en permettant à toutes les personnes de ces circonscriptions – du simple employé au directeur général – de voter. Mais le droit de vote se limitait aux professionnels et aux cadres de l’industrie, des gens qui seraient dociles aux souhaits de Pékin s’ils souhaitaient continuer à faire des affaires en Chine.

Le résultat de ce système de vote fut que certaines personnes purent voter deux fois – dans une circonscription professionnelle et dans une circonscription géographique – et que certains membres de l’assemblée furent élus par seulement 300 ou 400 de leurs pairs dans leur milieu de travail alors qu’un candidat pro-démocrate avait besoin de dizaines de milliers de voix dans une circonscription géographique.

De nombreux candidats issus du milieu des affaires pro-Pékin qui avaient été rejetés par les électeurs aux dernières élections organisées par les Britanniques, furent élus cette fois par leurs pairs. Un magazine commenta avec un humour forcé les résultats en disant que ce nouveau système était bien meilleur parce que “les gagnants et les perdants avaient tous été élus. Ce qui était beaucoup plus juste que l’ancien système dans lequel seuls les gagnants gagnaient

La nouvelle Assemblée

L’ampleur de la participation au vote de mai surprit tout le monde. Le gouvernement prétendit que cette participation prouvait un soutien à sa politique, mais l’évaluation du phénomène par les partis démocratiques pencha pour une demande de démocratie accrue, ce qui est probablement plus exact puisque ces partis enlevèrent presque tous les sièges là où les élections étaient directes.

Bien que les autres membres de l’Assemblée, la majorité, aient été élus par des groupes professionnels et des comités de sélection favorables à Pékin, il reste de l’espoir dans cette nouvelle assemblée. A la prestation de serment le 1er Juillet, certains élus utilisèrent l’anglais pour jurer d’apporter son soutien à la Loi fondamentale et servir Hongkong, parce que le mot chinois pour “faire respecter” a presque une connotation religieuse qui est utilisée dans des slogans souvent répétés tels que “Soutenez la direction collective avec Jiang Zemin à son centreEt immédiatement après leur prise de fonction – alors que le ralentissement économique commençait à être ressenti – une coalition improbable et surprenante de membres démocratiques et d’autres issus des millieux d’affaires fit une contre-proposition à la politique économique du gouvernement et menaça d’opposer un veto au budget si on ne l’écoutait pas.

Cependant, la Chine garde le contrôle de l’Assemblée. 34 membres de l’Assemblée provisoire font partie de la nouvelle Assemblée, y compris le président sortant qui est à nouveau président de l’Assemblée. Et de nouvelles procédures vont tenir les membres de l’Assemblée en respect. Par exemple: les projets de lois émanant d’un membre de l’Assemblée ne pourront être proposés

qu’avec l’accord du gouvernement, et les membres de l’Assemblée ne peuvent apporter des amendements aux projets de lois sur les dépenses publiques, sur la structure du gouvernement ou sur son fonctionnement.

Il n’y a pas de doute sur le fait que la Chine est tout à fait aux commandes à Hongkong. Beaucoup de libertés ont été maintenues pendant l’année passée, uniquement grâce à la pression des partis démocratiques. Et la menace implicite est toujours là, suffisamment pour être sûr que les différentes institutions, les groupes d’intérêts ou religieux, suivront la route tracée par Pékin.

TROISIEME PARTIE

La péninsule de Kowloon qui se projette dans la mer de Chine du Sud a une crête montagneuse pittoresque qui la traverse. Récemment des opérations d’extractions de pierres firent disparaître une partie très visible de ce massif. Ceci annonçait de mauvaises nouvelles, prévint un maître de fung shui. Le Fung(le vent) shui(l’eau) étudie l’interaction de la nature et des activités des mortels. Cette crête montagneuse est en réalité le bras du dragon, et y faire des trous permettra au pouvoir et à l’énergie du port de s’en échapper.

La vie de Hong-Kong est encore très liée au fung shui, à l’ancienne culture chinoise, aux traditions et aux superstitions. En même temps, c’est une métropole tout à fait moderne, très high-tech, occidentalisée, une des principales places boursières et d’échanges commerciaux au monde. Il y a une perpétuelle dichotomie – et un perpétuel affrontement – entre le passé et le présent.

Les changements en Chine

Des tiraillements semblables caractérisent la situation en Chine, théâtre d’énormes bouleversements depuis 50 ans et qui expérimente maintenant le changement et la modernisation à une allure qui donne le vertige. Pour beaucoup de gens, la Chine paraît immuable, monolithique, et d’une certaine façon c’est exact. Mais les changements qui arrivent maintenant sont rapides, d’importance, et irréversibles. L’an passé, la plus grande partie de la population chinoise travaillait encore dans la boue des rizières chaque jour, mais en même temps les villes côtières et les provinces du Sud ont découvert le commerce et le capitalisme sous leur forme la plus sauvage. “Le socialisme avec des caractéristiques chinoises” a été décrété comme la voie que devait suivre la Chine, mais cette même théorie a conduit à la fermeture des entreprises d’Etat non compétitives donnant naissance à une vaste classe de chômeurs errants. De plus en plus de gens accèdent au statut de classe moyenne; mais le fossé entre les fermiers traditionnels et les nouveaux entrepreneurs ne cesse de s’agrandir.

