Eglises d'Asie

Un rassemblement de dissidents bouddhistes provoque une importante mobilisation des forces de sécurité

Publié le 18/03/2010




Des centaines de policiers ont été mobilisés par crainte de troubles, samedi 29 mai, jour où 50 000 adhérents thaïlandais d’une secte bouddhiste dissidente devaient se rassembler à l’occasion d’une fête religieuse.

Le rassemblement devait se tenir au temple très controversé de Dhammakaya, à Bangkok (5). Les plus hautes autorités religieuses du pays s’efforcent de faire démissionner le Père Abbé de ce temple, accusé de dispenser un enseignement hérétique et d’accumuler des biens personnels, évalués à plus d’un milliard de dollars. Nous avons déployé plus de 900 policiers, des groupes antiémeutes, des chiens renifleurs, des détecteurs de bombes et un hélicoptèrea indiqué le major général Chatchwal Suksomjit. Les officiers en faction au temple, de leur côté, ont confirmé aux journalistes qu’aucun incident n’était survenu et que la police avait été postée à l’entrée principale et à l’intérieur pour éviter les attaques de sectes rivales. Nous avons maintenant 50 000 personnes sur le site. Aucun incident, pas d’arme à feu ni de bombe sont à signalera confirmé le major général Pichit Kwantachakupt chargé des opérations.

La police est restée en place jusqu’au départ des derniers pèlerins. Les responsables du temple Dhammakaya prévoyaient la présence de 100 000 personnes pour assister aux cérémonies que devait conduire le Père Abbé, Phra Dhamachayo, pour célébrer le jour de Visakha Bucha, jour de commémoration de la naissance, de l’illumination et de la mort du Seigneur Bouddha. D’autres groupes bouddhistes avaient appelé à la destitution du même Père Abbé de Dhammakaya et s’étaient rassemblés, quant à eux, dans un parc du centre de Bangkok.

Une tempête de débats avait perturbé la sérénité religieuse traditionnelle, tempête provoquée par l’extraordinaire succès du temple qui, d’après les critiques, consiste surtout à dépouiller les dévots de leur argent en échange de prétendus méritesUne autre compagnie de policiers patrouillait dans le parc où des centaines de membres d’autres communautés bouddhistes antagonistes étaient rassemblés pour soutenir le Grand Patriarche, la plus grande autorité du bouddhisme en Thaïlande, qui avait condamné officiellement les agissements de Phra Dhamachayo.

D’après les rapports du Comité parlementaire sur les religions et des services de renseignement, le temple de Dhammakaya posséderait 50 milliards de baths (1 milliard 400 millions de $ US) en espèces et en propriétés. Cette secte qui existe depuis 30 ans a des ramifications dans le monde entier, y compris aux Etats-Unis, en France et au Japon. Des histoires de miraclesde formes cristallines dans le ciel au dessus du Dhammakaya se sont propagées rapidement parmi les Thaïlandais désespérés par la situation économique. Cependant, malgré le nombre croissant des participants aux cérémonies du temple, une enquête a été lancée par le Conseil suprême de la Sangha, ultime responsable du bouddhisme thaïlandais. Le département chargé des religions du ministère de l’Education nationale et l’organisation de la Jeunesse bouddhiste avaient, la semaine dernière, déposé une plainte auprès des autorités religieuses à l’encontre de Phra Dhamachayo, l’accusant de déformer l’enseignement bouddhiste et d’accaparer des terrains de façon frauduleuse. L’Abbé, quant à lui, a déclaré que, s’il était déposé, il ne coopérerait pas, et il a refusé de faire passer les terrains enregistrés à son nom au nom du temple sans l’agrément de tous les donateurs.

Cette enquête provoque un certain nombre de profonds examens de conscience au sein du bouddhisme thaïlandais. Les enseignements du Dhammakaya sont contestés sur le fond, parce qu’ils provoquent encore davantage de misère chez les plus vulnérables et les moins éduqués des Thaïlandais, en ces temps difficiles de récession économique. Quand l’esprit des gens est loin de la religion et qu’ils sont mal informés, ils sont victimes de gens mal intentionnésconstate Sathienpong Wannapok, de l’Institut royal thaïlandais, Ils ne possèdent pas l’immunité nécessaire pour pouvoir se protéger euxmêmes“.