Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION SOCIALE ET POLITIQUE du 1er juillet au 31 août 1999

Publié le 18/03/2010




La formation du tribunal « à caractère international » pour juger les responsables khmers rouges et la volonté des pays donateurs de vérifier l’usage des fonds alloués au Cambodge sont les deux principaux titres à souligner dans l’activité des mois de juillet et d’août. Longtemps enfermés dans un nationalisme étroit, les dirigeants de Phnom Penh semblent vouloir tout faire pour empêcher le jugement de leurs anciens camarades qui les ont rejoints et jeter ainsi un voile pudique sur un passé dont ils sont tous plus ou moins partie prenante. Seul le jugement de Ta Mok et de Ta Dutch, leur suffirait. La communauté internationale, ou du moins l’ensemble des pays donateurs, commencent à se montrer plus exigeante concernant les aides accordées au pays. Longtemps les responsables cambodgiens ont cru pouvoir jouir de la compassion internationale pour leur pays martyr. Au risque de refaire sans cesse le même constat, l’oligarchie politico-militaire ponctionne toutes les richesses du pays, détourne le plus clair des aides internationales, exploite un peuple ignorant et pauvre.

Jugement des chefs khmers rouges

Le 6 mars 1999, Ta Mok, surnommé « le Boucherest livré aux forces cambodgiennes par la Thaïlande, comme l’avaient été Nuon Chéa, N° 2 du régime khmer rouge, et Khieu Samphan, « Premier ministre », en décembre 1998. Nuon Chéa et Khieu Samphan vieillissent en liberté à Païlin, Ta Mok gît en prison à Phnom Penh. Le 9 mai, Ta Dutch, chef de la sinistre prison de Toul Sleng, est également arrêté et incarcéré. En avril, Hun Sen, Premier ministre, donnait son accord à la formation, au Cambodge, (concession faite par l’ONU), d’un « tribunal à caractère international » pour juger ces deux chefs khmers rouges, et l’ensemble des responsables du Kampuchéa Démocratique. La définition de ce tribunal ressemble fort à un dialogue de sourds .

L’article 14 du code pénal cambodgien fixe la détention préventive à 6 mois. Donc Ta Mok, et Ta Dutch devraient être jugés rapidement ou être relaxés. Comme les tergiversations concernant l’installation d’un « tribunal à caractère international » s’éternisent, Hun Sen prévoit deux procès : l’un, pouvant se tenir assez rapidement, selon la loi votée par l’Assemblée nationale de 1994 mettant les Khmers rouges « hors-la-loil’autre « à caractère international » pour crime contre l’humanité plus tardivement.

Mais dans cette perspective, il faudrait libérer Ta Dutch, qui a déserté les rangs khmers rouges il y a cinq ans, donc avant la loi de 1994. D’autre part, un premier procès risquerait de dévoiler des secrets ennuyeux pour tous: les liens entre Ranariddh et le mouvement khmer rouge avant 1997, le rôle de nombreux hauts fonctionnaires anciens khmers rouges durant le régime du Kampuchéa Démocratique, ainsi que celui de la Chine et la Thaïlande dans leur soutien à Ta Mok. Hun Sen craint que « cela ne porte atteinte à la réconciliation nationale » et fait volte-face. Il invite donc l’Assemblée à modifier l’article 14, pour porter la détention préventive à trois ans. Plusieurs associations de droits de l’Homme craignent qu’une telle modification n’ouvre la porte à tous les abus. Après une semaine de tergiversations, la commission des lois propose l’allongement de la détention préventive pour crimes de génocide ou contre l’humanité à un an renouvelable jusqu’à tois ans. La loi est votée le 11 août par 94 voix sur 106. Seul le PSR (Parti de Sam Rainsy) s’est opposé au vote, qualifié de subterfuge pour éviter de juger les anciens dirigeants de Kampuchéa Démocratique. La représentante du Centre de l’ONU pour les droits de l’Homme au Cambodge est plutôt satisfaite de cette loi, bien qu’elle craigne des dérives, mais elle estime que cette loi ne respecte pas le droit fondamental des inculpés à un procès rapide, et que d’autre part, la législation cambodgienne comporte un vide juridique concernant le génocide.

En 1950 le Cambodge a ratifié la convention sur la prévention et la punition de crime contre l’humanité, approuvée en décembre 1948 par l’ONU. D’un strict point de vue juridique, il n’y a pas eu « génocide » au Cambodge, les Khmers rouges ne s’étant pas acharnés sur un peuple ou une ethnie précise, mais il y eut plutôt « crimes contre l’humanité

Le 11 août, l’ONU dévoile son projet de tribunal international que les experts présenteront aux autorités cambodgiennes après le 25 août. Ce projet prévoit un unique procès pour tous les responsables khmers rouges, comme celui de Nuremberg. Il exige que la majorité des juges (3 sur 5, ou 4 sur 7) et le président du tribunal soient des étrangers, nommés par le secrétaire général de l’ONU, que le gouvernement arrête « tous les dirigeants khmers rouges actuellement présents sur le territoire cambodgien » et les remette au tribunal. Par contre, aucune disposition n’est prévue pour arrêter les chefs khmers rouges réfugiés à l’étranger, le Cambodge n’ayant pas signé de traité d’extradition. C’est seulement après l’achèvement de cette première phase du procès que seront versés les fonds de l’ONU.