La visite du président Clinton

Les événements et controverses qui entourèrent la visite du président Clinton en Chine, il y a deux semaines, mirent en avant certains des bons et des mauvais aspects de la Chine moderne. A bien des égards cette visite fut une réelle nouveauté. En quatre occasions, le président parla en direct à la population chinoise, à la radio et à la télévision. Il rencontra des étudiants de l’université de Pékin. Il conduisit un face à face avec le président Jiang Zemin et contesta les déclarations officielles disant que la répréssion de la place Tiananmen avait été “correcte”. A un niveau moins important mais hautement significatif, il prit un bain de foule au milieu des Chinois de la rue et à l’université.

Rien susceptible de faire trembler le gouvernement ou la société sur leurs bases, mais ces rencontres ont semé des graines de changement: l’idée qu’un leader suprême peut être, doît être mis en question publiquement pour défendre sa politique, l’idée que de telles mises en question ne détruiront pas le gouvernement mais le rendraient plus responsable, l’idée que le fait de se mêler aux gens ordinaires, plutôt que de les réprimer, est bon pour les gouvernants et les gouvernés.

La répression en Chine

Mais la Chine est toujours une dictature répressive. 3 000 militants sont encore emprisonnés pour le rôle qu’ils ont joué en 1989 dans les manifestations de la place Tian An Men. En réalité, seul le président Clinton peut débattre et discuter en public en Chine, n’importe qui d’autre serait arrêté; ses interventions en direct ne furent pas annoncées à l’avance et ne furent pas l’objet de beaucoup de reportages; la Chine interdit à trois journalistes de Radio Free Asia d’accompagner Clinton, des militants ou de simples leaders religieux furent regroupés et détenus avant son arrivée.

Dans la balance, la répression l’emporte toujours sur la liberté en Chine, mais les choses changent, tout doucement. La politique étrangère des Etats-Unis et de l’Occident doivent engager la Chine sur la voie du changement dans un processus long et patient.

La Chine et l’Eglise aujourd’hui

Comment les tensions en Chine affectent elles l’Eglise catholique et les autres Eglises chrétiennes aujourd’hui ? Comme beaucoup d’autres composantes de la société chinoise, l’Eglise et la Chine sont bloquées dans des relations conflictuelles fluctuantes.

Les signes positifs

L’an passé il y a eu quelques signes positifs.

Pendant la visite de Clinton l’évêque de Shanghai, reconnu par le gouvernement, Mgr Aloysius Jin, a pu parler au président de ses séminaires, de ses programmes, de sa maison d’édition et de sa presse d’imprimerie.

Les jésuites américains ont reçu la permission de commencer à enseigner un nouveau programme universitaire de gestion à Pékin.

Dans certaines provinces les religieux peuvent assez facilement exercer leur ministère et les laïcs peuvent pratiquer sans crainte.

Les enseignants en théologie de huit séminaires de Chine ont pu recevoir une formation à Hongkong.

Des séminaristes de Chine ont été envoyés en Europe et aux Etats-Unis pour étudier.

Le gouvernement provincial de Canton, de manière inattendue et en donnant une explication, a rendu possible l’acquisition de terrain, à prix grandement réduit, pour une grande église moderne.

Les signes négatifs

En même temps l’Eglise a connu des revers.

Les mêmes autorités de Canton ont récemment pris des mesures répressives contre un responsable protestant d’une Eglise domestique, dont les fidèles devenaient trop nombreux.

Le clergé catholique est régulièrement arrété et détenu.

Deux évêques de l’Eglise non officielle ont été déplacés de leurs domiciles pendant la visite de Clinton.

Le cardinal Ignatius Kung, en exil dans le Connecticut, a vu son passeport confisqué quand il en a demandé le renouvellement.

Les congrégations et les groupes religieux font souvent l’objet de méfiance et de tracasseries.

L’Eglise à Hong-Kong

A Hongkong, l’an passé, on a vu peu d’interférence directe dans les écoles catholiques, les organismes sociaux, ou dans la vie de l’Eglise en général. Maintenant les missionnaires étrangers peuvent avoir le statut de résidents permanents ce qui n’était pas possible auparavant. Dans une interview récente, un des évêques de Hongkong, Mgr Joseph Zen, remarquait que le gouvernement chinois souhaitait une transition en douceur pour l’ancienne colonie, afin de donner une bonne impression au monde. Mais il ajouta que Pékin ne perdrait pas le contrôle et que les structures et personnes pour cela sont déjà en place. Les changements légaux et politiques de l’an passé ont renforcé ce contrôle sans intervention directe de Pékin. En même temps, il y a des catholiques dans le gouvernement de Hongkong, y compris le numéro deux et le numéro trois de la fonction publique. Dans la nouvelle Assemblée, il y a le populaire Martin Lee, chef du Parti démocrate.

Il y a eu des changements concernant la place de L’Eglise dans la vie de Hongkong, mais relativement mineurs. Cette année il n’y eut pas de service religieux à la cathédrale pour marquer le début de l’année judiciaire, et sur la liste officielle du protocole, l’évêque catholique et l’évêque anglican sont passés de la cinquième à la onzième place.

Les relations avec l’Eglise de Chine n’ont pas beaucoup changé non plus, bien qu’il soit plus difficile pour ses membres de se rendre à Hongkong.

Mgr Zen a remarqué que, dans l’ensemble,le statu quo de l’Eglise n’a pas changé. Dans les relations avec la Chine il y a toujours beaucoup d’incertitude. Parfois il y a plus de liberté, parfois moins, sans explication apparente. L’expérience passée passée montre qu’en Chine tout avance toujours de deux pas pour reculer d’un. On peut dire qu’actuellement la situation est normale.