Eglises d'Asie

Décès d’un évêque qui avait publiquement critiqué l’Association patriotique des catholiques de Chine

Publié le 18/03/2010




On annonce le décès, le 11 février dernier, de Mgr Philippe Ma Ji, à l’âge de 81 ans. Il avait été appelé à l’épiscopat en 1987 et reconnu officiellement par le gouvernement évêque de Pingliang, dans la province de Gansu. Ordonné prêtre en 1947, il avait fait deux séjours en prison, de 1955 à 1957 et de 1965 à 1979.

Un an après son ordination épiscopale, la veille du 15 août 1988, il avait publié un communiqué intitulé Ma déclarationdans lequel il annonçait qu’il allait quitter les structures de l’Eglise officielle. Les structures administratives de cette Eglise, disait-il, étaient devenues de moins en moins acceptables pour les fidèles. Le communiqué s’en prenait particulièrement aux trois institutions principales de l’Eglise reconnue par l’Etat: l’Association patriotique des catholiques chinoisla Conférence épiscopale de l’Eglise catholique en Chineet la Commission administrative de l’Eglise catholique en ChineL’évêque accusait quelques-uns des membres de haut rang de ces trois associations d’avoir abandonné certains dogmes fondamentaux de l’Eglise. A d’autres, il reprochait de continuer d’exercer leur ministère sacerdotal et épiscopal après avoir abandonné le célibat. Les institutions officielles de l’Eglise reconnue par l’Etat étaient blamées par lui pour leur refus de la primauté du pape et pour la manière contestable dont elles concevaient leur rôle d’intermédiaires entre le gouvernement et l’Eglise. Mgr Ma leur faisait grief de résister aux réformes de 1980 et de ne pas appliquer la politique de l’Etat de cette époque, à savoir la restitution des propriétés d’Eglise autrefois confisquées. La déclaration de Mgr Ma avait été annoncée au mois de juillet lors d’une assemblée provinciale de cadres communistes. Lue le 13 août devant les fidèles, elle avait été envoyée ensuite à l’Association patriotique des catholiques de Chine et au gouvernement.

En avril 1989, il avait participé à Pékin à une réunion rassemblant 50 évêques ainsi que quelques prêtres et religieuses, à l’issue de laquelle avait été votée une résolution réclamant la restitution des biens d’Eglise, proclamant la primauté et l’autorité du pape, et exigeant que les évêques et les prêtres mariés quittent leurs postes.

Malgré ces prises de position, bien accueillies par l’Eglise clandestine ainsi que par quelques évêques de l’Eglise officielle, il avait pu continuer son ministère épiscopal. Les autorités, qui, semble-t-il, lui avaient demandé de retirer sa déclaration, l’avaient cependant autorisé en 1992 à ouvrir un petit séminaire à Lanzhou, chef-lieu provincial du Gansu. Au moment de sa mort, il était directeur-adjoint de l’Association patriotique provinciale et venait d’être élu directeur de la Commission administrative de l’Eglise catholique pour la province de Gansu.