Eglises d'Asie

Hongkong : le refus opposé par Pékin à la venue du pape soulève une fois encore des questions sur l’autonomie réelle du territoire

Publié le 18/03/2010




A la suite du refus de Pékin de permettre à Jean-Paul II de venir à Hongkong au cours de son voyage en Asie, prévu pour cet automne, le gouvernement de la Région administrative spéciale de Hongkong a publié un communiqué, daté du 9 août, dans lequel il estime qu’un voyage éventuel du pape sur le territoire est du domaine des “Affaires étrangères” et dépend donc des autorités centrales : “Il serait approprié de discuter de la proposition de voyage du pape après que le gouvernement populaire central chinois et le Vatican auront résolu les questions qui se posent

Cette affaire arrive quelques semaines après la controverse surgie à propos de la demande faite par le gouvernement de Hongkong aux autorités pékinoises de casser une décision de la Cour suprême de Hongkong concernant la politique d’immigration du territoire (2). Beaucoup de citoyens de Hongkong voient dans cette succession d’événements la preuve que la promesse de Pékin de respecter la formule “un pays deux systèmes” dans l’administration du territoire était une promesse creuse.

Le chancelier du diocèse catholique de Hongkong, le P. Lawrence Lee a fait remarquer que l’Eglise catholique considère une visite éventuelle du pape d’un point de vue religieux, mais Pékin a choisi de la traiter comme une question politique et diplomatiqueIl a ajouté que l’interdiction faite par le gouvernement central chinois est une forme de restriction religieuse qui va à l’encontre de ce qui est prévu dans la Loi fondamentalequi sert de constitution à Hongkong. Celle-ci précise en effet que les organisations religieuses locales peuvent maintenir et développer des relations avec leurs homologues étrangers et les organisations internationales appropriéesLe P. Lee a observé par ailleurs : Evidemment, nous jouissons de la liberté religieuse ici, mais nous constatons aussi que cette liberté est sujette à l’interprétation du gouvernement chinois

Dans un communiqué du 9 août, le Hongkong Human Rights Monitor, groupe de surveillance des droits de l’homme, estime lui aussi que la décision de Pékin représente une perte symbolique profonde de liberté pour HongkongPour le groupe, cela signifie que Hongkong n’est plus le lieu de liberté qu’il était

De son côté, le gouvernement de Taiwan faisait savoir, le 10 août, qu’il ne s’opposerait pas à une visite du pape à Hongkong ou sur le continent chinois, mais qu’il espérait en même temps que le pape visiterait Taiwan. Nous maintenons que politique et religion doivent être séparées, mais certains aiment bien les mélangeraffirme le porte-parole taiwanais des Affaires étrangères. L’évêque de Macao, Mgr Domingos Lam Ka-tseung regrette lui aussi la décision de Pékin prise pour des raisons politiques

La visite papale interdite par Pékin a été largement commentée dans les journaux, les radios et les télévisions de Hongkong, les 9 et 10 août. Beaucoup d’hommes politiques et de citoyens ont exprimé leur inquiétude de voir la formule “un pays deux systèmes” se vider peu à peu de son sens.