Eglises d'Asie – Chine
MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II A L’EVEQUE DE MACAO A la veille du retour du territoire à la Chine
Publié le 18/03/2010
Près de 424 ans après le jour où mon prédécesseur Grégoire XIII a érigé le diocèse de Macao, la communauté diocésaine qui a été confiée à Votre excellence se prépare elle-même à vivre un événement important de son histoire multi-séculaire, le 20 décembre prochain, avec le retour du territoire à la souveraineté chinoise.
Créé pour subvenir aux besoins pastoraux qui apparaissaient avec l’extension du christianisme en Extrême-Orient, le diocèse de Macao comprenait, à ses débuts, toute la Chine ainsi que les îles et territoires adjacents. Son histoire s’est donc trouvée mêlée à l’histoire de l’évangélisation de toute cette région et particulièrement à celle de la Chine, pays de traditions philosophiques et religieuses anciennes. La fonction de porte de l’Eglise vers la Chine, assignée par la divine providence au diocèse de Macao et assumée pendant quatre siècles avec des fortunes diverses, prendra de nouvelles formes à présent, puisque la communauté diocésaine devient membre de plein droit de l’Eglise en Chine : elle doit, en particulier, renforcer sa vocation missionnaire au sein du monde chinois, afin de devenir un point de référence et de soutien spirituel pour les nombreux frères et sours dans la foi, qui vivent dispersés dans la vaste Chine.
La tradition historique et culturelle de cette Eglise particulière est riche en valeurs significatives. Macao n’était pas seulement la porte de l’évangélisation pour le continent chinois, mais aussi un poste avancé de culture chrétienne et un point de rencontre avec les cultures d’Extrême-Orient. En fait, dans cette ville, avec la création du Collège universitaire St Paul en 1594, fut établie la première université d’Extrême-Orient, trente ans à peine après l’arrivée des premiers navigateurs portugais à Macao. Ainsi, en même temps qu’une instruction élémentaire, immédiatement dispensée par l’Eglise dès le début, un niveau d’enseignement supérieur était aussi fourni.
En dehors du domaine de la culture, la présence des catholiques a été notable dans le travail social, comme le manifeste la Sainte maison de la miséricorde (Santa Casa da Misericordia), établie en 1569, et qui a joué un grand rôle dans l’histoire humaine de la population locale.
A ce moment important où le Territoire redevient partie intégrante de la Chine, l’Eglise qui est à Macao, riche en dignité et en tradition, est appelée à continuer son engagement dans le service spirituel, culturel et social.
A la veille d’un siècle nouveau, et dans le contexte de l’Année Sainte, aujourd’hui très proche, que l’Eglise à Macao sache donner l’impulsion nécessaire à son engagement évangélique, en renouvelant avec générosité et audace les méthodes et les formes du témoignage religieux et du service de valeur qu’elle fournit dans les secteurs de l’éducation, de la formation et de l’assistance sociale.
Qu’elle puisse être une Eglise prophétique en annonçant aux hommes, avides de biens matériels et désorientés dans leurs objectifs, l’élévation de la vie morale et de la raison inspirée, la dignité et la liberté de chaque personne humaine, la beauté de l’Evangile, la joie de suivre le Christ.
Qu’elle puisse être une Eglise fidèle à la signification du nom qui orne la ville : “Macao, cité du Nom de Dieu”. Qu’elle puisse sans crainte parler à tous de l’amour de Dieu Père, révélé en Jésus et répandu dans le Saint-Esprit. Qu’elle puisse maintenir sa tradition dont témoignent les innombrables et splendides édifices sacrés qu’elle a dédiés au cours des siècles à la Mère de Dieu, à St Joseph, à St Jacques, à St François Xavier.
Qu’elle puisse maintenir la plénitude de sa communion avec l’Eglise universelle et que, comme dans le passé, elle puisse choyer toujours sa communion avec l’Eglise de toute la Chine à laquelle elle est maintenant liée par un lien civil spécial.
En formulant ces souhaits, je désire assurer de ma prière et de celle de toute l’Eglise la communauté diocésaine de Macao et la famille catholique plus large de tout le continent chinois.
A vous, frère vénérable, j’envoie mon salut affectueux et ma bénédiction apostolique, que j’étends aussi au clergé, aux religieux hommes et femmes, au laïcat et à toutes les personnes de bonne volonté.
Fait au Vatican le 3 décembre 1999, en la fête de St François Xavier, patron des missions.
Jean-Paul II