Eglises d'Asie

L’Eglise appelle une fois de plus à mettre un terme à la guerre qui oppose l’armée et les Tigres tamouls

Publié le 18/03/2010




Suite à la vaste et sanglante offensive menée par les Tigres tamouls depuis le 1er novembre contre des positions de l’armée sri-lankaise, le P. A.I. Bernard, président de la commission “Justice et paix” du diocèse de Jaffna, un diocèse situé à l’extrême nord du pays, en zone majoritairement tamoule, a envoyé une lettre à la présidente du Sri Lanka, Mme Chandrika Kumaratunga, lui enjoignant de mettre un terme “à cette guerre absurde et sans fin en prenant des mesures adéquates qui permettent l’ouverture de négociations [entre le gouvernement et les Tigres tamouls].”

Dans son appel à la présidente, le P. Bernard déplore les si nombreux jeunes tués lors des combats, y compris les centaines de soldats cingalaiset poursuit ainsi : Bien que nous appartenons nousmêmes à la communauté tamoule, notre appel à la paix est le garant de la sincérité de nos intentions et n’est pas motivé par l’espoir d’un quelconque éventuel gain politique.” Selon lui, les propositions de médiations offertes par l’Eglise et certains bouddhistes n’ont pas été prises au sérieux (9).

Le 1er novembre, au nord du pays, les Tigres de libération du Tamil Eelam (LTTE) ont lancé une offensive en partie victorieuse contre plusieurs camps militaires dont le rôle, selon eux, étaient d’assurer une protection armée à la colonisation cingalaise des villages tamouls de la région“. Selon la présidente du Sri Lanka, les Tigres tamouls ont effectivement réussi à se rendre maître de plusieurs villes et postes militaires mais les pertes de l’armée sri-lankaise ont été largement exagérées par les médias. Mme Chandrika Kumaratunga a fait décréter l’imposition de la censure pour les médias locaux et a déclaré que les militaires déploraient 101 morts et 743 blessés dans leurs rangs tandis que 122 soldats étaient portés disparus.

La Croix-Rouge internationale et Médecins sans frontières ont exprimé leurs craintes pour les civils déplacés par les combats et les blessés de part et d’autre, appelant chacune des deux parties à respecter les conventions internationales régissant les lois de la guerre. Ces organisations internationales redoutent que les blessés tombés entre les mains “ennemies” ne soient systématiquement achevés et les prisonniers exécutés.

Prenant prétexte de discriminations dans l’éducation, la langue, l’emploi et les droits de propriété, le LTTE mène depuis 1972 une guerre contre le gouvernement de Colombo afin d’obtenir la création d’un Etat tamoul au nord et à l’est du Sri Lanka, un Etat indépendant et séparé de la majorité cingalaise du reste de l’île. Ce conflit a, depuis vingt-cinq ans, causé la mort d’environ 55 000 personnes et le déplacement de plus d’un million de réfugiés. Les Cingalais représentent environ 74 % des 18 millions de Sri Lankais ; les Tamouls, concentrés principalement au nord et à l’est de l’île, représentent 18 % de la population du pays.