Eglises d'Asie

Un peintre protestant de Nankin souligne la nécessité d’un art chrétien proprement chinois

Publié le 18/03/2010




Un exposé de l’artiste protestant, He Qi, intitulé “L’évolution de l’image du Christ en Chine durant les 2 000 dernières annéesa fortement marqué les esprits de ses auditeurs de Hongkong, le 3 mai 1999. He (2) qui est professeur au Séminaire théologique de l’Union protestante de Nankin, en même temps qu’au département de philosophie de l’université de cette même ville, y a exprimé sa conception de l’art chrétien en Chine, un art qui devrait intégrer non seulement la culture chinoise proprement dite, mais aussi les diverses cultures des régions et des minorités ethniques du pays. Dans la mesure où l’art chrétien en Chine s’enrichira de ces caractéristiques régionales, il permettra de faire évoluer une conception erronée du christianisme répandue au sein de la population, qui assimile cette religion à l’Europe.

Cette identification de la religion chrétienne à l’Occident est plus marquée en Chine qu’ailleurs. Alors qu’à partir du milieu du vingtième siècle, l’inculturation de l’art chrétien était ressentie comme une nécessité un peu partout dans le monde entier, l’isolement du christianisme chinois, et plus encore son interdiction, après la création de la République populaire de Chine en 1949, ont paralysé l’évolution de l’art religieux en Chine. Cette stagnation a continué même après la libéralisation des années 1980, a fait remarquer l’universitaire de Nankin, tout en notant que l’on trouvait en ce domaine plus d’ouverture chez les artiste protestants, moins conservateurs que leurs collègues catholiques.

He Qi a présenté également une esquisse de l’histoire de l’art chrétien dans le pays dont il a souligné certaines étapes importantes. La première introduction du christianisme en Chine par les nestoriens eut lieu au cours de la période de la dynastie des Tang (618-907). Elle fut illustrée par des stèles de pierre témoignant d’une véritable intégration de l’art occidental à l’art chinois. Pour He, l’arrivée des jésuites et plus particulièrement de Matteo Ricci, à la fin de la dynastie des Ming (1368-1644), constitue le début d’une seconde étape. Celle-ci se prolongera jusqu’à la querelle des rites qui conduira à l’interdiction du christianisme au 18ème siècle, après que celui-ci eut rejeté le culte des ancêtres. Grâce à l’acceptation par les jésuites de la culture chinoise, l’art chrétien connut à nouveau une nouvelle adaptation à la culture chinoise. Ainsi, la sculpture sur bois, art très populaire dans la Chine ancienne, fut utilisé pour représenter des sujets chrétiens, tandis que des techniques picturales occidentales étaient adoptées par les artistes chinois. Au cours de la troisième période qui va du 19ème siècle à la moitié du vingtième, de plus en plus de missionnaires prirent conscience que l’inculturation était la méthode d’évangélisation la plus efficace. Ils permirent aux artistes chrétiens locaux d’intégrer des formes artistiques chinoises à l’intérieur de leur art. La libéralisation récente du début des années 80 a donné une nouvel essor à l’art chrétien chinois qui, cependant, d’une manière générale, reste conservateur.

Décrivant son itinéraire personnel, He Qi a confié à ses auditeurs qu’il s’était trouvé confronté à d’autres cultures. Il a visité la plupart des grands musées d’Europe et d’Amérique du nord et acquis le titre de docteur à l’institut d’art de Hambourg en 1992. Aujourd’hui, il consacre son oeuvre à l’adaptation de l’art chrétien à la culture chinoise. Il utilise des techniques propres à la Chine comme le papier découpé, le lavis à l’encre de Chine et au pastel, mais aussi un certain nombre de pratiques picturales et de motifs empruntés aux diverses minorités ethniques du pays. L’exposé de He Qi a été illustré par une exposition de son oeuvre dans une galerie du Centre culturel de Hongkong, une des manifestations prévues par les protestants de Hongkong pour marquer le deux-millième anniversaire de la naissance du Christ.