Eglises d'Asie

Zhejiang : des milliers de catholiques ont bravé l’interdiction des autorités pour participer aux funérailles d’un prêtre “clandestin”

Publié le 18/03/2010




En dépit d’une interdiction gouvernementale, 4 000 catholiques se sont rassemblés, le 26 juillet, pour accompagner les cendres du P. Mathias Chen Xizhi jusqu’à l’église de Leqing, à une trentaine de kilomètres de Wenzhou, capitale de la province du Zhejiang.

Le prêtre, âgé de 85 ans et paralysé depuis une quinzaine d’années, était mort trois jours plus tôt à Wenzhou. Les autorités locales avaient interdit la messe de funérailles et tout rassemblement de plus de cent personnes. De ce fait, aucun prêtre n’avait assisté à l’incinération et il n’y avait eu aucune cérémonie. Mais quand les cendres du P. Chen ont été transportées à Leqing, le 26 juillet, une foule compacte était rassemblée des deux côtés de la route, deux kilomètres avant le village. Une fois dans l’église, un jeune prêtre a célébré une messe des funérailles. Dès le lendemain, les autorités ont réitéré l’interdiction à quiconque d’aller prier auprès de l’urne du P. Chen.

Déjà en 1997, plus de deux-cents personnes avaient bravé les autorités pour célébrer en grande pompe le soixantième anniversaire de l’ordination sacerdotale du P. Chen. Celui-ci ne reconnaissait pas l’autorité de l’Association patriotique et il était affilié à l’Eglise catholique “clandestine” depuis sa libération de prison en 1980. Selon des sources catholiques locales, il aurait dû être arrêté à plusieurs reprises depuis lors pour ses activités illégales“, mais les autorités n’osaient pas emprisonner un homme paralysé qui pouvait à peine parler et qui était devenu presque totalement dépendant. Elles avaient peur qu’il ne meure entre leurs mains.

Né en 1914 dans une famille catholique, le P. Chen était entré au petit séminaire de Ningbo à l’âge de treize ans. Ordonné prêtre en 1937, il fut d’abord enseignant pendant cinq ans au petit séminaire. Il en profita pour écrire un livre de phonétique à l’usage des étudiants qui avaient du mal à apprendre le latin. Au cours des années suivantes, il travailla comme aumônier de groupes laïcs. C’est en tant qu’aumônier de la Légion de Marie, interdite par le régime en 1951, qu’il fut lui-même mis en prison. Après sa libération en 1980, il resta très actif et il organisa plus de quarante lieux de rencontre et de culte pour les catholiques qui refusaient l’Association patriotique. Dès 1986, son corps était devenu pratiquement rigide avec la paralysie, mais son cerveau n’était pas affecté. Il parvenait à célébrer la messe sur un canapé spécialement aménagé pour lui.