Eglises d'Asie

Opérations musclées pour libérer des paysans pauvres endettés, détenus par des propriétaires terriens

Publié le 18/03/2010




Dans la province méridionale du Sindh, les forces spéciales de la Commission locale des droits de l’homme ont procédé à deux opérations à l’issue desquelles 49 paysans sans terre, que l’on appelle “haris”, ont été libérés de prisons privées où les détenaient des propriétaires terriens. Parmi eux, il y avait des femmes et des enfants. Une première opération a eu lieu à Khipro, dans le district de Sanghar, pour répondre à une plainte déposée l’année dernière par un hari d’un certain âge qui avait réussi à s’échapper de sa prison. Trente-six détenus ont pu être récupérés au cours de cette première intervention menée avec la collaboration des autorités locales. Une seconde opération menée contre la prison privée d’un propriétaire terrien de Chhor, dans le district de Umerkot, a permis la délivrance de 13 autres paysans détenus. Les paysans libérés ont été emmenés dans un camp spécialisé dans leur hébergement, à Kotri, dans la même province.

Selon les statistiques fournies par la Commission provinciale des droits de l’homme, il y aurait aujourd’hui quelque 50 000 fermiers détenus dans ce type de prison par des propriétaires musulmans qui les accusent d’être redevables envers eux de grosses sommes d’argent. Ces paysans, hindous de basses castes, appartenant aux minorités ethniques Bheel et Kholi, bénéficient généralement d’un salaire bien insuffisant pour s’acquitter des dépenses exigées pour leur subsistance. Des familles entières sont obligées de travailler les champs appartenant à de gros propriétaires avec une rétribution qui ne leur permet ni de se nourrir ni de se vêtir correctement et les oblige à emprunter. Les dettes des parents sont, ensuite, contractées par les enfants qui sont pratiquement condamnés aux travaux forcés malgré le décret de 1992 mettant le travail forcé hors-la-loi.

C’est le gouverneur de la province lui-même qui, dans la semaine précédant les opérations, avait averti la présidente de la Commission des droits de l’homme de la gravité de la situation. Il lui avait aussi confié sa volonté d’entamer de minutieuses recherches en ce domaine. La responsable de l’organisation humanitaire a fait remarquer aux autorités qu’il ne suffisait pas de procéder à la libération de ces paysans mais qu’il fallait aussi songer à leur réhabilitation. Elle a, en particulier, exprimé son inquiétude sur le sort de quelque 7 000 “haris”, déjà libérés, mais vivant dans l’insécurité à l’intérieur du camp de Matli, créé par l’Eglise catholique.

En septembre 1998, ce camp avait été attaqué par des hommes à la solde des gros propriétaires (9). 85 personnes avaient été enlevées, tandis que beaucoup d’autres, parmi lesquelles le P. Denis Carter, avaient été férocement frappés. Les personnes enlevées avaient été libérées quelques jours plus tard grâce aux pressions exercées sur les autorités par divers groupes de droits de l’homme. Cependant aucune action judiciaire n’avait été intentée contre les ravisseurs.

La présidente de la Commission des droits de l’homme a pressé les autorités de construire pour eux des habitations provisoires et de leur fournir des terres d’Etat où ils puissent résider en permanence. La commission compte aussi établir des centres de formation et mettre en place un système de crédit pour les paysans endettés.