Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION SOCIALE ET POLITIQUEDu 31 octobre au 31 décembre 1998

Publié le 18/03/2010




Déblocage de la situation politique interne

La contestation des résultats des élections du 27 juillet 1998 a dégénéré en manifestations de rues, auxquelles le gouvernement a mis fin au mois de septembre, d’abord par des moyens relativement modérés, puis par la force, entrainant la mort ou la disparition d’une quarantaine de personnes. Néanmoins, les députés de l’opposition, fermement poussés par le roi Sihanouk, ont accepté de participer à la séance inaugurale de l’Assemblée nationale et de prêter serment à Siemréap, le 24 septembre 1998. Le jour même, les responsables de l’opposition (le prince Ranariddh pour le Funcinpec, et Sam Rainsy pour le PSR), puis durant les jours suivants, une grande partie des députés de l’opposition partent « se réfugier » à l’étranger, bloquant ainsi la formation du gouvernement pour laquelle est constitutionnellement requis le vote des deux tiers des voix de l’Assemblée nationale. Durant le mois d’octobre, des négociations infructueuses n’arrivent pas à réconcilier les points de vues de la majorité et de l’opposition.

« La semaine du roi »

Le 7 novembre, après les fêtes marquant son anniversaire (30 octobre), puis la fête des Eaux (2-4 novembre), le roi Sihanouk rend public un message dans lequel il confirme son départ pour Pékin le 14 novembre. Il invite son fils Ranariddh, ainsi que Hun Sen, second premier ministre en exercice, et Chéa Sim, président de l’Assemblée nationale, à des réunions au palais royal pour débloquer la situation. Le roi en avait préalablement averti le corps diplomatique devant lequel il avait déploré la campagne menée par l’opposition auprès de la communauté internationale pour couper les aides au Cambodge. Il offre à son fils Ranariddh et à Sam Rainsy sa garantie personnelle pour leur sécurité: son escorte royale, le séjour dans l’enceinte du palais, deux de ses propres gardes du corps. Des rencontres pourront avoir lieu à Pékin, selon la demande de l’opposition, à partir du 15 novembre, s’il en a « la haute permission du gouvernement de la République Populaire de Chine Comme ce gouvernement a déjà fait savoir qu’il ne tient pas à héberger des négociations inter-cambodgiennes sur son sol, cette perspective est exclue: les partis cambodgiens sont donc contraints à s’entendre avant le départ du roi. Le soir même, Hun Sen apporte son soutien à la proposition royale, mais le lendemain, à Néak Luoeung, où il organise sa propre fête des eaux, il déclare pouvoir gouverner seul s’il le faut.

Trois jours plus tôt, le 4 novembre, dans un document de 8 pages, Ranariddh et Sam Rainsy demandaient l’amnistie des soldats et généraux fidèles à Ranariddh et la levée de toute charge contre ceux qui ont participé aux manifestations de septembre. L’opposition propose un programme de gouvernement de techiciens, qui correspond en gros à celui proposé par Hun Sen le 22 octobre précédent. Le Parti du Peuple Cambodgien (PPC pro-Hun Sen), accueille froidement ces propositions qui ne font, selon lui, que ressasser les mêmes points. Le gouvernement affirme que tous les parlementaires jouissent de l’immunité sauf « ceux qui doivent répondre à une convocation devant la cour de justicesous-entendu Sam Rainsy.

Le 9 novembre, le roi préside les cérémonies de l’indépendance en présence de seulement quelques personnalités, voulant peut-être montrer ainsi les dangers pour l’avenir du pays. Le PSR rejette la proposition de réunion à Phnom Penh, refusant, selon lui, d’être pris en « otage » . En fin de journée, Ranariddh adresse une lettre à son père dans laquelle il demande que soient donnés les noms des parlementaires « qui doivent répondre à une convocation devant la cour de justice » et demande qu’un ordre du jour soit fixé pour les négociations. Il lève toute restriction à son retour. Le lendemain, le Japon encourage « fortement  » l’initiative royale. Le roi diffuse l’information en la surchargeant d’une note manuscrite dans laquelle il se demande « si l’oppostition est disposée à suivre les sages et clairvoyants conseils du JaponLe 11 novembre, le gouvernement fournit toutes les garanties de sécurité aux responsables de l’opposition.

Le 12 novembre à 15h 40, Ranariddh atterrit à Pochentong. A 17heures, il pose pour la photo avec Sihanouk, Hun Sen et Chéa Sim, puis les négociations commencent avec la présence de Sok An (ministre du Conseil des ministres), Prak Sokhonn et Kong Samol (ministre du Palais) pour le PPC, et de Toh Lah (secrétaire général du Funcinpec), You Hockry (co-ministre de l’Intérieur), Pok Than et Kong Vibol pour le Funcinpec. Elles se prolongent fort tard dans la nuit. Le « trouble-fête » Sam Rainsy, (qualificatif donné par Sihanouk), est exclu des négociations. Le 13 novembre après-midi, les dirigeants du PPC et du Funcinpec signent un accord pour la création d’un gouvernement de coalition. Comme annoncé, le roi peut partir pour Pékin le 14 novembre, salué à son départ par les hommes politiques réunis.