Dès le 12 août, à New York, le ministre cambodgien des Affaires étrangères réagit, estimant que ce projet porte atteinte à la souveraineté nationale. Ranariddh, Sok An, bras droit de Hun Sen font des déclarations dans le même sens. Le gouvernement ne semble pas du tout décidé à arrêter les responsables historiques des Khmers rouges (Khieu Samphan, Iieng Sary, Nuon Chéa). Le 14 août, Sam Rainsy, provocateur, au retour d’un voyage à l’étranger, soutient la proposition de l’ONU « par définition, un tribunal à caractère international comprend davantage de juges étrangers que de locauxSelon l’opposant, le gouvernement veut gagner du temps pour que les chefs khmers rouges meurent en prison avant leur jugement. Les réticences du gouvernement s’expliquent par la peur de voir plusieurs membres du régime devoir comparaître devant le tribunal, et le désir de protéger les cadres khmers rouges qui ont rejoint le gouvernement et qu’il traite de « criminels

Le 15 août, à Païlin, Ieng Sary, apparemment très affaibli par la maladie, préside le congrès du MUND (Mouvement d’Union Nationale Démocratique, branche politique des Khmers rouges). Il avertit qu’un tel procès remettrait en cause la réconciliation nationale et menace de reprendre les armes. Y Chhien, gouverneur de Païlin, tient les mêmes propos. Ieng Sary continue à se déclarer innocent, mais des documents provenant de rapports émanant de près de 1.000 Khmers rouges, et découverts récemment, établissent avec certitude son implication dans les massacres.

Le 18 août, Hun Sen accuse l’ONU d’hypocrisie et d’irresponsabilité, rappelle le lourd passé de l’ONU dans son soutien aux Khmers rouges jusqu’en 1991. On sait d’autre part que les Etats-Unis ont versé 85 millions de dollars d’aides aux Khmers rouges entre 1980 et 1986, la Chine en a versé près de 100 millions par an durant la même période. « C’est l’ONU qui doit collaborer avec le Cambodge et non pas l’inversedit le Premier ministre. Le lendemain, un groupe d’ « étudiants du mouvement pour la Démocratie » dénoncent Hun Sen pour son opposition à l’ONU. 300 paysans de Svay Rieng et de Prey Veng, assemblées devant l’Assemblée nationale, approuvent la position de l’ONU. On y reconnaît la main de Sam Rainsy. Par contre Ranariddh approuve la position de Hun Sen.

Le 26 août, le gouvernement dévoile son propre plan à la délégation de l’ONU : un tribunal de cinq juges, dont trois Cambodgiens. C’est à prendre ou à laisser. Cette délégation, d’un niveau exceptionnellement élevé, conduite par le Britannique Raplh Zacklin, montre à quel point l’ONU prend les choses au sérieux.

Le 27 août, à Phnom Penh, Y Chhien, gouverneur de Païlin, accompagné d’une trentaine d’anciens officiers khmers rouges, déclare, qu’il est prêt à livrer les chefs khmers rouges, même Ieng Sary, Khieu Samphan et Nuon Chéa, si la cour les convoquait. Il affirme soutenir totalement la politique de Hun Sen. Contrairement à ses déclarations précédentes, et aux récentes déclarations de Ieng Sary, il affirme que « la guerre ne reprendrait pas » en cas d’arrestation des anciens chefs khmers rouges. Sok Phéap, ancien officier khmer rouge, rallié à la même date qu’Y Chhien, fustige Sam Rainsy qui exige que tous les dirigeants khmers rouges soient traduits en justice, de « violer ses droitset menace de mort le parlementaire. Au cour de plusieurs conférences de presse, les deux anciens chefs khmers rouges somment Sam Rainsy de ne plus les qualifier de « Khmers rougesDans le même mouvement, des fonctionnaires, des militaires et des habitants des districts de Samlaut, Trapéang Prasat, Chup Kako, Anlong Veng, signent une pétition condamnant les positions de Sam Rainsy et lui demandent de venir s’expliquer devant eux ou à l’Assemblée nationale. Sam Rainsy les convoque à l’Assemblée, mais personne ne se présente. « Le roi et le gouvernement nous ont reconnus, accueillis et pardonnés. Que veut-il donc celui-là ? » disent les chefs Khmers rouges, qui saisissent très bien la menace d’un tribunal international contre leur propre personne.

Avant de quitter le Cambodge, Ralph Zacklin indique que l’ONU ne transigera pas sur la composition d’un tribunal mixte, et que les pourparlers se poursuivront au plus haut niveau, entre Hun Sen et Koffi Annan, lors de leur rencontre à l’occasion de la 54ème Assemblée de l’ONU à New York le 20 septembre prochain. C’est de la nature même du tribunal dont il est question. Si le Cambodge n’accepte pas ses critères, l’ONU s’en désintéressera et refusera de débloquer toute assistance financière pour un tel procès. « Au gouvernement cambodgien de décider s’il désire cette aide et la légitimité internationale, » déclare Ralph Zacklin. Pour le gouvernement cambodgien, il s’agit d’une collaboration avec l’ONU, non de négociations, et il n’a aucune concession à faire.

Le 1er septembre, jour de son départ pour une tournée au Canada, Cuba et New York, Hun Sen donne des consignes de fermeté concernant le jugement des Khmers rouges. « Le Cambodge se trouvera certainement seul pour juger les Khmers rougesdit son conseiller le plus proche.

Les observateurs étrangers et ceux de l’ONU dénoncent régulièrement l’incompétence et la soumission du pouvoir judiciaire au législatif. Quelques faits sont à signaler, permettant d’espérer une légère évolution dans les pratiques judiciaires cambodgiennes:

Le 21 juillet, après un procès de trois jours, les 2 membres de l’association de défense des droits de l’Homme LICADHO, incarcérés abusivement à Sihanouk-ville, suite à la manifestation du mois de décembre dernier, sont relaxés, faute de preuves, les témoins à charge n’ayant pas daigné comparaître. La pression internationale a fini par l’emporter dans une histoire pourtant très claire. Le vice-gouverneur qui demandait le remboursement de 150 000 dollars volés lors de manifestations, n’a pu fournir de pièces justificatives, et a été débouté, mais la municipalité devra lui rembourser 294 168 dollars en dédommagement du sac de sa maison. Elle devra également verser 150 000 dollars à l’hôtel Kimsap également endommagé par les manifestants. Plusieurs ONG saluent ce verdict comme un premier pas vers plus de justice. Mais d’autres continuent à sentir la menace contre toute personne défendant les droits de l’Homme.

