Eglises d'Asie

A la suite d’un nouvel attentat-suicide et du meurtre d’un homme politique tamoul à Colombo, les évêques catholiques appellent, une fois de plus, à mettre un terme au conflit entre l’armée et les Tigres tamouls

Publié le 18/03/2010




Les évêques catholiques du Sri-Lanka ont exprimé leur peine après l’attentat-suicide qui a coûté la vie à treize personnes et après l’assassinat d’un homme politique tamoul, le 5 janvier à Colombo. « Une fois de plus, le sang a été versé et des vies ont été perdues dans une spirale de violences sans fin contre des dirigeants politiques, des policiers dans l’exercice de leur fonction et des civils. C’est avec tristesse que nous notons l’augmentation du nombre de telles attaques ces dernières semaines ont déclaré le jour même les évêques dans un communiqué signé par le secrétaire général de la Conférence épiscopale, Mgr Malcolm Ranjith, du diocèse de Ratnapura.

Mgr Malcom Ranjith a ajouté que le gouvernement et les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), le mouvement de lutte armée qui revendique l’indépendance de la péninsule de Jaffna, devaient s’asseoir sans condition à la table des négociations, précisant que le recours aux armes et à la violence est la solution que choisissent les lâches et ceux qui n’ont pas de courage moral. Le prélat catholique a aussi appelé tous les Sri-Lankais à s’inspirer des valeurs morales que tous ont reçu de l’héritage religieux du pays.

L’attentat-suicide s’est produit à neuf heures du matin, devant les locaux du Premier ministre, Mme Sirimavo Bandaranaike, âgée de 82 ans et qui est aussi la mère de la présidente du Sri Lanka, Mme Chandrika Kumaratunga, reconduite le 21 décembre dernier avec une courte majorité pour un deuxième mandat consécutif à la tête du pays (18). Le Premier ministre n’était pas dans ses bureaux au moment où une jeune femme, soupçonnée d’appartenir aux Tigres tamouls, a déclenché la bombe qu’elle portait sur elle alors que son identité était contrôlée par des policiers. Treize personnes ont été tuées et 30 autres blessées.

Quelques heures plus tard, Kumar Ponnambalam, âgé de 60 ans, avocat tamoul bien connu, homme politique et secrétaire général du Congrès pan tamoul de Ceylan (All Ceylon Tamil Congress), a été assassiné en pleine rue, à Wellawatte, banlieue sud de Colombo, où vivent un grand nombre de Tamouls originaires de Jaffna, principale ville tamoule située au nord du pays. Ponnambalam, qui avait été formé dans des institutions catholiques (collège St Patrick à Jaffna et collège Aquinas à Colombo), était une figure controversée. En 1982, il s’était présenté aux élections présidentielles en tant que représentants des Tamouls et avait été battu. A propos des Tigres de libération de l’Eelam tamoul, il avait déclaré : « Ils nous ont donné un sentiment de dignité, de courage et de fierté », tout en précisant qu’« ils tuent les traîtres ». Selon des observateurs, son assassinat peut tout aussi bien avoir été commandité par des Cinghalais, mécontents de ses prises de position en faveur du LTTE, que par le dirigeant des Tigres, Velupillai Prabhakaran, qui vit dans la clandestinité et supporte mal les Tamouls dont l’envergure politique l’inquiète.

Le lendemain de ces deux attentats, dans la nuit du 6 au 7 janvier, les forces de l’ordre ont procédé dans Colombo à des milliers d’arrestations d’hommes et de femmes appartenant à la minorité tamoule tandis que les autorités ont décrété un couvre-feu temporaire dans la capitale. « Entre 2 000 et 3 000 personnes ont été emmenées pour être interrogées pour une période de douze heures », a déclaré un responsable militaire, ajoutant que la plupart d’entre elles devraient être libérées après que leur identité aura été établie.