L’accord

Hun Sen sera premier ministre, Ranariddh obtient la présidence de l’Assemblée nationale. Il sera assisté de deux vice-présidents issus du PPC. Les présidences des neuf commissions parlementaires seront réparties à égalité entre le PPC et le Funcinpec, et l’une sera accordée au PSR. Les deux partis conviennent de créer un sénat, dont le futur président sera Chéa Sim, qui assurera les fonctions de chef de l’Etat par intérim en l’absence du roi, rôle dévolu par la constitution au président de l’Assemblée nationale. Cela entrainera une modification de la constitution. Chakrapong, Sirivuddh, les généraux Nhiek Bun Chhay, Serey Kosal et Sin Song sont amnistiés, et les forces armées fidèles à Ranariddh seront réintégrées dans les FARC (Forces armées royales du Cambodge). Trois groupes de travail sont formés pour préparer le programme de gouvernement, décider du protocole de coopération entre les deux partenaires, de la structure du gouvernement et de la répartition des portefeuilles entre les membres des deux partis, ainsi que pour définir les compétences et la composition du sénat.

Le Japon et le Vietnam se félicitent de l’accord, suivis par les Etats-Unis, l’Australie, la France. Cet accord est immédiatement mis en application par l’amnistie des cinq personnalités, la mise en route du processus d’intégration des soldats dans les FARC.

Nhiek Bun Chhay annonce avoir 8 000 hommes sous ses ordres (il en annonce parfois 20.000!), répartis en 12 bases le long de la frontière khméro-thaïlandaise, mais on pense généralement qu’il ne s’agit que de quelques centaines. Selon Ke Kim Yan, chef de l’Etat Major des FARC, seuls seront réintégrés les soldats faisant partie des FARC. Le 3 décembre, Nhiek Bun Chhay démissionne officiellement du commandement de ses troupes, après 17 mois d’insurrection contre le gouvernement.

Khann Savoeun, commandant en second des forces loyales à Ranariddh, est promu général à trois étoiles. Ancien commandant de la région militaire n° 4 des FARC (Siemréap), il avait pris le parti de Ranaridh en juillet 1997. C’est un homme respecté à la fois par les commandants du Funcinpec et du PPC.

Du 16 au 21 novembre les trois groupes de travail passent à l’oeuvre. Ranariddh et Hun Sen examinent leurs propositions le 21 novembre. Ils tombent d’accord pour que ni Nhiek Bun Chhay ni Serey Kosal ne réintègrent leurs fonctions dans les FARC, mesure avec laquelle les intéressés avaient déjà donné leur accord. Le 23 novembre, les deux partis signent un accord de gouvernement qui disposera donc des 64 voix du PPC et des 43 du Funcinpec, soit 107 voix sur 122. Le 25 novembre, l’Assemblée nationale se réunit, et élit sans surprise Ranariddh comme président (105 voix contre 7), Heng Samrin (107 voix) et Chem Snguon (106), comme premier et second vice-présidents. Le PSR avait proposé deux candidats qui ne recueillent que 8 voix. Ranariddh est donc chef de l’Etat par intérim, en l’absence du roi. La candidature de Hun Sen est proposée au roi qui l’accepte. Le 30 novembre, le premier ministre présente son gouvernement et son programme à l’Assemblée qui l’approuve par 99 voix, 13 contre et 3 abstentions. Le PPC obtient 14 ministères (parmi les plus juteux), le Funcinpec 13, dont celui de la Justice. 53 secrétaires d’Etat se répartissent en 26 PPC et 27 Funcinpec. Seuls les ministères de l’Intérieur et de la Défense demeurent bi-céphales.La commission permanente de l’Assemblée, responsable de l’ordre du jour de ses travaux, comprend 6 PPC, 5 Funcinpec et 1 PSR. Hun Sen annonce que « le nouveau gouvernement devra travailler mieux qu’avant, de manière efficace et solide…Un gouvernement plus technicien et plus responsable que l’ancienne équipe

Sam Rainsy, après avoir reçu maintes assurances de Hun Sen, est rentré au Cambodge le 24 novembre. La police lui interdit d’aller déposer une gerbe sur les lieux de l’attentat du 30 mars 1997 comme il en avait l’intention. Lors de la première séance de l’Assemblée, il fustige le gouvernement: « Installer les mêmes gens au gouvernement est la recette pour un désastreHun Sen a obtenu ce qu’il voulait, le poste de premier ministre », commente Ranariddh (pour qui un week-end passé au Cambodge est « un week-end perdu » et ne pas passer Noël en France paraît un malheur!).

Les deux partis ont abandonné une part de leurs revendications pour aboutir à un compromis honorable: le PPC voulait le poste de premier ministre et de président de l’Assemblée nationale, ainsi que le partage des portefeuilles à 60/40, réclamait le ministère de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice, refusait la grâce des 5 personnalités condamnées: il abandonne la présidence de l’Assemblée, partage les portefeuilles à 50/50, partage les ministère de la Défense, de l’Intérieur, abandonne celui de la Justice et accepte d’accorder l’amnistie.

