Eglises d'Asie

La répression à l’encontre du groupe Falungong pourrait provoquer un raidissement encore plus accentué de la politique religieuse du régime

Publié le 18/03/2010




La répression policière qui affecte le groupe socio-religieux Falungong (1) depuis son interdiction au mois de juillet, a conduit plusieurs observateurs à se demander si le gouvernement ne sera pas tenté d’en profiter pour raidir encore davantage sa politique religieuse, particulièrement en ce qui concerne les groupes chrétiens, catholiques et protestants, qui refusent de reconnaître l’autorité de l’Association patriotique pour les uns, et du Mouvement des trois autonomies pour les autres. Parmi les dirigeants de l’Eglise catholique “officielle”, on minimise les conséquences éventuelles de cette affaire, mais l’inquiétude est plus sensible chez les responsables de l’Eglise catholique “clandestine” qui estiment que les contrôles pourraient s’accentuer sous prétexte de “stabilité sociale” à l’approche des célébrations du cinquantenaire de la fondation de la République populaire de Chine, le 1er octobre prochain.

Anthony Lam Sui-ki, spécialiste des affaires religieuses chinoises au Centre du Saint-Esprit de Hongkong, a déclaré que, depuis quelque temps, les autorités chinoises faisaient une distinction nette entre “superstitionet religionIl en conclut que les dirigeants du Parti communiste chinois veulent éviter de toucher à la politique religieuse et minimiser les conséquences de l’affaire du Falungong sur les religions reconnues par l’EtatCependant, ajoute-t-il, un certain nombre de fonctionnaires continuent d’insister sur l’athéisme, mettent religion et superstition dans le même sac et pourraient tenter d’utiliser toutes les occasions qui se présentent pour resserrer la politique religieuse. Anthony Lam note encore que la politique gouvernementale à l’encontre de l’Eglise “clandestine” est plus ancienne et a été pensée à plus long terme.

Sr Béatrice Leung Kit-fun, religieuse du Précieux sang et professeur de sciences politiques et de sociologie, pense de son côté que Pékin pourrait être amené à raidir sa politique religieuse à la suite de l’affaire du Falungong qui a mis à jour un certain nombre de problèmes au niveau de la base populaire. Elle estime que le Parti communiste ne peut pas se permettre de laisser son idéologie être contestée et éventuellement remplacée.

Des sources catholiques de la province du Hebei ont révélé aussi, le 23 juillet, au lendemain de l’interdiction du Falungong, que Mgr Julius Jia Zhiguo, évêque clandestin de Zhending, dans le Hebei, avait reçu, de la police, l’ordre de ne contacter personne à l’extérieur de la Chine. Une autre source affirme que Mgr Xie Shiguang, évêque “clandestin” de Mindong et plusieurs de ses prêtres de la province du Fujian ont été placés en résidence surveillée depuis la mi-juillet.