Le 15 juillet, les Etats-Unis accordent un don de 3,4 millions de dollars à Foundation pour aider les diverses associations cambodgiennes de défense des droits de l’Homme, de promotion de la démocratie et de l’amélioration du statut de la femme.

Le 20 juillet, les Etats-Unis remettent 750.000 dollars à l’association Cambodian Defensers Project qui fournit gratuitement une assistance juridique aux gens démunis. Ainsi l’enveloppe américaine accordée depuis 1993 pour le développement de la démocratie au Cambodge s’élève à 50 millions de dollars. Pour l’année fiscale 1999, toutes aides confondues, l’aide américaine s’élève à 14 millions de dollars.

Le 17 août, 86 députés sur 98 abrogent l’article 51 du statut de la fonction publique : désormais la cour pourra inculper les fonctionnaires, comme tous les autres citoyens, en avertissant leur autorités de tutelle 72 heures « avant » leur arrestation. On donne ainsi le temps au prévenu de se mettre à l’abri de faire disparaître des preuves, ou de menacer… Mais le texte est si flou que l’on ne sait pas, après le vote de l’Assemblée et du Sénat, si l’avertissement des autorités doit avoir lieu « avant » ou « après » l’arrestation!…

La justice cambodgienne et l’assassinat de l’actrice Piset Pilica

Le mardi 6 juillet, Piseth Pilica, une des actrice les plus connues du pays, est mortellement blessée par un tueur à gage, alors qu’elle faisait son marché. Une émotion très forte saisit toute la population, sa mort est ressentie comme un véritable deuil national. Plus de 10.000 personnes assistent à sa crémation. Un comité est mis sur place pour rechercher les coupables et leur commanditaire, mais comme tous les autres crimes, il ne sera jamais élucidé. Un certain nombre de journaux en langue khmère et la rumeur publique accusent la femme de Hok Lundy, directeur de la Police nationale, comme commanditaire du meurtre. Khay Praseth, ex-mari de l’actrice affirme à la télévision avoir reçu de menaces de mors pour qu’il divorce. Les gardes du corps de Piseth Pilica ont été battus par la police quelques jours avant le meurtre…

Les associations cambodgiennes de défense des Droits de l’Homme Adhoc, Licadho, et l’association américaine Human Rights Watch, ont établi avec preuves à l’appui, l’assassinat de 263 personnes entre janvier 1997 et octobre 1998. La plupart de ces assassinats sont le fait de militaires et de policiers qui jouissent de la plus parfaite impunité. Les courageux politiciens du FUNCINPEC passent tous ces assassinats par pertes et profits, pour préserver leurs avantages.

Le 8 juillet un gang d’une dizaine de bandits, apparemment d’anciens khmers rouges, égorgent 14 Jarais, dont 6 femmes, 5 hommes et 3 enfants, dans la province de Rattanakiri. Quatre d’entre eux sont arrêtés par la police et lynchés par la foule.

Scandale au CMAC (suite)

Depuis le mois de juin, il ne sa passe pas une semaine sans que ne soit révélé un nouveau scandale dans l’utilisation des fonds attribués au CMAC (Centre Cambodgien de Déminage). Durant le mois de juin, 3 experts étrangers, écourés, ont démissionné. Ieng Mouly, président du CMAC demande de maintenir à son poste l’expert étranger Richard Warren, l’homme par qui le scandale a été connu.

Le 7 juillet, un audit mené par la société américaine KPMG, sur les versements d’argent du gouvernement cambodgien au CMAC révèle que 494.899 dollars demandés à l’Etat pour payer des salaires, ont été utilisés à d’autres fins, dont des dizaines de milliers de dollars pour des « prêts personnels4.000 dollars « empruntés » pour un virement à la fille de Sam Sotha, directeur. On apprend que des dépenses ont été remboursées deux fois par des sources différentes, que les rapports financiers de trois années ont « disparuqu’il manque des justificatifs pour 102.177 dollars, etc. On accuse également le CMAC d’avoir utilisé 500.000 dollars pour déminer des terrains au profit de personnes influentes, militaires et politiciens, notamment dans la région de Kampot, où l’ancien chef Khmer rouge Chouk Rin, responsable de la mort de Jean-Michel Braquet et deux autres Occidentaux, a créé une grande plantation sur les terrains déminés. Le CD du 9.7.99 cite de nombreux lieux précis, des noms des personnes impliquées. Ce ne peut être le fruit d’une imagination mal intentionnée pour des motifs politiques, comme le prétend Ieng Mouly. Près de 1,3 millions de dollars auraient été engloutis dans ce type de travaux douteux. 40% des terres déminées sont sujettes à litiges concernant leur attribution. (Cependant, le 30 juin, alors que les critiques fusent, 1.827 hectares de terres déminées sont données à 881 familles pauvres, dans la région de Bantéay méan Chhey). 34 voitures de la flotte du CMAC ont été vendues à des prix défiant toute concurrence au cabinet de l’Assemblée nationale… (L’APRONUC avait donné ces voitures au CMAC le 30 novembre 1993).

Le 30 juillet, le ministre des Finances demande que les deux responsables financiers du CMAC remboursent personnellement les 75.000 dollars détournés, et que le CMAC paye les taxes sur les 34 voitures cédées.

Le 2 août, Sam Sotha, directeur du CMAC, et ses deux adjoints sont limogés. Il est remplacé par le général Khem Sophoan, chef adjoint de l’état-major des FARC, dont les représentants de la plupart des pays donateurs louent la probité, la compétence et la modestie. Certains estiment que les conseillers étrangers sont également responsables du scandale. Plusieurs parlementaires du PSR demandent la démission de Ieng Mouly, président du CIMAC.

Le 3 août, les pays donateurs imposent 32 points de réformes précises pour l’octroi de subsides.