Le Funcinpec demandait comme préalable l’examen des plaintes concernant les fraudes électorales (près de 330 paraissaient fondées), demandait la présidence de l’Assemblée nationale, demandait la grâce des 5 personnalités et la réintégration des généraux dans leurs grades et fonctions. S’il a eu gain de cause sur beaucoup de ces points, il a dû accepter la formation du sénat, la non-réintégration de Nhiek Bun Chhay et de Sérey Kosal dans l’armée.

Contrairement à ce que dit Sam Rainsy, ce n’est pas un retour à 1993: il y a un partage de l’exécutif (Hun Sen) et du législatif (Ranariddh), les deux hommes n’exercent pas leur pouvoir dans les mêmes sphères. Les deux partis ne rivalisent plus sur un pied d’égalité, en cherchant à s’allier les graces des Khmers rouges comme dans le passé. Il est vrai que si les dirigeants ne changent pas de mentalité politique, et ne font pas passer leurs propres intérêts avant ceux du peuple, c’est une nouvelle catastrophe qui s’annonce.

Les postes de haut-fonctionnaires sont doublés, au terme du compromis entre les deux partis, permettant à chacun d’avoir une part du gateau: il y a désormais 153 secrétaires ou sous-secretaire d’Etat au lieu des 79 de l’ancien gouvernement, 27 ministères au lieu des 17 précédents. Selon le secrétaire général du conseil des ministres, l’administration doit payer 160 000 fonctionnaires, soit le double de ce qui est nécessaire. Comme en d’autres domaines, on attend que le FMI et les pays donateurs payent la facture.

Kem Sokha, ex-président de la commission des droits de l’Homme à l’Assemblée nationale, convoqué par la justice pour interrogatoire concernant son rôle durant les manifestations de septembre-octobre, s’est finalement rendu à la convocation, le 16 décembre. Il n’a pas été inquiété par la suite, son cas ayant été réglé dans l’accord PPC-Funcinpec du 13 novembre.

Le 26 novembre, les directions du PPC et du Funcinpec demandent aux ministres et secrétaires d’Etat d’abandonner leur poste de députés pour éviter tout cumul, et ainsi éviter l’absentéisme à l’Assemblée et sa paralysie par faute de quorum, la soumission du législatif à l’exécutif. Ces démissions sont effectives le 22 décembre pour 16 membres du Funcinpec et 14 PPC.

Le 2 décembre, se tient la première réunion du Conseil des ministres: Hun Sen demande aux ministres et secrétaires d’Etat de tout mettre en oeuvre pour remplir les caisses de l’Etat. Il supprime l’exemption de taxes sur l’achat de véhicules aux députés, aux généraux et futur sénateurs. Cela touche environ 600 personnes. Cette mesure était demandée par le FMI et la Banque Mondiale. Cette exemption de taxes faisait perdre environ 4 millions de dollars par an au gouvernement. Il fait connaître son intention de réduire sa centaine de conseillers à seulement une dizaine de personnes efficaces.

Cependant, dès l’annonce de la création d’un futur sénat, des voix s’élèvent pour en mettre en doute le bien-fondé. Cette nouvelle chambre semble inutile et revenir très cher au pays qui n’a déjà pas d’argent pour payer ses fonctionnaires. La création du sénat ne correspond pas à un besoin réel du peuple, mais est un artifice politique pour trouver une place à Chéa Sim et un placard doré pour les politiciens évincés du gouvernement ou malchanceux aux élections. Le 17 novembre, dans une lettre au roi, 23 petits partis non représentés à l’Assemblée nationale, bien que totalisant plus de 10% des voix, demandent de faire partie du futur sénat. Dans une lettre adressée aux dirigeants du PPC et du Funcinpec, le 24 novembre, le roi se propose de nommer le premier et second président, ainsi que deux membres du sénat. Le 11 décembre, un groupe d’ONG cambogiennes fait une contre-proposition: l’élargissement du Conseil constitutionnel avec deux membres supplémentaires et la nomination de Chéa Sim comme président, avec fonction de chef d’Etat par intérim durant l’absence du roi. Les ONG reprennent en partie les observations de Sam Rainsy.

Mais pour le PPC, la création du sénat n’est pas à discuter: elle fait partie des accords signés par les deux partis le 13 novembre, avec l’agrément du roi.

Le 7 décembre, Sam Rainsy écrit une longue lettre, en français, au roi, pour lui exprimer ses extrêmes réserves quant à la création du sénat: cela demande une refonte complète de la constitution. Comment d’autre part, l’Assemblée peut-elle nommer les sénateurs chargés de contrôler son travail. C’est d’autre part une opération coûteuse, un compromis non démocratique : « Plaisanterie coûteuse, renforçant l’instabilité politiqueIl demande que la création du sénat soit soumise à un référendum, car les électeurs du 26 juillet n’ont pas mandaté les députés pour une telle création. Le roi transmet la lettre de Sam Rainsy à Ranariddh, président de l’Assemblée, ainsi qu’à ses deux vice-présidents, et à Hun Sen. Le 23 décembre, le roi envoie un nouveau fax aux mêmes personnalités, leur demandant d’examiner sérieusement la proposition de référendum pour la création du sénat. Le 26 décembre, le roi envoie un nouveau fax, dans lequel il indique que le nombre des sénateurs devrait être limité en raison des finances de l’Etat. 6 seraient nommés, dont 2 par lui-même, 2 par l’Assemblée nationale, 2 par le gouvernement. Les autres seraient élus par les différents groupes ethniques et les différentes professions: artistes, agriculteurs, industriels, travailleurs… Il n’est pas opposé à la nomination de Chéa Sim comme président du Conseil constitutionnel ou du Conseil du trône.

