Eglises d'Asie

L’Eglise catholique prend des initiatives visant au règlement de la dette extérieure du Pakistan

Publié le 18/03/2010




A l’initiative de la Commission “Justice et paix” de la Conférence des supérieurs majeurs, deux campagnes de signatures viennent d’être lancées dans le pays. Elles ont pour but de sensibiliser l’ensemble de la population aux risques qu’elle encourt à laisser s’élever sans réflexion la dette extérieure du pays. L’objectif principal est de persuader que l’argent employé à payer les intérêts de la dette serait mieux employé s’il contribuait à faire progresser le système éducatif, les services de santé ou les programmes de sécurité sociale.

Une première campagne a été organisée sur la base des résultats de six ateliers qui ont été tenus sur l’ensemble du pays, à Islamabad, Karachi, Lahore, Multan, Peshawar et Quetta. Des discussions y ont été organisées auxquelles ont participé chrétiens et musulmans. A l’issue de ces débats, une pétition pour laquelle les organisateurs espèrent réunir plus de 100 000 signatures sera soumise, avec celles de nombreux autres pays, au sommet du G-8, groupe des pays les plus industrialisés, qui se réunira en Allemagne en juin prochain. La pétition se présentera sous la forme d’un appel aux pays les plus industrialisés pour qu’à l’occasion de l’an 2000, ils remettent la dette des pays en voie de développement. Un exemplaire de cette pétition sera directement envoyé au premier ministre du Pakistan, Nawaz Sharif.

La seconde initiative de la commission “Justice et paix”, intitulée “Jubilé 2000”, recueillera également des signatures pour une pétition au contenu légèrement différent. Elle demande que soient présentés à l’approbation du parlement tous les projets d’emprunts contractés par le gouvernement auprès de divers pays ou institutions. Elle exige aussi que soit mis un terme aux emprunts destinés à financer d’énormes projets qui causent davantage de problèmes au pays qu’ils ne lui apportent d’avantages. Déjà, selon la Commission, plus de 150 communautés et ONG ont pris part à la campagne pour la seule province du Punjab. Selon les organisateurs, au moins 400 organisations pourraient participer à la campagne.

Dans un carrefour qui s’est tenu le 30 janvier dernier à Lahore où participaient musulmans et protestants, des statistiques précises ont été données au sujet de la dette. Durant l’année fiscale 1997-1998, le Pakistan a emprunté un total de 3,5 milliards de dollars. Sur cette somme globale, 2,5 milliards ont été utilisés à payer les intérêts de la dette déjà contractée. Il ne restait donc qu’un milliard de dollars à investir dans des travaux visant le bien-être général. L’économiste Asghar Khan a révélé que la dette pakistanaise qui était de 6 milliards en 1977 a aujourd’hui atteint la somme de 40 milliards même si les statistiques officielles ne l’estiment qu’à 38 milliards. Pendant ce temps, a-t-il ajouté, les riches citoyens ont mis le pays au pillage et ont transféré à l’étranger 75 milliards de dollars, largement assez pour payer la dette actuelle. L’économiste a conclu que la population ne devait plus supporter le poids de la dette nationale. Selon lui, grâce à des alliances globales, à des restructurations fondamentales et au règlement raisonnable des questions locales, on devrait pouvoir s’opposer à la politique radicale imposée par les grandes instances internationales comme le Fonds monétaire international, la Banque mondiale ou l’Organisation du Commerce mondial.

Pour sa part le secrétaire de la Commission justice et paix s’est montré plus optimiste. Il a fait remarquer que les pays du G- 8 avaient fait connaître leur volonté de négocier le ré-échelonnement du remboursement de la dette. Il a proposé aussi que la dette restante soit transformée en un fonds qui serait investi en devises locales dans des travaux consacrés à l’environnement ou au développement.

Dans un atelier qui s’est tenu le 2 février à Multan, plus de 120 participants, représentants de 85 organisations différentes, ont débattu du même sujet et émis un grand nombre de propositions visant au règlement du problème de la dette extérieure du pays.