Le 25 août, le ministre des Finances gèle les fonds destinés au CMAC, tant que l’argent disparu ne sera pas remboursé. On estime la somme bloquée entre 210.000 à 1 millions de dollars. Cette mesure ne devrait pas avoir d’impact sur le déminage, puisque la subvention du gouvernement cambodgien (1,8 millions de dollars par an) ne représente qu’un dixième du budget du CMAC, destiné principalement à la location de maisons et non aux travaux de déminage. Pour les subsides en provenance des pays étrangers, le ministre suggère qu’ils soient d’abord versés au PNUD puis au CMAC. Le 30 août, Ieng Mouly, président du CMAC contre-attaque en insinuant que le ministère des Finances est lui aussi impliqué dans le scandale du CMAC et que cela montre le degré de la corruption institutionnalisée du gouvernement. Selon Ieng Mouly, une partie seulement des sommes attribuées par le gouvernement rentre dans les caisses du CMAC, une autre partie étant bloquée par les fonctionnaires du ministère. Ieng Mouly se montre confiant par rapport aux subsides en provenance de l’étranger, car les pays donateurs connaissent l’importance du déminage pour la vie du pays, et continueront leur aide en dépit du manque de réformes.

Effectivement, le 30 juillet, le gouvernement japonais promet d’accorder 2,5 millions de dollars au CMAC en matériel (ordinateurs, radio) et ne prévoit pas de retirer son aide à l’avenir. Le 2 août, l’Allemagne accorde 230.000 dollars au CMAC pour déminer la région de Siemréap. En novembre prochain, le CMAC reçoit tout de même 25 camions en provenance des Etats-Unis attribués bien avant que n’éclate le scandale.

Le CMAC reçoit près de 95% de son budget de dons étrangers (20 millions par an). Les Etats-Unis, le Canada et l’Australie, puis le Danemark gèlent leur aide, et attendent que des réformes sérieuses soient menées. Cette suspension représente 4 millions de dollars. Un second audit a commencé au mois d’août pour vérifier l’usage des fonds en provenance des pays donateurs.

Durant les quatre premiers mois de l’année, le nombre des victimes par mines a chuté de 35% par rapport à l’an dernier. En avril (seulement) 80 personnes ont sauté sur des mines contre 124 le mois précédent. 84% des victimes sont des civils.

Vers l’octroi d’un prêt du FMI

Le Cambodge demande un prêt de 80 millions de dollars au FMI (Fonds Monétaire International). En juin, le FMI avait participé à la réunion du mécanisme de contrôle de l’utilisation des 470 millions de dollars accordés à Tokyo le 26 février dernier. Le Cambodge s’était alors engagé à mener des réformes pour une meilleure collecte de taxes et impôts dans les caisses de l’Etat, à mener une réduction drastique des effectifs militaires, une refonte de la fonction publique, l’arrêt de l’exploitation illégale du bois, l’amélioration des conditions de travail des ouvriers.

Lors d’une nouvelle rencontre, durant la dernière semaine d’août, la représentante du FMI loue les efforts accomplis par le gouvernement, mais lui demande d’accentuer ses réformes.

Déforestation

Si la déforestation a réellement diminué, elle n’est pas encore totalement éliminée :

Selon le directeur de la conservation, des soldats et officiers de police ont déboisé 200 hectares de forêt dans le parc national de Kirirom qui en comprend 35.000 et qui a été décrété parc naturel en 1993.

Selon un rapport d’Apsara Autorité, organisme chargé de veiller à la protection des sites d’Angkor, en date du 30 juin, 300 familles d’handicapés ont défriché 60 hectares de forêts protégées et attribuées à la Conservation en 1993.

De riches hommes d’affaires et personnalités du gouvernement, de la police et de l’armée se sont appropriés une partie des 6.202 hectares de la concession de forêts situées près des petites chutes de Kbal Chhay, dans la région de Sihanouk-ville, et les ont fait déboiser, puis ont fait construire des maisons sur les parcelles défrichées. La région de Kbal Chhay est également parmi les 23 sites protégés par décret royal de 1993. Ce déboisement met en danger les ressources en eau de la ville de Sihanouk-ville. Mok Mareth, ministre de l’Environnement, scandalisé, porte l’affaire à la connaissance du gouvernement. Selon le ministre de l’Intérieur, 80% des terres sont déjà déboisées. Le prix du terrain a été multiplié par 10. Un comité interministériel est mis en place : il demande la suspension de tous les travaux entrepris sur le site, la destruction des clôtures délimitant les parcelles et des maisons en construction. Hun Sen ordonne ce démantèlement. 122 hommes en armes, policiers et militaires se rendent sur place, mais évitent de toucher certaines « propriétés« , dont les 18 hectares de l’épouse d’un dignitaire de Phnom Penh … Le contrat de la concession accordée à la société Anco devrait être résilié, mais le directeur de la société est le frère du Sok An, ministre du Conseil des ministres, proches de Hun Sen…

Le ministère des Finances prévoyait une recette de 10 millions de dollars par l’exploitation du bois. Il n’a réussi qu’à collecter 1 million. Les sociétés forestières ont cessé leur travail, d’autres continuent la contrebande.

Le 5 juillet, Hun Sen révèle l’existence d’une unité de 52 parachutistes, entraînés par les Sud-Coréens, pour lutter contre les militaires qui coupent les forêts du pays.

L’organisme allemand GTZ et la Commission du Mékong ont terminé une étude par satellite de la forêt cambodgienne. Actuellement 58% du territoire est couvert de forêt, ce qui représente 10,7 millions d’hectares.

Le 27 juillet, Hun Sen ordonne la destruction d’au moins 30 maisons construites illégalement dans la réserve du Bokor.

Lutte contre la corruption

Le 27 juin, Hun Sen, Premier ministre, demande aux 200 délégués du PPC réunis en congrès, de lutter contre la corruption. « Les corrompus doivent changer de comportement ou être exclus du Partidit-il.

Le 30 juin, Hun Sen, Premier ministre menace les fonctionnaires, spécialement les officiers qui prennent part aux trafics sur les lots de pêche. Ces lots doivent être mis au enchères dans la transparence.

Le 5 juillet, Hun Sen demande à l’armée de mettre fin au gaspillage et annonce qu’il n’avalisera plus de budget prévisionnel de l’armée.

