Eglises d'Asie – Chine
Macao : après le retour du territoire sous le drapeau chinois, l’Eglise de Macao maintiendra une relation spéciale avec le Saint-Siège
Publié le 18/03/2010
Le délégué du Saint-Siège aux cérémonies de rétrocession, Mgr Antonio Franco, nonce apostolique aux Philippines, a lui aussi appelé le diocèse de Macao à développer ses propres relations avec Rome. Selon lui, après le 20 décembre, le diocèse doit poursuivre sa mission prophétique dans la société, en pleine communion avec l’Eglise universelle et le pape. Mgr Franco était accompagné par Mgr Fernando Filoni, officiellement conseiller culturel auprès de la nonciature aux Philippines, en fait détaché par le Saint-Siège à Hongkong et chargé de suivre les affaires de l’Eglise en Chine. La délégation du Saint-Siège avait été invitée par le gouvernement portugais à participer aux différents événements culturels et aux réceptions organisées à l’occasion de la rétrocession proprement dite ; elle ne se trouvait pas sur les listes des invités du gouvernement chinois conviés à assister à l’établissement de la nouvelle Région administrative spéciale (RAS).
Lors d’une courte entrevue le 19 décembre avec les délégués du Vatican, le président de la République du Portugal, Jorge Sampaio, a réaffirmé que la Loi fondamentale de Macao, texte qui fait office de mini-constitution à la nouvelle RAS, garantissait la liberté religieuse. Mgr Franco a, pour sa part, précisé que la présence d’une délégation du Vatican à ces cérémonies témoignait des bonnes relations entre le Saint-Siège et le Portugal. Interrogé sur le rôle de Macao dans les relations du Vatican avec la Chine, le nonce a reconnu que le diocèse de Macao était effectivement bien placé, maintenant que le territoire de Macao était réuni à la Chine, mais qu’il appartenait à Dieu de savoir si le diocèse avait ou non un tel rôle à jouer. Mgr Franco a aussi précisé que, au cours de leur visite de 48 heures dans le territoire, ni lui, ni Mgr Filoni n’avaient rencontré d’officiels chinois à propos d’un éventuel établissement de relations diplomatiques entre le Vatican et la Chine (5).
Mgr Domingos Lam a rappelé que l’Eglise à Macao, depuis l’époque où Matteo Ricci est entré en Chine en 1583 via Macao, avait toujours cherché à servir l’Eglise en Chine. « Si l’Eglise en Chine a besoin d’aide, notre Eglise fera certainement de son mieux pour l’aider« , a-t-il déclaré. Répondant à certains qui ont exprimé la crainte de voir l’Eglise à Macao devenir indépendante de l’Eglise universelle une fois la souveraineté chinoise réaffirmée sur le territoire, Mgr Lam a ajouté que « quelles que soient les circonstances, nous serons, par le pape, en pleine communion avec l’Eglise universelle« .
Se référant à la lettre que Jean-Paul II lui a adressée le jour de la St François Xavier (6), Mgr Lam a dit que ce texte était « une reconnaissance de ce que l’Eglise a fait ici durant des siècles » et une invitation à « poursuivre notre engagement au sein de la société« . Ce message du pape souligne « les réalités de l’Eglise de Macao et ses qualités particulières« , comme la promotion des échanges culturels entre l’Orient et l’Occident et la contribution au travail missionnaire au service de l’Extrême-Orient.
Rappelant qu’il est âgé de 71 ans et qu’il demandera au Saint-Père d’accepter sa démission en 2002, Mgr Lam a invité les catholiques à ne pas craindre la rétrocession : « Certains craignent que l’Eglise soit limitée dans son développement après la rétrocession, mais je dois insister pour dire que nous ne devons pas nous censurer de prime abord« . Sur les 430 000 habitants de Macao, 20 000 sont catholiques. Ils sont servis par 86 prêtres, 12 frères et 179 religieuses. Le diocèse de Macao a été érigé en 1576. Mgr Domingos Lam est devenu son premier évêque ethniquement chinois en 1988. Le diocèse compte aujourd’hui six paroisses, cinq dessertes paroissiales, 33 écoles (soit presque la moitié des écoliers et étudiants du territoire) et une vingtaine d’organisations caritatives.