Eglises d'Asie

Agitation politico-médiatique autour d’un éventuel voyage de Jean-Paul II à Hongkong

Publié le 18/03/2010




Depuis la fin du synode des Eglises d’Asie, en mai 1998, chacun spécule sur le lieu d’Asie qui sera choisi par le pape Jean-Paul II, en 1999, pour publier son « exhortation » finale qui doit être la conclusion du synode. Inde, Vietnam, Chine ont été tour à tour mentionnés comme des possibilités. L’éventualité d’un voyage du pape dans l’un de ces trois pays pose des problèmes politiques différents pour chacun d’entre eux. En Inde, dans le climat actuel de violences anti-chrétiennes, la venue du pape pourrait être perçue comme une provocation par les militants de , partisans d’une identification entre l’hindouisme et la nation indienne, et soupçonnés d’être à l’origine de la plupart des agressions contre les chrétiens au cours de ces derniers mois. Au Vietnam, les autorités ne peuvent que s’effrayer à l’idée qu’un tel voyage provoquerait d’immenses rassemblements de catholiques. Quant à la Chine, elle n’entretient pas de relations diplomatiques avec le Vatican.

C’est dans ce contexte que Mgr Aloysius Jin Luxian, évêque « officiel » de Shanghai, reconnu par le gouvernement chinois mais non reconnu par le Saint-Siège, a donné une interview au magazine catholique italien « 30 Giornidans laquelle il évoque la possibilité d’un voyage du pape à Hongkong au cours de l’année 1999 pour donner les résultats du synode des Eglises d’Asie. Il a réitéré à cette occasion l’idée que le pape est le leader de tous les catholiques du monde, y compris ceux de Chine. Il a ajouté que Mgr Joseph Zen, évêque coadjuteur de Hongkong, faisait tout ce qui était en son pouvoir pour rendre ce voyage du pape possible.

Interrogée par la presse locale, le 10 février, la porte-parole du diocèse de Hongkong, Mary Seung, a cependant nié qu’une décision ait été prise concernant un voyage éventuel du pape sur le territoire : « Nous n’avons aucune confirmation de Rome et il semble qu’aucune décision n’ait encore été prise. Bien entendu, nous serions très heureux que le SaintPère vienne iciElle a annoncé aussi que Mgr Zen avait l’intention de se rendre à Rome au cours du mois de février et que les choses seraient sans doute plus claires à son retour.

De son côté, Pékin s’est refusé à tout commentaire sur la question. Selon la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhang Qiyue, « la position chinoise est que le Vatican doit dénoncer ses relations avec Taiwan et s’engager à ne pas intervenir dans les affaires intérieures chinoisesElle a refusé de répondre aux questions des journalistes concernant la visite éventuelle du pape à Hongkong, en disant que, « pour les détails, il faut s’adresser au gouvernement de la Région administrative spécialeSelon un observateur interrogé par Eglises d’Asie, le gouvernement de Hongkong, déjà en délicatesse avec Pékin au sujet de décisions prises par le pouvoir judiciaire du territoire (1), pourrait ne manifester qu’un enthousiasme modéré à l’idée d’un voyage du pape sur le territoire, qui ne manquerait pas d’agacer les autorités du continent. Ce serait pourtant un test concret du slogan « un pays deux systèmes » qui a présidé à la rétrocession de Hongkong à la Chine.

Dans la même interview à « 30 GiorniMgr Aloysius Jin Luxian a affirmé que le Vatican avait récemment repris des contacts avec Pékin. Il a ajouté : « Nous prions pour que, très vite, on arrive à un accord qui permettrait une déclaration commune des deux parties et l’envoi d’un nonce apostolique à Pékin plutôt qu’à TaiwanLe 11 février, Zhang Qiyue, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré ne rien savoir « des détails et des circonstances » entourant cette question. De son côté, le même jour, le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’Etat du Vatican, a déclaré que le Saint-Siège était prêt à établir une nonciature à Pékin si les autorités chinoises le permettaient : « L’Eglise catholique est prête à transporter à Pékin la nonciature de Chine, qui se trouve aujourd’hui à Taiwan, non pas demain mais ce soir même si les autorités chinoises le permettentIl a ajouté que cela n’impliquerait nullement la fin des relations avec Taiwan. Dans le même discours, le cardinal Sodano a remercié les autorités italiennes d’avoir soulevé la question de la liberté religieuse en Chine au cours de leurs contacts avec le gouvernement de ce pays. Il a demandé au premier ministre italien, Massimo d’Alema, de continuer sur cette voie à l’occasion du voyage en Italie du président chinois Jiang Zemin en mars 1999.

Au mois de janvier 1999, le Vatican avait déjà sondé les autorités de Pékin sur la possibilité de renouer le dialogue, par l’intermédiaire du maire communiste de Rome, en visite à Pékin (2).