La Société Générale de Surveillance (SGS), chargée d’inspecter la qualité des importations et exportations, menace de mettre fin à son contrat de 5 ans, le 1 août, pour non paiement des salaires par le gouvernement. Chaque mois, la société suisse devrait recevoir 400.000 dollars, mais le gouvernement lui doit 7 millions. Ce départ risque de laisser la porte ouverte à la corruption à grande échelle…Déjà beaucoup d’hommes d’affaires ne voulaient pas passer par la SGS, parce qu’ils sont forcés de payer des taxes d’importation. Le gouvernement demande à la SGS d’abaisser le pourcentage qu’elle perçoit sur les produits importés.

Le 4 août, le ministre des Finances adresse une lettre au Premier ministre concernant une demande faite par le ministère du développement rural, en date du mois de mai, de remboursement pour la construction de 6 routes, « presque achevéesLe Japon, sur justificatifs des projets, a accordé 570.000 dollars pour ces travaux routiers. Selon le ministère des Finances, l’une de ces routes a été construite pour intérêt personnel, deux ont déjà été remboursées par des fonds provenant d’Allemagne, d’autres ont été financées il y a deux ans, avant que le Japon ne s’engage. Le Japon doit faire face aux critiques de son opinion publique qui ne veut pas que son argent soit utilisé pour la corruption.

Le 27 août, le PSR rend public deux documents dans lesquels il révèle des malversations pratiquées au ministère de la Défense : certains officiers touchent la solde des officiers du FUNCINPEC tués lors des combats du 5-6 juillet 1997, les responsables du ministère de l’Intérieur se sont octroyés des salaires exorbitants, entre 5.200 et 10.500 dollars.

Le ministère des Finances alloue 500.000 dollars pour l’établissement du nombre exact des fonctionnaires de l’Etat. Actuellement 164.000 fonctionnaires émargent au budget national. Le décompte commencera en septembre et se terminera en février 2000.

Le 16 août, 150 soldats handicapés manifestent devant l’Assemblée nationale, ils se plaignent de n’avoir pas reçu la prime de 1.200 dollars promis contre leur démobilisation.

Même si les expropriations forcées par des militaires qui chassent les paysans de leurs terres, sont moins fréquentes, trois paysans de Siemréap, sur un groupe de 100 chefs de familles, qui s’opposaient à l’expropriation de leurs terres par des militaires sont tués par les militaires. Par contre, sur ordre de Hun Sen, la société Agrostar à dû remettre 150 hectares (sur les 300) aux villageois dépossédés de Trapéang Snao, dans la province de Kompong Cham, et 200 autres à ceux de Réang. 200 titres de propriétés d’un demi hectare ont été établis. En 1997, le gouvernement avait accordé une concession de 2.400 hectares à la société Agrostar, pour y créer une plantation de noix de cajous. La société avait chassé 300 paysans de leurs terres. Les villageois se sont rendus 5 fois à Phnom Penh, ont lancé un appel au roi Sihanouk, à Ranariddh, à Hun Sen. Pour la seconde fois, une commission parlementaire de 4 membres a été créée pour examiner les problèmes de disputes opposant paysans et militaires ou puissants personnage de l’Etat.

Le 26 août, 25 personnes représentant 650 familles d’O Smach manifestent devant l’Assemblée nationale, car les autorités les forcent à déménager pour installer un casino.

Casinos

En décembre 1998, Hun Sen avait ordonné la fermeture de tous les casinos dans un rayon de 200 km autour de Phnom Penh, afin de faire diminuer la délinquance dans la capitale. Chéa Sophara, vice-gouverneur de Phnom Penh, ordonne la fermeture des deux casinos officiellement en activité à Phnom Penh pour le 30 juin. Le Holiday Club ferme ses portes deux jours avant la date butoir, et licencie ses 600 employés. L’hôtel relance un casino à Sihanouk-ville, employant 50 employés, et prévoit d’en construire un autre à Poipet avec 400 employés. Le gouvernement autorise l’ouverture de 2 casinos à Poïpet, mais officieusement il y en a 4 ou 5 qui fonctionnent déjà dans la ville frontalière. Mais suite à un jugement de la cour municipale de Phnom Penh, le casino flottant Naga, de Phnom Penh, appartenant au groupe malaysien Ariston, est autorisé à continuer ses activités avec un contrat de location pour 20 ans. Chéa Sophara, vice-gouverneur de la ville, un pot de vin compris entre 300.000 et 1 million de dollars aurait facilité le maintien des activité du Casino Naga. Le gouvernement nie avoir reçu tout pot de vin. Les 600 employés du Holiday Club crient à l’injustice et manifestent. Le 9 juillet, Hun Sen, son épouse et deux de ses enfants ainsi qu’un certain nombre de hauts fonctionnaires passent trois jours en Malaisie, reçus somptueusement dans un petit paradis appartenant à la société Haricots …

Le 31 juillet, un nouveau casino, le Long Besace Ressort, ouvre ses portes à Sihanouk-ville. C’est le troisième de la ville, avec le Péak et le Holiday.

Conditions de travail des ouvriers

L’amélioration des conditions de travail des ouvriers était l’un des engagements du gouvernement lors du sommet de Tokyo. Si certaines avancées sont à signaler sur le plan juridique, les droits des travailleurs sont encore souvent ignorés.

Le 7 juillet, 750 travailleurs de l’usine de textile Thai Wah Industries Co Ltd se mettent en grève pour protester contre le retard de leur paye. Le lendemain 300 d’entre eux organisent une marche devant l’Assemblée Nationale.

Le 28 juillet, 300 ouvriers de l’usine You Cheng manifestent dans la rue pour protester contre le nouveau règlement intérieur qui les oblige à une cadence trop élevée, les salariés étant payés à la pièce.

Le 28 juillet, près de 200 ouvrières de la You Chheng Garnment Factory manifestent devant l’Assemblée nationale et le ministère du Commerce, car elles sont payées entre 30 et 38 dollars, et non au minimum prévu de 40 dollars mensuels.

