Eglises d'Asie

Un rapport des Nations Unies dénonce le système judiciaire cambodgien pourri par la corruption et l’incompétence

Publié le 18/03/2010




Les tribunaux cambodgiens et le système judiciaire dans son ensemble sont sous l’empire de la corruption et de l’incompétence, si l’on en croit un rapport des Nations Unies, publié le 21 avril 1999. Ce rapport est publié au moment même où le Cambodge s’apprête à juger le chef khmer rouge Ta Mok en dépit de pressantes invitations de l’ONU à former un tribunal international à cet effet.

Le rapport, qui s’appuie sur l’enquête menée en octobre et en janvier derniers par Thomas Hammarberg, représentant de l’ONU pour les droits de l’homme, estime que le problème posé par “la corruption, l’incompétence et l’inefficacité des juges, des procureurs et des greffiers” n’est pas pris suffisamment au sérieux par les autorités. Les salaires trop bas sont un problème-clé “directement lié à l’existence de la corruption dans les tribunauxLe rapport ajoute : “L’absence d’intégrité de certains tribunaux sape la justiceIl estime que l’absence de soutien politique et de législation adaptée fait que les tribunaux n’ont pas la possibilité de poursuivre tous les criminels quelle que soit leur identité. Enfin, poursuit-il, “beaucoup de tribunaux sont incapables d’organiser les procès de détenus dans le temps requis par la loiPar ailleurs, le rapport dénonce la culture de l’impunité encouragée par le système cambodgien : “C’est là l’obstacle le plus important aux efforts entrepris pour établir un Etat de droit dans le pays

Tout en admettant que la présence et l’aide d’experts étrangers seraient nécessaires, le premier ministre Hun Sen continue de dire que Ta Mok doit être jugé par les tribunaux cambodgiens. Le premier ministre refuse de céder aux pressions de la communauté internationale dans ce domaine. Selon lui, la formation d’un tribunal international serait une atteinte à la souveraineté du Cambodge.

Le rapport des Nations Unies rappelle pourtant une lettre de 1997, co-signée par Hun Sen et le prince Ranarridh qui partageaient alors le pouvoir, dans laquelle les deux hommes en appellent à l’aide des Nations Unies et de la communauté internationale pour juger les chefs khmers rouges pour génocide et crimes contre l’humanité. “Le Cambodge ne possède ni les ressources ni l’expertise nécessaires pour entamer cette procéduredisaient les auteurs. A cette époque, une équipe de trois juristes internationaux mandatés par l’ONU avait souscrit à ce jugement : “Le système judiciaire cambodgien ne remplit pas les trois conditions essentielles suivantes : des juges, des avocats et des enquêteurs suffisamment formés, une infrastructure adéquate et une culture de respect des procédures

Hun Sen est aussi critiqué parce qu’il ne donne aucune assurance que les autres chefs khmers rouges encore en liberté seront jugés à leur tour. Il s’agit de Nuon Chea, de Khieu Samphan et de Ieng Sary qui, après leur défection, vivent une retraite paisible dans la région de Païlin.