Eglises d'Asie

Les qualités du chef de l’exécutif qui conduira la rétrocession sont plus importantes que son passé

Publié le 18/03/2010




Un certain nombre d’habitants de Macao se sentent davantage concernés par les qualités et les compétences du premier chef de l’exécutif nouvellement élu que par son passé.

Edmund Ho Hau-wah, 44 ans, a triomphé de son unique adversaire, Stanley Au Chong-kit, le 15 mai. 163 des 199 voix du Comité de sélection (SC) désigné par Pékin se sont portées sur lui. Il est devenu ainsi le premier président de la Région administrative spéciale de Macao (MSAR). Ho, né à Macao, sera le premier Chinois chef de l’exécutif de Macao depuis quatre siècles et le restera quand l’enclave coloniale portugaise retournera sous souveraineté chinoise, le 20 décembre prochain.

Dans sa conférence de presse du 15 mai, Ho a déclaré vouloir former un gouvernement sans corruption, n’entretenant aucun rapport avec les triades. En raison de ses relations avec la Chine, sa nomination par le Comité de sélection n’a pas été une surprise pour les habitants de Macao qui se sentent surtout concernés par son efficacité à bien gérer la vie sociale où le crime organisé semble être incontrôlable.

Stella Cheong-ken, anciennement résidante à Macao mais vivant maintenant à Hongkong, a expliqué aux journalistes qu’elle s’attendait à la victoire de Ho. « J’espère qu’il sera capable par des méthodes honnêtes de rendre la paix à MacaoQuand Ho, alors vice-président de l’assemblée législative et banquier de son métier, avait annoncé à la mi-avril qu’il se présenterait aux élections, il avait aussi déclaré qu’il n’excluait pas d’avoir des relations commerciales avec les membres des triades, tout en niant avoir quelque lien que ce soit avec eux. Le père de Ho, maintenant décédé, Ho Yin, surnommé « le roi de Macaoa été l’ami de beaucoup de monde, dont des gangsters, et avait servi d’intermédiaire politique entre Pékin et Lisbonne. Marié et père de deux enfants, son fils a candidement avoué devant la presse avoir manqué de fidélité à sa femme seulement « une ou deux foisA ce propos, le P. Domingo Savio Un Wei-meng, a expliqué aux journalistes que l’impact de cette confession dépendait beaucoup de son interprétation. Ce prêtre diocésain pense que Ho est honnête et courageux d’avoir admis sa faute. « Il y a dû y avoir lutte intérieure avant de pouvoir l’avouer en public » affirme le prêtre.

Cependant, un professeur d’une école catholique qui a voulu garder l’anonymat a déclaré de son côté, qu’il pensait que la confession de Ho était certes, un message fort lancé à l’adresse des jeunes mais qu’il ne voulait pas faire d’autres commentaires risquant d’avoir des effets négatifs pour l’école, dans le domaine des subventions, par exemple. Le Père Joao Evangelista Lau Him-sang, membre du Comité de sélection, a expliqué à d’autres journalistes, fin avril, que le Comité avait à choisir quelqu’un capable de gouverner et non pas un saint. Le pasteur Timothy Lam, dont le père est aussi pasteur et membre du Comité de sélection, a fait remarquer, quant à lui, que Macao était un petit territoire et n’avait pas beaucoup de possibilités : « La situation que le chef de l’exécutif doit affronter est plus difficile que celle de Hongkong, il y a deux ans. La rétrocession de Hongkong en 1997 ne signifiait de façon symbolique qu’un changement de drapeau et de gouverneur, alors que le chef de l’exécutif de la MSAR devra affronter des problèmes d’ordre social et d’indigénisation de la fonction publique ».

L’indigénisation de la fonction publique a été lente à Macao puisque beaucoup de postes de direction sont encore tenus par des Portugais. Le 31 mars dernier, 66 % seulement de ces postes étaient occupés par des citoyens de Macao. Durant les cinq ans à venir, Ho devra faire face à des problèmes tels que le manque d’expérience des candidats à la magistrature une fois les juges portugais remplacés par des locaux nouvellement formés. Il devra compter avec la corruption des gens chargés de faire respecter la loi, lutter contre le crime organisé où les gangs rivaux se tirent dessus à la grenade et encore, obtenir le contrôle des casinos et de leurs activités.