Eglises d'Asie

Au retour d’une visite dans le bastion des “rebelles tamouls”, une délégation de bouddhistes et de chrétiens ramène des propositions de pourparlers

Publié le 18/03/2010




A la suite de l’adoption par le parlement d’une motion recommandant sa création, une délégation composée de religieux bouddhistes et d’ecclésiastiques chrétiens a accompli une mission pacifique dans le bastion des séparatistes au nord du pays, du 8 au 10 février. La motion définissait ainsi la mission de la délégation : “Cette visite représente une initiative importante et positive de la part des dirigeants de la société civile et religieuse pour construire un pont entre la population habitant dans les zones affectées par la guerre et le reste de l’îlePar ailleurs, elle conseillait expressément de constituer la délégation avec des membres du clergé bouddhiste et chrétien.

La délégation composée de 21 membres était conduite par Mgr Malcolm Ranjith, de Ratnapura, secrétaire général de la Conférence épiscopale du Sri Lanka, et du Vénérable Kumburugamuve Vajira Nayaka Thero, ancien vice-chancelier de l’université bouddhiste et pali. Faisait aussi partie du groupe l’archevêque anglican de Colombo, Mgr Kenneth Fernando.

La visite a fait renaître les espoirs de paix dans ce pays où les militants tamouls, hindous pour la plupart, se battent depuis 1983 pour que leur soit reconnue une patrie au nord et à l’est de ce pays à majorité bouddhiste. Au retour de la visite de la délégation, Mgr Ranjith a déclaré : Nous nous sommes appliqués à construire des ponts, en rassemblant la population, en essayant de mettre un terme à la lutte, et en entamant le dialogueL’évêque a aussi expliqué que cette visite avait aidé la population du Nord à comprendre que le clergé bouddhiste du Sud éprouvait de la sympathie à leur égard.

Le Vénérable Thero a expliqué que l’initiative de paix ne faisait pas l’unanimité chez les rebelles. Certains d’entre eux éprouvaient une certaine appréhension à son égard, craignant qu’elle ne soit abandonnée par un prochain gouvernement. Cependant, il a affirmé sa conviction qu’il était possible de susciter leur confiance si la population du sud s’unissait pour leur offrir une solution juste et honnête. Lors d’une conférence de presse, le porte-parole de la délégation a précisé que les Tigres de la libération du Tamil Eelam(LTTE) n’exigeaient plus un Etat tamoul ou encore la séparation, mais parlaient seulement de maintenir leur identité socio-politique et d’obtenir l’égalité avec les autres ethnies du pays. Ils s’en tenaient fermement à l’offre de pourparlers de paix qu’ils avaient faite au gouvernement et étaient prêts à les entamer grâce à l’intermédiaire d’une tierce partie.

Cependant, les avis sont partagés sur les résultats obtenus par la délégation. Les politiciens de la minorité tamoule ont fait observer que la délégation religieuse avait obtenu le feu vert et la bénédiction de Mme Chandrika Kumaratunga. Il serait donc possible que la perspective de l’ouverture de négociations avec les Tigres soit destinée à faire naître des espoirs de paix chez les Tamouls du Nord-Est et de récolter les voix de ceux-ci. Les votes de la minorité tamoule seront en effet décisifs aux prochaines élections, car les voix de la majorité cingalaise risquent de se partager également entre l’alliance du peuple au pouvoir et le parti de l’ancien premier ministre, le Parti national uni. Par contre, certains journaux proches du pouvoir comme le Daily News ont vigoureusement pris parti pour que la proposition de pourparlers ramenée par la délégation soit prise au sérieux. Nous croyons, disait-il, qu’il est du plus haut intérêt du pays de répondre aux propositions de paix des Tigres“.

Depuis le retour de la délégation, les violences n’ont pas cessé.