Eglises d'Asie

Les Focolari instaurent un dialogue entre bouddhistes et catholiques en vue d’un service commun des plus démunis

Publié le 18/03/2010




Des bouddhistes et des catholiques, en dépit de leurs différences religieuses, ont travaillé ensemble et se sont mis au service des plus démunis dans le cadre de la « Mariapolis » annuelle du mouvement catholique des Focolari. Ils étaient 380 participants dont 50 bouddhistes à cette « Mariapolis » (Cité de Marie) qui s’est tenue a Sam Phram, près de Bangkok. Etudiants bouddhistes et catholiques réunis avaient organisé, en particulier, une collecte de livres et de biens de première nécessité pour aider les étudiants les plus démunis de la province de Loei.

Lors de ce rassemblement qui a eu lieu du 1er au 3 mai, un de ces jeunes Focolari très convaincus, un « Genune abréviation pour « Nouvelle générationWeera Phongphit, 24 ans, a raconté comment un groupe d’étudiants bouddhistes et catholiques de Bangkok s’était formé pour se mettre au service des plus démunis tout en étant bien conscient qu’une telle action ne pouvait que favoriser leur formation personnelle. « Nous avons partagé nos expériences avec eux et eux avec nous

Supatra Wana, de son côté, a témoigné devant l’assemblée de ce qu’il avait vécu auprès des malades atteints du sida en se mettant à leur service pour leur toilette et les repas. « Nous avons ressenti, au dedans de nous, une joie certaine » a confié ce catholique, un des neuf jeunes Focolari entre 18 et 26 ans à visiter régulièrement un foyer pour malades du sida mis sur pied par un prêtre rédemptoriste de Bangkok. Deux bouddhistes qui travaillaient avec eux et étaient présents à cette Mariapolis ont confié aux journalistes ce qu’ils avaient ressenti au milieu des tous ces Focolari à majorité catholiques. « Je ne pensais pas à notre appartenance catholique ou bouddhiste, mais seulement que nous avions à faire le bien ensemble, et c’est touta affirmé Chairat Sudjai, 24 ans. Thapana Jivaviroj, 19 ans, confiait qu’un moine bouddhiste lui avait dit : « Inutile de t’inquiéter. Toutes les religions enseignent à faire le bien. De toute façon, je ne pense pas que les Focolari veuillent te convertirL’année dernière, Thapana avait étonné ses amis Focolari en invitant à cette Mariapolis, non seulement un moine bouddhiste mais aussi un prêtre de son quartier.

Mgr Lawrence Thienchai Samanchit, évêque de Chanthaburi, qui célébra la messe du 2 mai, a noté que l’insistance des Focolari sur l’unité était nécessaire : « Si nous sommes unis, si nous avons de l’amour dans nos coeurs, nous pouvons être l’ami de tous, que nous soyions bouddhistes, musulmans ou autres. Le dialogue entrepris par les Focolari est un dialogue vital, très important

D’après Thapana et Chairat, l’insistance des Focolari sur l’amour actif les avait mis à l’aise. Thapana a dit qu’il ne faisait remarquer que rarement les ressemblances ou différences entre les religions, parce que « les Gen catholiques connaissent le bouddhisme depuis l’école ». L’un et l’autre disent qu’ils invitent volontiers d’autres jeunes bouddhistes à participer aux activités des Gen, sauf quand il s’agit d’une Mariapolis. « Une Mariapolis rassemble une majorité de catholiques. Ce qui ne pose pas de problème pour moi, mais j’ai peur pour mes amis bouddhistes qu’ils s’y ennuient ou n’apprécient pasDe son côté, Chairat fait remarquer:  » A la différence des chrétiens, les bouddhistes ont à s’habituer à des expressions comme « Dieu », « volonté de Dieu » ou « amour de Dieu pour moi ». Pour bâtir l’unité, peut-être que le langage des Mariapolis devrait être un peu modifié pour exprimer les choses en termes plus neutres ou en des termes que l’on trouve dans les autres religions ».

A ce propos, Nivaldo de Ferias, responsable de la branche masculine du Mouvement des Focolari de Thaïlande, a reconnu devant les journalistes qu’en effet « il y avait là quelque chose à améliorerIl a précisé que deux moines bouddhistes, amis des Focolari depuis un certain nombre d’années et qui avaient assisté à cette Mariapolis, aidaient le mouvement à mieux connaître le bouddhisme et avaient fait en sorte que le langage utilisé pendant ce rassemblement soit davantage à la portée des bouddhistes. De Ferias a fait remarquer, cependant, qu’étant donné que les Focolari sont un mouvement catholique, il y avait des limites à ne pas dépasser.

Les trois jours de cette Mariapolis comprenaient une messe, des conférences, des temps de prière et de partage, des sketches et des parties récréatives, des prières et une quête pour les réfugiés du Kosovo. Le Mouvement Focolari a commencé en 1943 à Trente, en Italie, sous l’impulsion de Chiara Lubich, afin de promouvoir l’unité des peuples et des religions. Il compte en ce moment 2 millions d’amis de par le monde et 100 000 membres inscrits.