Eglises d'Asie

L’évêque coadjuteur de Phnom Penh se prononce en faveur de l’organisation d’un procès contre les chefs Khmers rouges

Publié le 18/03/2010




“L’Eglise travaille pour la réconciliation mais cette réconciliation doit reposer sur la vérité, la justice et la reconnaissance de sa responsabilité de la part de celui qui a commis le mal”, a déclaré Mgr Emile Destombes, évêque coadjuteur de Phnom Penh, à l’agence romaine Fides. Il faisait référence à la controverse née à la fin du mois de décembre 1998, au sujet de Khieu Samphan et Nuon Chea, deux chefs historiques des Khmers rouges, qui ont été reçus en grande pompe par le premier ministre, Hun Sen. Celui-ci, revenant sur des déclarations précédentes, les a accueillis “dans un esprit de réconciliation” en leur garantissant l’impunité (1).

L’initiative du premier ministre a soulevé un tollé général dans l’opinion internationale et dans les partis cambodgiens d’opposition. Le roi Sihanouk a refusé d’accorder l’amnistie aux deux Khmers rouges. “Compte tenu du mécontentement général du peuple cambodgien, j’annonce que je ne ferai pas usage de mon pouvoir d’amnistie pour les criminels khmers rouges”, a-t-il déclaré le 29 décembre. De son côté, Thomas Hammarberg, représentant de l’ONU pour les droits de l’homme, a dit : “Il serait triste que les Khmers rouges parviennent à éviter un procès. Comment expliquer que de grands criminels soient en liberté et de petits voleurs en prison ?” Dans un communiqué paru le 29 décembre, Amnesty International demande aussi la fin de l’impunité pour les responsables Khmers rouges et condamne le gouvernement cambodgien “qui permet aux anciens Khmers rouges d’échapper à la justice. Sans justice, il ne peut y avoir de progrès et on ne peut pas mettre une pierre sur le passé tant que l’on n’aura pas dit la vérité”.

Hun Sen a finalement cédé à la pression internationale. Khieu Samphan et Nuon Chea sont retournés sur leur base de la frontière thaïlandaise. Avec Ta Mok, ils restent les seuls chefs Khmers rouges en activité à la frontière thaïlandaise.

Plusieurs anciens dirigeants importants des Khmers rouges, dont Ieng Sary, ont déjà été amnistiés dans le passé et sont devenus membres du gouvernement de Phnom Penh. Hun Sen lui même est un ancien chef khmer rouge.