Eglises d'Asie

Les chrétiens ont été rassurés par les premières déclarations du nouvel homme fort du Pakistan, le général Pervez Musharraf

Publié le 18/03/2010




Immédiatement après le coup d’Etat militaire qui, le 12 octobre dernier, a évincé Nawaz Sharif de son poste de Premier ministre, les chrétiens pakistanais s’étaient montrés plutôt inquiets pour l’avenir de la démocratie dans leur pays. Ils avaient souhaité que le nouvel homme fort du Pakistan, le général Pervez Musharraf, procède au rétablissement du processus démocratique et organise immédiatement des élections. Cependant leurs sentiments semblent avoir grandement changé après le discours-programme prononcé à la télévision par le général, le 17 octobre suivant. Certaines réactions ont même frisé l’enthousiasme. Le P. Archie D’Souza, vicaire général de l’archidiocèse de Karachi, a affirmé que “Musharraf était envoyé par Dieu pour libérer le peuple des forces de l’oppression”. Cecil Chaudhry, secrétaire du Forum national chrétien, a déclaré que “depuis Mohammed Ali Jinnah, le père de la nation, Musharraf est le premier à parler du sujet des minorités religieuses”. Cependant, la plupart des commentaires issus des milieux chrétiens gardent la mesure en attendant que des réalisations concrètes viennent confirmer les promesses faites, comme l’a affirmé, par exemple, le P. James Channan, secrétaire de la Commission épiscopale pour les relations interreligieuses : “Il nous a fait de bonnes promesses. Nous espérons qu’il les tiendra

Dans son discours télévisé où il a énoncé ce qu’il estimait être les priorités de la nation, on attendait du nouveau dirigeant qu’il se prononce sur la question des minorités religieuses. Il n’y a pas manqué et a en particulier déclaré : Je voudrais rassurer les membres de nos minorités. Ils bénéficieront de leurs pleins droits et de notre protection comme des citoyens égaux aux autres, selon la lettre et l’esprit de l’islam“. Il a ensuite exprimé son attachement à un islam modéré, sans fanatisme et respectueux des différences religieuses : L’islam enseigne la tolérance et non la haine, la fraternité universelle et non l’inimitié, la paix et non la violence, le progrès et non le sectarisme“. Il a ensuite dénoncé l’exploitation politique des thèmes religieux et a invité les dirigeants religieux musulmans à prêcher la tolérance, la fraternité et l’unité. S’adressant aux “oulémas” (docteurs de la loi), il leur a exprimé son grand respect et leur a demandé de présenter l’islam sous sa vraie lumière, de neutraliser ceux qui utilisent la religion au service d’intérêts cachés et contribuent ainsi au discrédit de la foi musulmane.

Les autres priorités annoncées dans ce même discours ont été le renforcement de l’ordre et de la loi, la dépolitisation des institutions de l’Etat, la décentralisation du pouvoir, la prise en compte de la responsabilité des fonctionnaires. Du point de vue militaire, Musharraf a annoncé le début d’une désescalade militaire unilatérale dans le conflit actuel avec l’Inde et le retrait des troupes massées aux frontières. Musharraf qui, dès le 14 octobre, avait proclamé l’état d’urgence, suspendu la constitution, ainsi que les branches exécutives et législatives du gouvernement, a annoncé la création à la tête du pays d’un Conseil national de sécurité dirigé par lui et composé de différents responsables des forces armées. Cependant, le général a promis que les militaires ne resteraient au pouvoir que le temps nécessaire pour ouvrir la voie à une véritable démocratie.

Musharraf, qui est natif de Karachi et a fait ses études supérieures dans des institutions chrétiennes à Karachi puis à Lahore, est un musulman fervent. Il a terminé son discours télévisé par une prière dans laquelle il a demandé à Allah de lui donner la vision lui permettant de discerner le vrai du faux, la sagesse pour comprendre les problèmes et trouver leurs solutions, le courage pour accomplir la justice et la force de faire ce qui est droit“.