Eglises d'Asie

La commission liturgique nationale de l’Eglise catholique « officielle » se prépare à uniformiser la liturgie à travers le pays

Publié le 18/03/2010




La commission liturgique nationale de la Conférence épiscopale catholique « officielle » doit réunir ses membres à la mi-décembre pour lancer une réforme liturgique d’importance, destinée à uniformiser autant que possible les pratiques diverses mises en oeuvre à travers le pays après la libéralisation religieuse qui a suivi la fin de la Révolution culturelle à la fin des années 70. Cette réforme aura aussi pour objet, selon ses concepteurs, de placer davantage l’Eglise de Chine au sein de l’Eglise universelle.

Selon le P. Ma Yinglin, secrétaire général de la Conférence épiscopale, la première tâche de la commission sera de préparer un rituel des sacrements et un missel du dimanche en s’inspirant de ce qui a déjà été fait à Hongkong et à Taiwan. Mgr Antoine Li Du’an, évêque de Xi’an et président de la commission liturgique de la Conférence épiscopale a ajouté cependant, le 4 décembre, que cette réforme nécessiterait plusieurs années, car la commission publiera d’abord une édition d’essai avant de faire un texte final qui deviendra normatif pour tout le pays.

Après la prise de pouvoir par les communistes en 1949 et une sévère persécution du christianisme dans les années suivantes, l’Eglise catholique de Chine avait été forcée de dénoncer ses relations avec le Vatican en 1957. Elle était donc absente du concile Vatican II qui s’est déroulé de 1963 à 1965 et a mis en oeuvre la réforme liturgique adoptée aujourd’hui partout à travers le monde. L’Eglise chinoise a donc dû attendre la fin des années 80 pour procéder à un certain nombre de changements liturgiques.

« Ces changements se sont cependant limités à l’utilisation des langues vernaculaires et d’un certain nombre de gestes, mais ils n’ont pas pris en compte pour le moment l’esprit nouveau de la réforme liturgiqueestime le P. Zhen Xuebin, du diocèse de Pékin, qui a étudié la liturgie aux Etats-Unis et enseigne aujourd’hui au séminaire de la capitale chinoise. Il explique encore que beaucoup de célébrations eucharistiques en Chine demeurent rigides et ennuyeuses parce qu’il n’y a pas d’interaction entre le célébrant et les participants, alors que le nouvel esprit de la liturgie voudrait qu’il y ait davantage de participation des laïcs et que la célébration soit vivante tout en conservant son mystère. Il ajoute qu’il y a un certain nombre d’inconsistances dans les missels utilisés aujourd’hui en Chine et qui proviennent de Hongkong, de Taiwan ou de Shanghai.

Quand les catholiques de Chine ont reçu la permission de pratiquer leur foi ouvertement à la fin des années 70, la plupart d’entre eux ne savaient rien des réformes liturgiques demandées par le concile Vatican II. Par ailleurs, beaucoup de catholiques âgés, y compris des évêques et des prêtres, ne pouvaient pas accepter cette modernisation tout d’un coup. Par exemple, à Bengbu dans la province d’Anhui, même si la messe est célébrée en chinois depuis le début des années 90, les célébrations liturgiques les plus importantes de l’année ont encore lieu en latin, à la demande des catholiques âgés. « La messe en chinois peut sans doute rapprocher les laïcs de leur foi, mais ils continuent de penser que la messe en latin est plus solennelledéclare le P. Li Suguang, curé dans le diocèse de Nanchang, province du Jiangxi. Par ailleurs, en beaucoup d’endroits, les fidèles insistent pour s’agenouiller et recevoir la communion sur la langue, même si la communion dans la main est devenue habituelle partout à travers le monde.

Les coutumes changent pourtant lentement même si ces changements ne sont pas toujours visibles de l’extérieur. « Au début, je n’avais pas l’habitude de voir les autres recevoir la communion dans la main, mais je m’y suis bien habitué et je reçois moi aussi la communion dans la maindéclare par exemple Paul Jiang Yaohan, un dirigeant laïc âgé de 73 ans.