Eglises d'Asie

Vatican – Chine : la multiplication des signes de bonne volonté de la part de Rome ne semble pas émouvoir les responsables chinois

Publié le 18/03/2010




La Chine a opposé, le 23 mars 1999, une fin de non-recevoir aux pressantes invitations au dialogue lancées par le Vatican à l’occasion du voyage en Italie, du 20 au 25 mars, du président Jiang Zemin. La veille encore, le 22 mars, dans une interview au « Corriere della seraMgr Jean-Louis Tauran, de la secrétairerie d’Etat du Vatican, avait lancé un appel au gouvernement chinois, en estimant qu’un dialogue direct entre les deux parties pourrait permettre de trouver des solutions aux problèmes qui existent entre Pékin et le Saint-Siège. Les diplomates du Vatican avaient aussi demandé au chef du gouvernement italien et au maire de Rome d’aborder le sujet avec leurs invités chinois au cours de leur passage à Rome. A plusieurs reprises depuis janvier dernier, les autorités du Vatican ont essayé de relancer le processus de dialogue dans l’espoir d’une normalisation des relations diplomatiques (1).

Cette fois encore, la réponse des autorités chinoises est demeurée immuable : le Vatican doit rompre ses relations diplomatiques avec Taiwan et cesser de s’ingérer dans les affaires intérieures chinoises. « Notre gouvernement accorde une grande importance au dialogue avec le SaintSiège, mais maintenant il faut passer aux actesajoute Zhu Bang Zao, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Dans la pratique cependant, M. Zhu ne dit pas si la rupture des relations diplomatiques avec Taiwan permettrait, par exemple, l’ouverture d’une nonciature du Vatican à Pékin.

Ce qui semble en fait préoccuper les autorités chinoises est sans doute la nomination des évêques catholiques par le Saint-Siège, et, par ricochet, le statut éventuel de l’Association patriotique des catholiques chinois, à travers lequel le Parti communiste contrôle étroitement l’Eglise catholique « officielle » de Chine et sélectionne ses responsables.

Il faut rappeler qu’une bonne moitié des catholiques chinois, de prêtres et d’évêques, refuse de se soumettre à l’Association patriotique, afin de pouvoir rester fidèles au pape. Depuis de très nombreuses années, ces catholiques « clandestins » font face à une répression sévère de la part des autorités chinoises. Les deux évêques de Baoding, dans le Hebei, Mgr Jacques Su Zhemin et Mgr François An Shuxin, ainsi que plusieurs de leurs prêtres sont en prison, certains depuis plusieurs années. Même parmi les évêques dits « officiels », beaucoup ont affirmé publiquement leur fidélité à Rome et ont été légitimés par le Vatican.

Par ailleurs, l’agence de presse italienne ANSA rapporte que, le 19 mars 1999, sur ordre de Pékin, la police a commencé à détruire plusieurs églises catholiques dans la province du Fujian, sous prétexte qu’elles sont fréquentées par des prêtres et des fidèles qui ne reconnaissent pas l’Association patriotique des catholiques chinois. Il s’agissait sans doute d’intimider la population locale, car les travaux de destruction n’ont pas été complétés.

Enfin, dans un communiqué du 22 mars 1999, le porte-parole du Vatican, Joaquim Navarro-Valls, s’est dissocié d’un appel vigoureux lancé par l’agence de presse romaine Fides, organe de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, pour la libération des deux évêques « clandestins » de Baoding, Mgr Su et Mgr An, dont on est sans nouvelle. Sans doute cette initiative venait-elle contrecarrer quelque peu les efforts du Vatican pour instaurer au même moment un dialogue direct avec Pékin.