La fin des Khmers rouges

Le 2 décembre, lors du premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement, Hun Sen appelle les derniers chefs Khmers rouges, Khieu Samphan et Ta Mok, à se rendre sans condition.

Le 5 décembre, Téa Banh, co-ministre de la Défense annonce la reddition « sans condition » de 1000 soldats khmers rouges et de leurs familles, encadrés par Khem Ngoun, chef d’état-major de Ta Mok, et 7 autres cadres Khmers rouges (dont Pol Nuon, Dul Saroeun, Méas Muth, gendre de Ta Mok et Iem Phan, chefs de la résistance de Samlaut, Khem Them, tenu pour responsable du massacre de 22 personnes d’un village de Kompong Chhnang en avril dernier, Nuon Nov, conseiller économique de Ta Mok), au terme de négociations menées à Préah Vihéar, et après la reconnaissance officielle du gouvernement par les instances internationales. « Nous voulons nous battre pour l’amélioration économique au lieu de combattre avec les armes, car nous nous sommes battus déjà fort longtemps… C’est la fin complète des Khmers rougesdéclarent-ils. Khem Ngoun avait pourtant déclaré en avrilpréféré se suicider que de travailler avec Hun Sen et les VietnamiensSelon les déserteurs, Ta Mok posséderait 15 millions de dollars dans les banques thaïlandaises.

Cependant, le 9 décembre, dans la province de Bantéay Méan Chhey, on déplore le rapt de 3 agents de l’ONG CARE, par les Khmers rouges de la division de Dul Saroeun, récemment rallié, pour lesquels on demande une rançon. Les trois agents sont relâchés le 15, sans qu’apparemment, de rançon ait été versée. Le même 9 décembre, on annonce qu’une bande de 15 à 20 Khmers rouges ont emmené, les 1 et 2 décembre, 40 villageois de Chong Kal (province d’Oddar Méan Chhey), et les avoir relâchés après versement d’une rançon de 2.000 dollars. C’est désormais le problème des soldats désoeuvrés et sans ressources qui versent dans le banditisme.

Sur la nouvelle route de Mondolkiri à Chhlong, les Khmers rouges ralliés ont appris à placer des « contrôles » pour ponctionner de l’argent aux véhicules.

Le 25 décembre, Khieu Samphân, ex président du Kampuchéa démocratique, et Nuon Chéa, numéro 2 du régime, écrivent chacun une lettre à Hun Sen lui exprimant leur volonté de « vivre dans la société comme de simples citoyensHun Sen leur répond le jour même, que « non seulement moi-même, mais également tout le gouvernement royal et les FARC, expriment leur plus chaleureux accueil à leurs Excellences qui reviennent vivre dans la société nationaleLes deux chefs khmers rouges arrivent en voiture de Thaïlande (quelles sont les mauvaises langues qui les disaient réfugiés en Thaïlande?), puis transportés le 29 décembre en hélicoptères à Phnom Penh, où ils sont reçus comme des personnages de haut rang par Hun Sen, logés avec leur famille dans 10 chambres louées pour eux au luxueux hôtel le Royal-Phnom Penh, véhiculés à bord de 4×4 flambant neufs. Hun Sen s’engage publiquement à ne pas les traîner devant un tribunal national ou international: « Est venu le temps de parler de réconciliation, non de tribunaux. Nous devons creuser un trou et y enterrer le passé » . Durant une conférence de presse tenue par les deux chefs khmers rouges le 29 décembre, Khieu Samphan bredouille trois fois aux journalistes le questionnant sur le passé: « Oui, je suis désolé

L’accord entre les deux chefs Khmers rouges et le gouvernement a été négocié par Ieng Sary. Hun Sen, qui avait tenté de faire lyncher Khieu Samphân en 1991, puis qui avait cherché à le faire arrêter, puis, le 19 juin, avait déclaré ne l’accepter que s’il permettait la capture de Ta Mok, lui ouvre maintenant les bras. Khieu Samphân n’a pas révélé où se trouvait Ta Mok.

La perspective de la tenue d’un tribunal international pour juger les responsables khmers rouges s’éloigne. le 16 novembre, Hun Sen avait donné son accord pour la tenue d’un tribunal international aux deux envoyés de l’ONU venus au Cambodge pour examiner les possibilités concrètes d’un jugement des responsables khmers rouges. Mais le premier ministre préférerait initialement que ce tribunal se tienne au Cambodge, avec l’aide d’experts internationaux, et les finances internationales. Il déclare désormais la tenue de ce tribunal « impossible »C’est une solution purement khmèredit-il. « Les Accords de Paris ne stipulent pas de traîner les Khmers rouges devant un tribunaldit encore le premier ministre.

