Eglises d'Asie

Quarante ans d’élections et de consécrations épiscopales “autonomes” en Chine

Publié le 18/03/2010




La revue bimensuelle “L’Eglise catholique en Chineorgane de la Conférence épiscopale de l’Eglise catholique en Chine (reconnue par le gouvernement) et de l’Association patriotique des catholiques chinois, a consacré son numéro de janvier 1999 au quarantième anniversaire des élections et consécrations épiscopales “autonomesà savoir sans l’approbation pontificale. Elle mentionne, en particulier, une célébration qui a eu lieu à cette occasion, le 18 décembre 1998, à Pékin, et à laquelle ont participé plus de 80 dirigeants d’Eglise, venus de tout le pays. Y assistaient également des fonctionnaires du Bureau des Affaires religieuses du Conseil d’Etat ainsi que des membres de diverses instances du Parti communiste.

Dans l’allocution qu’il a prononcée au cours de la cérémonie du 18 décembre, Mgr Michael Fu Tieshan, évêque de Pékin, avait choisi de placer cet anniversaire dans une perspective historique. Il a souligné que le développement de l’Eglise en Chine durant les quarante dernières années, pendant lesquelles elle a élu et ordonné ses propres évêques, a surpassé celui des 400 années précédentes. Il a, ensuite, mis en relief l’utilité historique de la décision prise en 1958. Peu après l’arrivée au pouvoir des communistes en 1949, au cours des années cinquante, plus de 80 % des diocèses de Chine étaient devenus vacants. Grâce aux élections et consécrations autonomesl’Eglise a pu survivre à la crise, a fait observer l’évêque.

Ce sont des thèmes analogues qui ont été traités dans la revue. L’évêque de Nankin, Mgr Joseph Liu Yuanren, président de la Conférence épiscopale, y écrit que l’ordination de 135 évêques depuis 1958 a permis à l’Eglise de continuer et de croître en Chine. Il a replacé les élections et les consécrations autonomesdans le contexte de la préservation du ministère apostolique et de sa succession en Chine, évoquant Saint Paul imposant les mains pour ordonner des évêques au service des diverses communautés de foi. Le vice-président de la Conférence épiscopale, Mgr Anthony Tu Shihua, évêque de Hanyang, a cité le cas de quelques pays d’Europe et d’Amérique où, selon lui, les Eglises locales ont demandé une plus grande autonomie pour la nomination des évêques locaux. Le directeur du bureau des Affaires religieuses, Ye Xiaowen, a noté que les élections et consécrations épiscopales autonomesont répondu aux exigences de la situation de la Chine et de l’Eglise de Chine. Il a rappelé ce qui avait été dit par le vice-premier ministre Qian Qichen en 1997 pour le quarantième anniversaire de la Conférence épiscopale de l’Eglise en Chine : Que les relations avec le Vatican s’améliorent ou non, l’Eglise catholique insistera comme toujours sur le principe d’un fonctionnement autonome et indépendant et sur l’élection et la consécration par ellemême de ses propres évêques

L’élection et l’ordination autonomesdes évêques a commencé en Chine en 1958, après que le Vatican eut rejeté cette année-là le choix d’un franciscain, Bernardine Dong Guangqing, pour le diocèse de Hankou et de Mgr Yuan Wenhua pour le diocèse de Wuchang, tous les deux dans la province de Hebei. Depuis, 135 évêques ont été consacrés avec la permission gouvernementale. Le dernier évêque vivant nommé par Pie XII est Mgr Matthias Duan Yiming, évêque de Wanxian, dans la province de Sichuan. Il a aujourd’hui 91 ans et n’a pu répondre, l’année dernière, à l’invitation du pape à participer aux travaux du synode des évêques d’Asie (6).