Le 6 août, près de 700 ouvrières de la Splendid Chance International Ltd. entrent en grève pour protester contre l’obligation de faire des heures supplémentaires et le retard dans le paiement de leur salaire. Elles se plaignent de devoir travailler plus de 12 heures par jour.

Le 6 août, 400 ouvriers de l’usine Y Khang 6 Youbin Service se mettent en grève pour protester contre le versement de leur salaire le 10 du mois.

Plusieurs jours de suite, 156 ouvrières de l’usine de textile Winter Knitting (entre 10 et le 24.juillet, entre 18 et le 5 août) tombent en syncope, malaise attribué au manque de ventilation dans l’usine et aux effluves de certains produits toxiques, à la fatigue de 4 heures supplémentaires par jour et à la sous-alimentation. La semaine suivante une vingtaine d’employées d’une seconde usine, Yang Line, subissent de semblables malaises. Le 9 août, dans une usine de chaussures, trente à quarante ouvrières sont victimes de malaises qui seraient provoqués par le surmenage, et le manque de nourriture.

Le 19 août, un ouvrier de 28 ans meurt à l’usine Broadland Garment Industries. Obligé à travailler 4 heures supplémentaires par jour, 6 jours par semaine, il avait demandé plusieurs fois à se reposer, mais la permission lui avait été refusée.

Le pouvoir politique réagit enfin : le ministre du Commerce rappelle qu’il n’autorise que deux heures supplémentaires par jour, avec un supplément de salaire obligatoire (1000 riels de l’heure = moins de 2 francs). Une commission parlementaire décide d’inspecter les locaux de la Winner Garnment : toujours la même constatation : manque d’aération et surmenage. Déjà, à la fin juillet, et pour la première fois, le ministre du Commerce avait menacé les usines qui ne respectaient pas la législation sur le travail de ne pas leur attribuer des quotas de fabrication.

Le 15 juillet, l’assistant adjoint du secrétaire d’Etat américain pour le travail et les droits de l’homme avait rencontré Hun Sen et lui avait déclaré que les Etats-Unis souhaitaient une amélioration significative des conditions de travail dans l’industrie en échange de plus importants quotas d’importation sans droits de douanes. Selon le fonctionnaire américain, les quotas actuels génèrent un chiffre d’affaire de 600 millions de dollars. Ces quotas devraient croître de 14% chaque année en plus des 6% de croissance annuelle normale. Cependant, la moitié des quotas ne sont pas remplis. Seulement deux des douze catégories sur la liste des produits portés sur l’accord bilatéral ont atteint la moitié de leurs quotas respectifs. Les Etats-Unis importent 75 % des produits cambodgiens.

Lors d’une réunion avec les représentants du BIT (Bureau International du Travail), le 1er septembre, les responsables du ministère des Affaires sociales se targuent de « multiples avancées dans la mise en ouvre d’un arsenal légal » : 27 textes d’application du code du travail ont été votés, 4 équipes d’inspecteurs se sont rendus dans 217 usines; 82% des usines sont enregistrées, contre 54% l’an dernier; 87% des usines ont introduit le système du carnet de salaire; 90% sont dotés de délégués du personnel. D’après le ministère, 105 médiations ont été couronnées de succès dans 123 litiges individuels, et 39 dans des 44 conflits collectifs, ainsi que dans deux cas de grève sur 33; 62 organisations professionnelles, dont le SIORC (Syndicat Indépendant des Ouvriers du Royaume du Cambodge), sont enregistrées. Cependant, la représentante du BIT estime qu’il y a une marge importante entre la parole à l’acte, entre le décret et son application réelle… Elle dénonce de nombreuses irrégularités: les employées continuent à travailler à la pièce, comme des forcenées, sans jour de congé ni dimanches ou jours fériés, les congés maladie ne sont pas payés, les femmes enceintes renvoyées… Nombre d’employeurs ont peu de considération pour les droits des travailleurs et le respect des textes en vigueur. Ils profitent de l’ignorance et de la pauvreté des salariés pour mieux les exploiter. Le ministère des Affaires sociales ne dispose pas de mesures efficaces pour lutter contre un patron qui veut se débarrasser d’un représentant syndical.

Economie

On note une augmentation de 25% du nombre de touristes par rapport à l’année dernière durant les six premiers mois. En vue d’encourager les étrangers d’origine cambodgienne à revenir visiter le Cambodge, le Conseil des ministres décide de leur accorder un visa gratuitement, et d’étendre la durée de ce visa à trois mois. « Ce sont nos meilleurs ambassadeurs à l’étrangerdit le ministre du tourisme. Cependant, la police locale cherche souvent à extorquer de l’argent des « résidents » (anikachoun) étrangers.

A partir 1er septembre, les alcools et cigarettes sont taxés à 3%, et les recettes seront destinées à régler les factures d’électricité des villes.

L’inflation se situerait vers 6,5% dans l’année, le taux de croissance sera de 4% pour l’année 1999.

Dons et aides

Le 17 juin, dans une lettre adressée au ministre des Finances, l’Allemagne annonce que, pour des raisons budgétaires, son aide au Cambodge sera réduite de 20%. Cette aide s’élèvera néanmoins à environ 24 millions de dollars pour les années 1999 et 2.000. Le gouvernement allemand reprend ainsi son aide, suspendue après le coup d’Etat des 5-6 juillet 1997. Cette aide est destinée à soutenir les réformes et à la reconstruction du pays, spécialement pour la réinsertion de 55.000 anciens soldats et de leur famille. 8,3 millions sont versés le 12 juillet au ministère du Développement rural pour la construction d’une route dans la province de Kompong Cham et pour un projet de développement dans celle de Kompong Thom. Le 17 août, l’ambassade d’Allemagne remet la somme de 5.500 dollars ainsi que 1.000 tonnes de riz au prince Ranariddh, président de l’Assemblée nationale pour aider les victimes des inondations.