Le 5 décembre, le forum de 15 ONG, avait soutenu l’idée d’un tribunal international pour juger les responsables khmers rouges « pour rétablir le sens de la justice dans le paysLe 30 décembre, elles s’insurgent contre la décision de Hun Sen: c’est favoriser, à leur yeux, la « culture d’impunité » qui prévaut au Cambodge depuis dix ans. Paris estime que le « devoir de justice ne peut être éludé« , Les Etats-Unis, le gouvernement britannique exigent la tenue d’un tribunal pour juger les deux auteurs du génocide cambodgien et avertissent de la possible dégradation des relations bilatérales avec le Cambodge. Le Vietnam, pourtant si opposé aux Khmers rouges, déclare que la décision appartient au peuple cambodgien. De Pékin, le roi Sihanouk déclare qu’il n’accordera pas la grâce aux deux Khmers rouges, et remet toute la responsabilité dans les mains de Hun Sen. Les Cambodgiens, pour le plus grand nombre, ne s’en occupent guère. « Tout cela, c’est du passéSeules les populations anciennement sous le contrôle des Khmers rouges redoutent le retour de leurs anciens petits bourreaux locaux.

Il est pour le moins curieux que ce soient les étrangers qui tiennent au tribunal international, semblant oublier que les principaux violateurs des droits de l’homme au Cambodge sont Nixon et Kissinger qui ont engagé le pays dans la guerre, lancé une opération complètement démente en mai 1970, rasé le Cambodge à coups de B 52 du 29 janvier 1973 au 15 août 1973 à minuit (il n’y avait aucun soldat américain au Cambodge, mais les USA voulaient se retirer à tous prix du Vietnam voisin), ré-armé les Khmers rouges en 1979… Les puissants oublient vite leurs crimes… Amnesty International n’a rien dit durant le génocide, malgré les documents qui lui étaient fournis… Le gouvernement français sous Giscard d’Estaing non plus…

Le roi Sihanouk a très justement répondu à un journal thaïlandais qui l’accusait d’endosser « une très lourde et ignominieuse responsablilité  » s’il accordait son amnistie aux deux anciens chefs khmers rouges: « personne n’ignore ce que les Thaïlandais ont fait en faveur des Khmers rouges des décennies durant

Sans pour autant faire nôtre ni vouloir défendre la position cambodgienne, il faut la replacer dans son contexte culturel. Comme l’expliquait très clairement un moine bouddhiste célèbre à une cinquantaine d’étrangers au sujet de Ieng Sary en 1996: à quoi servirait-il de le tuer, les morts n’en ressusciteraient pas pour autant! Il est déjà jugé! Son karma est mauvais. Il doit vivre avec et en supporter les conséquences!

Sans doute ne faut-il pas chercher uniquement dans la mentalité khmère une telle décision. Le 16 décembre, Hun Sen a rencontré les autorités chinoises qui ont soutenu longtemps les Khmers rouges et qui ont sans doute pris des engagements vis-à-vis du premier ministre cambodgien. La Thaïlande s’empresse de traiter la question de problème interne au Cambodge. Sur le plan interne, quelles alliances Hun Sen est-il en train de tisser? Ne redoute-t-il pas d’être éclaboussé par un procès des chefs Khmers rouges? Faut-il voir une relation de cause à effet lorsque le 22 décembre, les 15 parlementaires du PSR déclarent soutenir la recherche de preuves concernant les crimes de guerre commis par Hun Sen, spécialement ceux commis durant l’opération K5, de juillet 1984 à 1988, lorsque des centaines de milliers de Cambodgiens ont dû aller installer un « mur de bambou » pour sceller les frontières du Cambodge, ainsi que pour le meurtre d’opposants politiques en 1993, de l’attentat du 30 mars 1997, des assassinats qui ont suivi le coup d’Etat de juillet 1997, et la répression de septembre-octobre 1998. En Octobre, 7 députés américains, en l’absence de la quasi totalité des députés, avaient réussi à faire passer une résolution dans ce sens, mais qui ne reflète pas l’opinion du gouvernement des Etats-Unis. Sam Rainsy a décidé de poser une question écrite au gouvernement sur le jugement des Khmers rouges.

Hun Sen et les deux responsables khmers rouges jouent une partie d’échecs serrée: Hun Sen veut apparaître pour celui qui a ramené la paix et la réconciliation au Cambodge. Il pense pouvoir plus facilement neutraliser les Khmers rouges en les mettant de son côté. Les Khmers rouges qui ont perdu la partie sur le plan militaire semblent vouloir reconquérir leur place sur le plan politique. Khieu Samphân reste pour beaucoup le symbole de l’intégrité. Ils possèdent une région autonome à Païlin où ils on encore 3 000 hommes en armes. Il peuvent en mobiliser 7 000 autres assez facilement.

Reconnaissance internationale

La priorité de Hun Sen est la reconnaissance du Cambodge sur la scène internationale, par la récupération du siège du Cambodge à l’ONU et l’entrée dans l’Asean. Ces deux admissions semblent nécessaires pour l’octroi d’aides internationales et pour assurer d’éventuels investisseurs dans le pays.

