Eglises d'Asie

Hongkong : l’Eglise exprime son désaccord avec la nouvelle décision de la Cour suprême sur le droit de résidence dans le territoire

Publié le 18/03/2010




L’Eglise catholique à Hongkong soutient le droit des Chinois du continent nés de parents résidant légalement à Hongkong à résider eux-mêmes sur le territoire. Cette position de l’Eglise déjà proclamée sans ambiguïté dans la lettre pastorale du cardinal Wu Cheng-chung du 31 mai dernier (5) a été réaffirmée dans un communiqué publié le 8 décembre dernier par la Commission diocésaine Justice et paix, après la sentence historique rendue le 3 décembre précédent par la Cour suprême de Hongkong. La Commission s’en prend vivement à cette décision concernant le droit de résidence, reprochant à celle-ci d’avoir mis à mal le principe qui devrait présider aux destinées de la région administrative spéciale : « Un pays, deux systèmesEn effet, les magistrats de la plus haute juridiction du territoire, dans une affaire concernant 17 habitants de Chine continentale voulant obtenir le droit de résidence permanente à Hongkong, ont décidé de revenir sur un précédent jugement et de suivre la nouvelle interprétation du droit de résidence, donnée le 26 juin dernier par le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire qui siège à Pékin (6). Affirmant que l’interprétation de Pékin « primait de droit » sur l’interprétation précédente, le tribunal a débouté les 17 plaignants de leurs demandes et ainsi préparé l’expulsion de quelque 6 000 chinois du continent à Hongkong, dans la même situation que les plaignants.

L’affaire à laquelle la Cour suprême vient apparemment de donner une conclusion avait commencé le 29 janvier de cette année avec une décision de ce même tribunal qui avait immédiatement fort irrité les autorités de Pékin (7). S’appuyant sur la Loi fondamentale, la mini-constitution de Hongkong, les juges avaient considéré que tout enfant chinois ayant un parent résidant légalement à Hongkong avait également le droit de résider sur le territoire, interprétation allant à l’encontre de lois expressément votées par le Parlement chinois. Aussitôt, les autorités chinoises avaient souligné la gravité de cette affaire. Selon un journal chinois, la décision du tribunal défiait gravement l’autorité de l’Assemblée nationale populaire. Le 24 février suivant, le gouvernement de Hongkong demandait à la Cour suprême de clarifier sa décision suscitant l’irritation parmi les membres de l’opposition et scandalisant les juristes du territoire (8). A la suite de cette intervention gouvernementale, la Cour publiait un communiqué affirmant solennellement qu’elle reconnaissait ne pas pouvoir mettre en cause l’autorité de l’Assemblée nationale populaire. Cependant, le gouvernement tâchait d’acquérir le soutien de l’opinion publique en diffusant une information selon laquelle la décision de la Cour de Hongkong aurait pour conséquence l’arrivée de 1,6 millions d’immigrants nouveaux sur le territoire et entraînerait des frais considérables. Finalement, comme l’y avait invité une motion votée par l’Assemblée législative locale (9), le gouvernement sollicita l’intervention des autorités chinoises de Pékin sur cette affaire. C’est ainsi que, le 26 juin 1999, le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire révoquait le jugement de la Cour suprême du 29 janvier et imposait sa propre interprétation du droit de résidence, beaucoup plus restrictive (10). C’est à elle que s’est référée le jugement de la Cour suprême du 3 décembre, un jugement accueilli avec faveur par le gouvernement qui dans un communiqué affirme qu’il « confirme la légalité de l’interprétation, par l’Assemblée nationale populaire, des dispositions de la Loi fondamentale en matière de résidence« .

Le communiqué de Justice et paix est particulièrement critique vis-à-vis de la Cour suprême et lui reproche de se soumettre inconditionnellement à l’interprétation fournie par le Parlement chinois. Il déplore à la fois la ruine des aspirations au regroupement familial de certains résidants de Hongkong et la mise en cause du principe d’autonomie relative du territoire. Il appelle cependant à un compromis et invite le gouvernement de la Région administrative spéciale à mettre en place des dispositions permettant aux enfants nés de parents résidants de Hongkong de pouvoir s’y installer dans des délais raisonnables.