Eglises d'Asie

Adoption d’un changement fondamental de procédure dans l’application de la loi contre le blasphème

Publié le 18/03/2010




Les chrétiens ont accueilli favorablement l’annonce d’un changement fondamental dans la procédure prévue par la loi sur le blasphème, qui désormais exigera que toute accusation, avant d’être enregistrée, soit examinée par une Commission comprenant des chrétiens parmi ses membres.

Dans un entretien avec des journalistes, le 13 juin dernier, à Gujranwala, à environ 200 km de Islamabad, Rufan Julius, député chrétien à l’Assemblée nationale, a fait mention de l’approbation par le premier ministre Nawaz Sharif, d’un projet d’amendement qui lui avait été envoyé il y a plusieurs semaines par le ministre des Affaires religieuses. Selon ce projet, la police ne pourra enregistrer une plainte, procéder à une arrestation et conduire une enquête qu’à l’issue d’un examen du cas par une commission d’enquête de six personnes qui devra conclure s’il est fondé ou non. Selon les déclarations du député, la commission doit être composée de deux dirigeants chrétiens et de deux dirigeants musulmans bien connus, ainsi que d’un adjoint au préfet de police et du commissaire de police du district.

Depuis le 9 juin dernier, la presse de langue ourdou et anglaise publie des articles à ce sujet, affirmant que le projet d’amendement sur lequel travaillait le ministère de la justice était déjà approuvé. Selon le quotidien de langue anglaise “Dawn“, le 13 juin, parlant à des journalistes, à la Haute commission pakistanaise de Londres, le secrétaire parlementaire à l’information, Anwar-uk-Haq Ramay, a même affirmé que le gouvernement avait déjà changé la procédure en vigueur pour l’enregistrement de plainte concernant la loi contre le blasphème. Il a ajouté que six plaintes pour violation de la loi contre le blasphème avaient déjà fait l’objet d’examen de la part des Commissions nouvellement établies, qui, a-t-il confirmé, comprennent des représentants de la communauté chrétienne. Il a, de plus, révélé qu’après examen et visite des lieux où s’étaient déroulés les faits incriminés, les commissions ont conclu, pour les six cas, à des plaintes sans fondement. Par suite, aucune des six plaintes déposées contre quatre musulmans et deux chrétiens n’a été enregistrée. Le journal a aussi rapporté des propos du secrétaire d’Etat, reconnaissant qu’on avait largement abusé de la loi contre le blasphème, mentionnée à la section 295 – C du Code pénal.

Commentant le changement de procédure dans l’application de la loi contre le blasphème, Cecil Chaudhryn, secrétaire du Forum national de l’action chrétienne, y a vu un premier pas dans la bonne direction. Selon le responsable chrétien, le gouvernement ne tardera pas à découvrir que beaucoup ont utilisé cette loi pour régler leurs comptes personnels. Certains convoitaient la place ou des avantages détenus par ceux qu’ils accusaient de blasphème. Désormais, a-t-il ajouté, de telles injustices ne pourront plus avoir lieu. Le dirigeant catholique a également fait remarquer que Mgr John Joseph qui a donné sa vie pour protester contre le traitement des minorités religieuses avait souvent demandé aux autorités, mais sans succès durant sa vie, de s’engager dans cette première étape.

Dans la même interview, Ramay a également rapporté que le gouvernement songeait sérieusement à accorder aux chrétiens comme aux autres minorités religieuses un double vote et une représentation au sénat. Dans le système électoral actuel, les membres des minorités religieuses peuvent seulement voter pour des candidats de leur communautés pour lesquels un certain nombre de sièges sont réservés à l’assemblée nationale, tandis que les musulmans votent pour des candidats musulmans se présentant dans le cadre de circonscriptions électorales. Avec le double vote, les minorités pourraient voter pour leurs propres candidats mais aussi pour les candidats se présentant à l’intérieur d’une circonscription électorale.