Eglises d'Asie

Karachi : le responsable catholique d’une organisation de laïcs fait état d’une descente de police musclée dans un bidonville à majorité chrétienne

Publié le 18/03/2010




La police est entrée dans les maisons, a cassé les fenêtres, arrêté des gens, battu des femmes et des enfants au cours d’un raid organisé le 17 avril contre un bidonville à majorité chrétienne de Karachi, la plus grande ville du Pakistan.

Liaquat Munawar Suroiya, président d’une organisation sociale “Mission et action”, a déclaré à des journalistes avoir été témoin des violences dont fut le théâtre Essa Nagri, dans la banlieue de Karachi, sous prétexte d’une rafle parmi les vendeurs d’alcool et de drogues prohibées. Les habitants se plaignaient depuis longtemps de ces vendeurs que d’ailleurs la police a ignorés tout au long de son raid. Cette action en effet n’était qu’une riposte aux brutalités commises contre un policier ivre lors d’une rixe survenue ce jour-là. Suroiya a affirmé que la police est la fidèle cliente des vendeurs d’alcool, et que deux policiers, manifestement ivres, avaient tiré en l’air au hasard, blessant deux chrétiens, au cours d’une dispute avec un trafiquant. Les résidents s’étaient alors saisi d’un des agents de police et, après l’avoir battu, l’avaient conduit devant Michael Javed, un chrétien membre de l’Assemblée provinciale de Sind, lui-même originaire de Essa Nagri. Javed avait renvoyé le policier. C’est plus tard qu’un fort contingent de police est survenu pour une soi-disant opération de nettoyage au cours de laquelle 60 personnes furent arrêtées et d’autres blessées.

Suroiya fait remarquer qu’il serait vraiment très difficile pour des trafiquants de prospérer sans l’aide, au moins tacite, de la police et des politiciens et que, d’ailleurs, parmi les policiers auteurs du raid, plusieurs avaient été vus au domiciles des trafiquants et des marchands clandestins d’alcool bien connus des habitants.

Bien que Javed et le fils d’une autre famille originaire de Essa Nagri occupent deux des quelques sièges réservés aux chrétiens à l’Assemblée régionale, très peu de choses ont été faites en faveur du développement d’Essa Nagri depuis sa mise en chantier en 1967. Bien des pauvres parmi les 30 000 habitants de cette colonie surpeuplée n’ont ni eau courante ni installations sanitaires correctes. Le nom d’Essa Nagri donné officiellement par le gouvernement trahit d’ailleurs le dédain des officiels quand on sait qu’Essa est le nom arabe de Jésus. Il est considéré comme péjoratif par les chrétiens qui lui préfèrent le mot ourdou de “masih”, messie (10). Les hommes de la communauté chrétienne du Pakistan ajoutent généralement masih à leur prénom comme signe de leur identité chrétienne pour remplacer leur nom de famille.