Eglises d'Asie

Les autorités religieuses protestent car des élections sont prévues à une époque où les fidèles sont astreints à des obligations religieuses

Publié le 18/03/2010




La présidente Chandrika Kumaratunga a finalement cédé aux recommandations de diverses autorités religieuses lui demandant de reporter à une date ultérieure les élections provinciales initialement prévues pour le 1er avril. Elle a demandé au Commissaire aux élections d’appeler la population à se rendre aux urnes à une date ultérieure.

Pour cinq provinces, les élections des conseils de province avaient depuis longtemps été fixées au 1er avril. Mais ce devoir civique imposé à une partie des citoyens du Sri Lanka entrait en concurrence avec les obligations religieuses que les diverses confessions de ce pays exigent de leurs adeptes à la même époque. Chacune d’entre elles avait fait valoir son point de vue et demandé que les élections soient reportées à une date ultérieure.

Du côté catholique, les élections tombaient en pleine semaine sainte, le jeudi-saint. Le 9 février, l’archevêque de Colombo, Mgr Nicholas Marcus Fernando, avait envoyé une lettre au Commissaire aux élections, Dayananda Dissanayake. Il y faisait valoir que, pour les chrétiens, il s’agit là d’un jour sacré. Par ailleurs, le lendemain vendredi-saint, jour où sont commémorées la crucifixion et la mort du Christ, les chrétiens risquaient fort de ne pas pouvoir participer aux cérémonies, à cause du couvre-feu, généralement décrété après les élections. L’archevêque craignait aussi que les fonctionnaires catholiques en poste dans les centres de dépouillement des votes ne puissent participer aux offices de la semaine sainte et de Pâques.

Pour les musulmans, la période choisie pour les élections était encore moins adéquate. C’est l’époque du Hadj, le pèlerinage annuel à La Mecque, considéré comme un des cinq “piliers” ou devoirs imposés par l’islam à ses adeptes. Pendant dix jours à partir du 29 mars, quelque 5 000 Sri Lankais vont s’embarquer pour La Mecque. Au retour des musulmans de La Mecque, d’autres festivités vont commencer. En effet, le 14 avril, la plupart des Cingalais et des Tamouls du pays vont fêter l’année nouvelle.

Cette situation n’a pas été sans embarrasser les autorités civiles. Les journaux du 11 février rapportaient les propos d’une personnalité officielle du département des élections, laissant entendre que la date prévue ne serait pas changée quelles que soient les observances religieuses prévues pour la même époque. Les catholiques avaient tout de suite fait observer que si cette décision était maintenue, elle ne serait pas inhabituelle dans le pays. Déjà en 1997, le ministère de l’Education avait organisé des festivals sportifs dans plus de 125 écoles autour de Colombo durant la semaine sainte. Cette année, encore, un tournoi de cricket aura lieu, le vendredi-saint, dans les écoles de Colombo.

En fin de compte, les craintes des responsables religieux auront été vaines puisque le 17 février, à la suite d’une réunion du gouvernement où les dirigeants chrétiens, musulmans et bouddhistes sont venus exposer leurs objections, le président à accédé à leurs requêtes et pris la décision de différer les élections.