Le Danemark accorde un don de 4,2 millions de dollars à la commission du Mékong pour continuer ses programmes de recherche.

L’Union européenne accorde un don de 1,5 millions de dollars pour la formation de 100 fonctionnaires cambodgiens pendant 15 mois, afin qu’ils soient capables de remplir leurs fonctions au sein de l’ASEAN.

L’agence japonaise de coopération prévoit de verser 40 millions de dollars pour améliorer la route de digue qui enserre Phnom Penh et évite les inondations. Le 9 août, le ministère des Travaux publics signe un accord avec l’Agence internationale de coopération japonaise pour reconstruire les 17,5 km de la route nationale 6 reliant Rolouos à Siemréap. Les travaux qui s’élèveront à un montant d’au moins 7 millions de dollars, seront achevés en 2002.

Le 29 juillet, une société chinoise signe un contrat s’étalant sur 70 ans pour la création d’une plantation de noix de cajous, de patates, et de palmier à huile, sur une superficie de 4.100 hectares, dans la province de Kompong Speu. Cette société emploiera près de 3.000 soldats démobilisés.

Le 30 juillet, Ranariddh, président de l’Assemblée nationale, demande aux Etats-Unis de reprendre leur aide directe avec le gouvernement, vu les progrès accomplis par la démocratie au Cambodge. L’US Aid a prévu 14 millions de dollars d’aide au Cambodge pour l’année 1999.

A la fin du mois de juillet, le PAM signe un protocole d’accord d’un montant de 700.000 dollars pour consolider le programme « travail contre nourriture » qui s’étendra jusqu’au mois de décembre 2000. Les chemins de fer nationaux commencent à la réhabilitation des 8 premiers kilomètres de voies ferrées au départ de Phnom Penh. Le PAM finance l’action à la hauteur de 42.000 dollars.

Santé

D’après une étude conduite par l’OMS, 1 Cambodgien sur 10 souffre de troubles psychiatriques. Cette proportion pourrait s’élever à 15% en 2020. Le royaume compte actuellement 10 psychiatres, exerçant à Phnom Penh, Battambang, Siemréap et Kandal. Il y en aura 20 dans deux ans. D’autre part, six médecins spécialisés en anesthésie-réanimation ont reçu leur diplôme le 21 juillet. Il y a donc actuellement 19 spécialistes en anesthésie dans le pays.

Le docteur Beat Richner, fondateur des hôpitaux pédiatriques « Kanthéa Bopha », compare l’adoption des enfants au Cambodge « à un supermarché de voitures d’occasion : si vous avez un peti t problème, vous pouvez changer de voiture…S’il n’y avait pas cette demande énorme d’adoption d’enfants par ceux qui vivent dans les pays riches, s’il n’y avait pas leur énorme pouvoir financier, il y aurait 75% d’orphelins en moins au Cambodge

Selon un rapport de l’UNICEF, le sida a déjà fait 20.000 orphelins au Cambodge. 5.400 enfants seraient séro-positifs. 5% des enfants hospitalisés à Kantha Bopha sont séropositifs. Une enquête menée en 1997 a recensé 2.291 enfants livrés à la prostitution, dont 15,5% de prostituées. 35% des prostituées ont moins de 18 ans.

La dengue est en récession : 867 cas sont enregistrés cette années contre 16.260 l’an dernier, provoquant 154 décès contre 475 l’an dernier. Par contre la malaria est en recrudescence, effet sans doute lié au retour des bûcherons dans leurs villages, après l’interdiction d’abattre le bois.

La société sino-cambodgienne Phéapimex, qualifié par l’association britannique Global Witness comme la « pire des compagnies forestièresse voit accorder la fourniture exclusive du sel iodé pour une durée de 99 ans. L’UNICEF estime les besoins à 5.000 tonnes par an. Depuis le mois de juin, la Phéaphimex en a produit 400. De très nombreux Cambodgiens souffrent de maux liés au manque d’iode, notamment de goitres.

Le budget national accorde une très faible place à la Santé : 6% de l’ensemble du budget national, soit 1 dollar par personne et par an (contre 40% pour la Défense). Mais à peine 50% des fonds sont débloqués par le ministère des Finances (alors que la Défense, en temps de paix, touche annuellement entre 110 et 150% de son budget). Au mois d’août seulement 13,2% du budget voté ont été versés au ministère de la Santé (pour la Défense on atteint 53 %).

Selon l’ONG Médicam, il y a trois budgets pour la Santé : le budget officiel voté par l’Assemblée, montré aux organismes internationaux. Un second est le budget versé au gouverneur de province pour la santé. Le troisième est le budget réellement dépensé. Le manque de transparence cache des évaporations énormes entre les chiffres indiqués par les circulaires et ceux indiqués au niveau provincial. Par exemple, pour la province de Kompong Cham, l’Assemblée nationale a voté un budget de 400.000 dollars pour 1999, le ministère des Finances a versé 91.000 dollars pour le premier semestre 1999 (soit environ 18%), mais au niveau de la province, on affirme n’avoir reçu que 38.900, soit 8% du budget. Beaucoup se plaignent du rôle dérisoire de l’OMS dans le système de santé.

Drogue

Suite aux dissensions dans l’équipe chargée de réprimer le trafic de drogue, le 9 juillet, le Conseil des ministres limoge Tep Darong, Ngoun Soeur, Viseth et Skadavy Math Ly Roun, responsables de l’Autorité nationale de la lutte contre la drogue, et les remplace par En Sam An, secrétaire d’Etat à l’Intérieur, You Sun Long, conseiller de Hun Sen pour la sécurité, Khieu Sophéak, porte-parole du ministère de l’Intérieur, Lour Ramin, chef du département anti-terroriste du ministère de l’Intérieur. En 1998, seulement 37 personnes ont été arrêtées pour trafic de drogue, comparées au 101 arrestations de 1997. Un grand nombre de policiers participent à ce trafic, ce qui en rend malaisé la répression.