Recouvrement du siège du Cambodge à l’ONU

Le 3 décembre, Hor Nam Hong, nouveau ministre cambodgien des Affaires étrangères, remet aux diplomates en place à Phnom Penh une lettre du roi Sihanouk concernant la ré-admission du Cambodge à l’ONU, dont le siège est vacant suite aux « évenements » des 5-6 juillet 1997. Le Cambodge est accueili le vendredi 4 décembre, sur rapport de la commission de vérification des pouvoirs. La vacance du siège est close officiellement le 11 décembre, à 11 h. Ouch Borith, ancien premir sécrétaire, est nommé ambassadeur auprès de l’ONU.

Accueil « virtuel » à l’Asean

De Pékin, le 2 décembre, le roi Sihanouk presse les membres de l’Asean d’accueillir le Cambodge en son sein lors de sa réunion des 15-16 décembre à Hanoï. Le Vietnam, pays hôte et protecteur du régime cambodgien, ainsi que l’Indonésie, y sont très favorables. Les Philippines, nouveaux champions des droits de l’homme en Asie, veulent attendre que le gouvernement cambodgien ait fait preuve de stabilité politique, et notamment que le sénat soit formé. La Thaïlande, traditionnel rival du Cambodge sur le plan du tourisme, et opposé à son voisin pour des problèmes de frontières, spécialement dans les champs pétrolifères off-shore, veut retarder également l’entrée du Cambodge dans le club des 9. Singapour est opposé, car pour lui, le Cambodge reste un état communiste, et l’admission du Cambodge serait un cadeau fait au Vietnam. Brunei demeure silencieux. L’Union européenne est favorable à l’accueil du Cambodge au sein de l’Asean. Le 8 décembre, Sam Rainsy demande aux membres de l’Asean de ne pas reconnaître son pays, car un accueil« consoliderait un état mafieux dans un régime bananierHun Sen, qui a prévu une visite officielle à Hanoi les 13-14 décembre, menace de boycotter l’Asean en cas de refus d’admission de son pays.

Jusqu’à la veille de la réunion du sommet de Hanoï, l’incertitude demeure. Pour sauver la face du pays hôte du sommet, les dirigeants de l’Asean acceptent, au finish, le principe de l’acceptation du Cambodge en son sein, comme dixième membre, mais la cérémonie officielle aura lieu à Hanoi à une date à fixer par les ministres des Affaires étrangères. Cela réjouit le PSR, et d’autres, qui voient dans cette mesure dilatoire une volonté de vérification des bonnes paroles et des engagements pris par le gouvernement concernant les réformes économiques, le respect des droits de l’homme.

Hun Sen se réjouit de la solution, même s’il n’a pu siéger comme membre aux côtés des neuf responsables de l’association, mais seulement comme premier des observateurs: « La cérémonie de mariage a été organisée. Il suffit mainenant d’attendre son enregistrement à l’Etat civil

Après sa visite officielle et sa participation au sommet de l’Asean à Hanoï, Hun Sen se rend en Chine pour une visite « non officielle » afin de rencontrer le roi Sihanouk. Il y rencontre également Lim Peng, n° 2 du Parti et président du Congrès national du Peuple. Il affirme sa politique de reconnaissance d’une seule Chine.

Economie

L’inflation se situait, en août, à environ 13,98 %. La BAD prévoir une augmentation du PIB de 3% en 1998, un peu en retrait sur les 3,5% prévus par le ministre des finances cambodgien.

Le FMI et la Banque mondiale exigent la démobilisation d’une partie de l’armée, le recouvrement des taxes et la transparences dans les comptes de l’Etat, ainsi qu’une nouvelle politique forestière pour la reprise de ses aides. Le Japon propose la tenue d’une conférence internationale des pays donateurs d’aides au Camboge et des instances internationales à Tokyo en février prochain, en remplacement de celle prévue en octobre 1998, annulée pour instabilité politique au Cambodge. Le temps au Cambodge de donner quelques preuves de la véracité de ses propos.

L’armée

Les dépenses militaires des 10 premiers mois de 1998 ont dépassé de 136% les prévisions budgétaires de 1998 (33,9 millions de dollars), alors que seulement 57% des allocations pour le reste de l’administration ont été déboursés. Le ministère de la santé s’estimerait heureux de recevoir seulement les 50% budgétés (16,4 millions)!

70 millions de dollars seraient nécessaires pour mener à bien la démobilisation d’une partie de l’armée. Le 1er décembre, Ke Kim Yan, chef d’état-major, déclare qu’il faut réduire les effectifs de 30%, mais le gouvernement ne s’engage à payer que pour 10%. Il convient d’ajouter les frais de réintégration des 20 000 Khmers rouges ralliés depuis 1993. Selon Téa Banh, ministre de la Défense, 148 000 hommes sont inscrits sur les rôles de l’armée, mais les observateurs militaires bien informés estiment seulement à 100 000 hommes le nombre des soldats.

