Eglises d'Asie

Le premier ministre souligne le rôle de l’islam dans la promotion des relations interreligieuses

Publié le 18/03/2010




Le premier ministre malaisien, Mahathir Mohamad, a demandé aux musulmans du pays de participer activement à la promotion de l’harmonie interreligieuse. Il a aussi exprimé son inquiétude devant tout ce qui se fait aujourd’hui pour isoler les jeunes musulmans des autres jeunes appartenant à d’autres religions.

Dans la Malaisie d’aujourd’hui nous constatons une tendance regrettable des enseignants musulmans qui incitent les enfants à éviter d’avoir des contacts avec les nonmusulmansa déclaré le premier ministre, Mahathir Mohamad, le 26 mai, au cours d’un séminaire sur les relations interreligieuses qui se tenait dans un institut musulman de Kuala Lumpur. Il en résulte qu’il est rare pour des étudiants musulmans d’avoir des amis non musulmans; ce qui pourtant, pourrait contribuer à une meilleure entente interreligieuse“. Exprimant son inquiétude devant cet isolement, Mahathir a demandé aux musulmans de renverser cette tendance qu’il attribue à leur crainte d’être laïcisés ou contaminés par les autres religions. Alors que les précédentes générations étaient capables de rencontrer les non-musulmans, sans pour autant en devenir moins musulmans, la nouvelle génération est tout à fait incapable de s’adapter à un pays multiracial et multireligieux“. Cette évolution n’est pas seulement observée en Malaisie mais se retrouve partout dans le monde islamique, a-t-il remarqué, ce qui a pour résultat que les musulmans sont perçus comme des gens à l’écart et non concernés par une bonne entente interreligieuse. Le premier ministre a continué sur la même ligne : Si, aujourd’hui, les musulmans sont mal compris et ne font rien pour l’être davantage, c’est parce qu’ils choisissent de créer cette incompréhension en se mettant à l’écart et en devenant ainsi incapables de répandre la vraie doctrine de l’islamD’après l’enseignement coranique, les musulmans doivent accepter l’existence de peuples de différentes races, croyances et religions, et vivre en bonne intelligence avec euxD’après Mahathir, cette tolérance religieuse s’est affirmée dans la façon dont les civilisations musulmanes ont contribué à la compréhension mutuelle entre religions différentes. Dans les pays musulmans il y a presque toujours eu des communautés non musulmanes prospères et en continuelle expansion alors que, par exemple, c’est seulement depuis récemment qu’on commence à trouver des mosquées en Europe et en Amérique“.

Dans sa critique de l’isolationnisme et de l’intolérance religieuses de certains musulmans, Mahathir affirme que les nonmusulmans sont également en partie à blâmer parce qu’ils propagent souvent l’idée que l’islam et les musulmans sont négatifs“, ce qui les pousse encore plus dans leur isolement. Le premier ministre se lamente sur le stéréotype du musulman indiscipliné, arriéré, asocial, fondamentaliste fanatique, tenté par le terrorisme. Tout acte de terrorisme est attribué aux musulmans jusqu’à preuve du contraire. Le terrorisme des autres, celui des ethnies européennes, des chrétiens et des juifs intolérants, des bouddhistes, ne sont jamais mis en rapport avec l’appartenance religieuse. Il n’y a jamais de chrétiens terroristes, ni de juifs, ni de bouddhistes ni de chrétiens orthodoxes terroristes, alors que les Serbes par exemple le sont“. Davantage de musulmans ont été terrorisés par des chrétiens et des juifs que le contraire, et pourtant on a fait du terrorisme un monopole musulman, les autres étant juste des terroristes sans lien avec leur ethnie, leur culture ou leur religion. Pendant ce temps, les droits des musulmans étaient ignorés et violés, encore et encore“.

Mahathir a donc demandé: “Estil alors si étonnant, dans ce contexte, que les musulmans semblent être perpétuellement pleins de ressentiment et hostiles aux nonmusulmans et, d’euxmêmes, veuillent se couper des autres ?”

Ce séminaire, intitulé Rôle de la civilisation islamique dans la promotion des relations interreligieusess’est tenu les 25 et 26 mai, à l’Institut des relations avec l’Islam, à Kuala Lumpur. Les participants étaient venus d’Indonésie, de l’Inde, du Pakistan, des Philippines, de l’Australie, de Grande-Bretagne, du Soudan et de la Turquie.