Le 12 juillet, les quatre tonnes de cannabis saisies en avril dans le port de Sihanouk-ville partent en fumée. Le 14 juillet, le ministère de l’Intérieur saisit 800 kilos de cannabis. La culture du cannabis se répand dans la provinces de Kompong Cham, de Kandal et de Koh Kong. Selon le ministre de l’Intérieur la drogue qui cause le plus de souci sont les amphétamines.

Le 15 juillet, 6 personnes sont arrêtées avec 750 kg de cannabis.

Le 21 juillet, l’ambassade des Etats-Unis fait un don en matériel pour équiper un laboratoire pour tester les narcotiques, d’une valeur d’environ 200.000 dollars

Divers

Trafic d’antiquités

Le 27 juin, la police arrête un gang de détrousseurs de pagodes, et saisit 93 têtes de Bouddha et autres sculptures destinées à être vendues en Thaïlande. Plus de 300 antiquités bouddhistes sont retrouvées dans un étang et les buissons environnant la ville d’Ayuttaya, en Thaïlande. Un certain nombre de pièces viendraient du Cambodge.

Le 3 juillet, huit tonnes de sculptures en grès, soit 43 pièces, sont saisies dans un port de Bangkok, en provenance du Cambodge, via Singapour. Ces sculptures devaient être acheminées vers l’Europe et les Etats-Unis.

Frontières

Le 1er juillet, environ 200 étudiants, se définissant comme « patriotesse rassemblent devant l’ambassade de Thaïlande pour protester contre les empiétements thaïlandais en terre cambodgienne. Cinq étudiants sont reçus par un diplomate thaïlandais. Le 2 juillet, ils se rendent à l’ambassade du Vietnam, où il leur est recommandé de passer par les voies diplomatiques habituelles.

Le 30 juin se tient à Bangkok la première réunion du comité khméro-thaïlandais pour examiner les problèmes concernant les 803 km de frontières entre les deux pays. Selon l’armée thaïlandaise, 205 km de frontières seraient minés. Les deux délégations tombent d’accord pour se référer au traité franco-siamois de 1904 et de 1907 comme base de discussion. Un comité mixte ira repérer les 73 bornes-frontières existantes. Les Etats-Unis accordent un don de 870.000 dollars pour le déminage de la frontière.

Lors de sa visite au Cambodge, au début du mois de juin, Le Kha Phieu, secrétaire général du Parti Communiste Vietnamien déclare que tous les litiges frontaliers entre les deux pays seront réglés avant la fin de l’année 2000. Les autorités vietnamiennes réaffirment cet engagement lors de la visite de Chéa Sim, président du Sénat cambodgien à Hanoï, le 21 juillet.

Dans une mise au point, le 19 juillet, Hun Sen, Premier ministre, reconnaît que la délimitation des frontières maritimes avec la Thaïlande est « une affaire compliquéeet que sept revendications de Phnom Penh sont encore refusées par Hanoï.

Le 27 juillet, l’ambassadeur du Laos au Cambodge nie tout empiétement du Laos au Cambodge : ce sont des Cambodgiens réfugiés au Laos pendant les dernières décennies qui reviennent actuellement au Cambodge.

Espérance de vie

Le nouvel indice du développement humain classe le Cambodge à la 137 ème place sur 174, soit avant le Laos, le Népal et le Pakistan. Le taux d’alphabétisation des adultes est de 66%, 70% de la population n’a pas accès à l’eau et 82% à des installations sanitaires. 52% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition. L’espérance de vie est de 53,4 ans (contre 43,9 en 1970), soit de 55 ans pour les femmes, et de 51,5 pour les hommes. 28% de la population n’atteindra donc pas l’âge de 40 ans, et 47% l’âge de 60 ans. Le taux de mortalité infantile est de 106 pour mille. Le PNB par habitant est de 300 dollars.

Criminalité

Selon les statistiques officielles, la criminalité a diminué de 32% durant les 6 premiers mois de l’année par rapport à la même période de l’an passé. 406 personnes ont été tuées, 708 blessées. La police a arrêté 1.208 suspects et en a tué 29. On note par contre une recrudescence des kidnappings : 44 au lieu de 34.

Famine, inondation

Les 25.000 habitants de la région d’Anlong Veng, ancien fief khmer rouge sont menacés par la famine. 800 tonnes de vivres sont acheminées par le PAM à partir de la Thaïlande, car les routes en provenance de l’intérieur du pays sont défoncées durant la saison des pluies. Près de deux tiers de la population d’Anlong Veng sont des femmes, dont beaucoup de veuves. Un habitant sur dix est handicapé, le plus souvent amputé. Médecins Sans Frontière a construit une piste d’atterrissage pour acheminer des médicaments. L’association britannique Hallo Trust démine.

Une inondation inhabituelle a ravagé la région de Kampot. Au moins 5 personnes ont péri noyées. Plusieurs milliers de personnes ont dû évacuer leur maison. On estime les dégâts à plus de 300.000 dollars. Les Etats-Unis ont versé 25.000 dollars à la Croix Rouge cambodgienne comme aide aux sinistrés.

La famine règne dans les provinces de Prey Veng et de Svay Rieng : le 22 août, environ 300 personnes venant de ces deux provinces campent devant l’Assemblée nationale et réclament des vivres.

Education

46 % des quelques 30.000 élèves ont été reçus au baccalauréat. Le meilleur taux de réussite est à Phnom Penh et à Pursat. Sur le budget de l’Education nationale, 40% sont attribués pour l’enseignement dans son ensemble, 20% à l’enseignement supérieur qui compte moins de 10.000 étudiants, 12% sont consacrés aux lycées, qui rassemblent 300.000 élèves, 8% aux écoles primaires, qui comptent deux millions d’élèves. L’Etat reconnaît les diplômes de l’université privée Norton.

Droits de l’homme

Le mandat du Centre des droits de l’Homme de l’ONU au Cambodge est prolongé d’un an, alors que Thomas Hammarberg aurait préféré un plus long délai.