Les populations d’Anlong Veng libérées par l’armée gouvernementales en avril dernier, se plaignent que leurs « libérateurs » les aient libérés également de leur stock de 15 000 tonnes de riz destiné à les nourrir, ainsi que de tout le matériel lourd d’équipement, comme 2 bulldozers et un surfaceur de piste. L’armée dément, évidemment, mais c’est le même procédé de la soldatesque que celui utilisé lors de la libération momentanée de Païlin en 1994 et lors du coup d’Etat de juillet 1997.

Recouvrement des taxes et impôts

Un projet de loi, proposé le 4 décembre, prévoit que les fonctionnaires bénéficiant d’un salaire mensuel de plus de 300 dollars devront payer des impôts: les sous-secrétaires d’Etat dont le salaire (officiel) est de 360 dollars devront payer un impôt de 2%, les secrétaires d’Etat, dont le salaire (officiel) est de 435 dollars un impôt de 5% et les ministres, dont le salaire (officiel) est de 514 dollars, payeront 10%.

La TVA devrait passer de 4 à 10% le 1er janvier 1999.

Le 10 décembre, le ministre des Finances fait saisir les avoirs des sociétés étrangères de téléphone pour n’avoir pas payé leurs taxes concernant les communications avec l’étranger. Les différentes sociétés n’ont pas réussi à récupérer les communications de leurs usagers pour un montant estimé à 10 millions de dollars, dont la plupart sont dûs par les ministères. 2 millions sont dépensés par les ministères chaque année. Désormais, seuls les ministres pourront se servir de leur téléphone portable au frais de la collectivité.

Le gouvernement n’a récolté que 5 millions de taxes provenant de l’exploitation du bois, ce qui est très inférieur aux prévisions. « Ce n’est pas une surprise puisque la plupart des revenus du bois ont été détournés pour les élections et pour l’armée », déclare Patrick Alley de l’association britannique « Global Witness« . Il prévoit 19 millions pour 1999. En 1997, il en avait récolté 12,7.

A partir du 15 novembre, est lancé l’enregistrement des véhicules et la perception de taxes sur ces véhicules à Phnom Penh. La ville espère recueillir 358 975 dollars de l’opération. Il y a actuellement 35 656 voitures, 5 317 camions, 26 898 motos enregistrés à Phnom Penh, mais le nombre réel est beaucoup plus élevé. Les nombre des accidents est en nette augmentation: 495 en 10 mois en 1998, contre 429 pour toute l’année 1997. 99 personnes ont été tuées, contre 88 en 1997. 

Bois

Le 4 novembre, on apprend que Hun Sen a limogé, le 22 octobre, deux généraux proches de Hun Nean, frère de Hun Sen, pour traffic illégal de bois et de caoutchouc: l’un d’eux, Sath Suoeun, est un criminel notoire, meutrier, entre autres, d’un adolescent à Kompong Cham l’an dernier, chez lequel on a trouvé 200 fusils. Ils ne sont pas arrêtés pour autant.

Le 5 décembre, dans un geste spectaculaire, Hun Sen ordonne de brûler 11 camions de transport de bois à Snoul, dans la province de Kratié. Les camions avaient été confisqués le mois précédent alors qu’ils transportaient du bois en provenance du parc protégé de 75 000 hectares de Snoul. Aucun trafiquant, comme d’habitude, n’a été arrêté.

Début décembre, on apprend qu’en juin, une concession de 2 400 hectares faisant partie des 37 500 hectares du site sacré de Phnom Kulen, classé en 1993 par décret royal comme l’une des 23 régions protégées, a été accordée à la 4ème région militaire, avec approbation du Conseil des ministres. Le document porte la signature de Hun Sen, de Ung Huot et de Ke Kim Yan.

Le 12 décembre, Global Witness annonce que le Vietnam est en train d’exporter pour plus de 70 millions de dollars de bois cambodgien, pour le ré-exporter sur l’Europe. « Les ressources du Cambodge sont ravagées à un niveau jamais atteintLe 28 juillet 1998, le vice-premier ministre vietnamien a signé le document n° 861/CP/KTTH permetttant à la compagnie forestière d’Etat Vinafor de ré-exporter du bois cambodgien et laotien comme « surplus de bois nationauxEn septembre, 350 radeaux flottant sur le Mékong ont emporté au moins 31 000m3 de bois vers le Vietnam. Cela s’ajoute aux 260m3 de bois exportés illégalement vers le Vietnam en 1997 et début 1998.

Pour 1999, la taxe sur le bois devrait passer de 14 à 54 dollars le m3. Le gouvernement ne devrait autoriser la coupe que de 400000m3. La Banque mondiale estime que 4 millions de m3 ont été coupés durant la dernière saison sèche. 500 000 m3 seraient le chiffre maximum d’une exploitation normale.

Le 21 décembre, les députés du PSR font une demande écrite au président de l’Assemblée: combien de millions d’hectares de forêts ont-ils été détruits depuis 1993? Pour quel montant? Selon l’article 96 de la constitution, le gouvernement doit répondre dans les 7 jours. La question est transmise au gouvernement par le comité permanent de l’Assemblée et restera sans réponse.

Textile

Les Etats-Unis menacent d’imposer un quota pour l’importation de certains produits textiles en provenance du Camboge à partir du 1er janvir 1999, « parce qu’elles mettent en danger nos usinesdéclarent les responsables américains. Cham Prasidh, ministre du Commerce se rend à Washington au début du mois de décembre pour une série de négociations: le Cambodge avait jusqu’au 21 décembre pour négocier les quotas de blouses de coton, de sweaters et de T-shirts. Il parvient à repousser l’ultimatum. Une autre série de négociations est prévue à Phnom Penh le 19 janvier. Ces négociations mettent en péril les 139 nouveaux projets d’usines textiles. Actuellement 250 usines employent 72 000 ouvriers, et rapportent environ 3 millions de dollars (sur une valeur totale d’exportation de 360 millions). 73 % des exportations sont dirigées vers les Etats-Unis (240 millions de dollars), 25 % vers l’Europe. Le dépassement des quotas fixés vient en grande partie de l’importation frauduleuse de produits manufacturés à l’étranger, importés au Cambodge pour avoir la mention « Made in Cambodia » et bénéficier ainsi de l’exemption de droits de douanes.

Mines

Les accidents personnels causés par les mines sont en nette diminution. On en compte « seulement » 54 en octobre dernier, au lieu des 67 durant le même mois de 1997, et 133 en 1996.

L’Australie accorde un don d’environ 988 000 dollars à la CMAC (Centre Cambodgien pour l’action contre les Mines) pour l’aménagement d’un centre d’entrainement de démineurs à Kompong Chhnang. L’Australie a fourni une aide de 10,2 millions de dollars depuis 1993.

Société

Plus de 200 enseignants du lycée phnompenhois Yukanthor se mettent en grève pour réclamer le paiement de leur maigre salaire (15 à 20 dollars officiels,plus quelques 50 centimes par jour réclamé à chaque enfant, non officiel).

Le 11 décembre, le courageux Thung Saray, fondateur de l’ONG cambodgienne ADHOC reçoit le 3ème prix de la Fondation des droits de l’homme à Tokyo. Thung Saray avait été mis à la sinistre prison T3 par Hun Sen en 1991 pour avoir participé à la fondation d’un parti politique.

Le poisson se fait très rare dans les eaux du Mékong, sans doute à cause de l’absence de crue du fleuve.

Selon une étude menée par le Centre social pour le Développement, près de 85% de la population juge la corruption comme une réalité normale.

Mok Chito, directeur de la police des étrangers, est accusé par Heng Peuv, vice-directeur de l’unité anti-drogue du ministère de l’Intérieur, d’être impliqué dans des affaires de meurtres, d’enlèvements et de traffic de voitures volées. Le 4 décembre, il est démis de ses fonctions. Mok Chito, pour sa part, accuse Heng Peuv d’être impliqué dans un attentat contre Thong Uy, rédacteur du journal Koh Santéphéap, le 8 juin dernier, et d’avoir vendu 2,7 kg de marijuana confisquée, pour une somme d’environ 3 millions de dollars. Le 17 décembre, il est relevé de ses fonctions. You Hockry a bien vendu deux kilos d’héroïne qui lui avaient été confiés. Il reste co-

ministre de l’Intérieur.

Un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur « estime que 35% des familles possède une ou plusieurs armesce qui explique, selon lui, la recrudescence des crimes et délits constatés depuis plusieurs mois. En un mois, 4 937 armes ont été saisies lors de contrôles routiers ou lors de recencement des armes à Phnom Penh. Selon le ministère de l’Intérieur, 30 000 personnes ont le droit de posséder une arme. On étudie le moyen de réglementer le droit de port d’armes. Prochainement une carte d’identité, un livret de famlle et une carte de séjour seront établis pour les citoyens.

Le 15 décembre, 1 030 vidéos pornographiques ont été brûlées à Battambang.

Selon un rapport remis au Secrétaire général de l’ONU, plus de 20% des détenus cambodgiens sont torturés par la police ou les gardiens de prison. L’auteur de ces lignes connaît personnellement deux jeunes gens, dont l’un âgé de 16 ans, arrêtés pour un vol de moto d’une valeur de 360 FF, incarcérés, condamnés à 5 ans de prison, et torturés tous les jours à l’électricité, pour que « les ONG de défense des droits de l’homme ne le voient pas »…

Le 28 octobre deux policiers du ministère de l’Intérieur sont arrêtés pour traffic de drogue à Phnom Penh. Le 31 octobre un trafiquant est arrêté à Kratié avec 740gr d’héroïne. Le 28 décembre, deux Cambodgiens sont arrêtés en possession d’un kilo d’héroïne.

Cinq queues de typhons se sont abattues successivement sur le Cambodge durant la fin de l’année, provoquant une température anormalement basse (18,7( à Phnom Penh, 16,4( à l’intérieur du pays). Un froid sibérien attribué à La Nina, pendant froid de El Nino.

La ration alimentaire moyenne au Cambodge est la plus faible d’Asie: 1980 calories, derrière la Mongolie (2 010) Le Laos (2 100), la Thaïlande (2 330) mais devant la Somalie (1 580), l’Erythrée (1 640). La malnutrition ne semble pas frapper les excellences grasses de l’administration. A titre de comparaison, les Danois avec 3 780 calories sont le peuple qui ingurgite le plus grand nombre de calories.