Eglises d'Asie

Les forces spéciales thaïlandaises ont mis fin à la prise d’otages organisée par des insurgés birmans se réclamant de « l’Armée de Dieu »

Publié le 18/03/2010




Le 25 janvier, la police thaïlandaise a mis fin à la prise d’otages menée depuis la veille par un groupe d’hommes armés se réclamant de l' »Armée de Dieu », un groupe dissident de la rébellion de l’ethnie karen en Birmanie. Les dix preneurs d’otages, adolescents pour certains, âgés de 30 ans pour les plus vieux, ont été abattus par les forces anti-terroristes thaïlandaises lors de l’assaut. Ces dix hommes avaient investi le 24 janvier un hôpital de la ville de Ratchaburi, une ville thaïlandaise proche de la frontière birmane et pris en otages plusieurs centaines de personnes. Ils réclamaient la fin des bombardements tant de l’armée birmane que de l’armée thaïlandaise sur leur quartier général, des moyens pour évacuer leurs combattants, blessés sur le terrain en Birmanie, et enfin l’ouverture de la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande afin que les réfugiés karens puissent échapper aux combats.

L’« Armée de Dieu » est une organisation quelque peu étrange, dirigée par des jumeaux âgés de douze ans, à qui leurs quelque 200 hommes prêtent des pouvoirs surnaturels. Elle est issue d’une scission en 1997 de l’Union nationale karen (KNU), d’inspiration chrétienne protestante, le dernier mouvement parmi les organisations séparatistes des ethnies minoritaires en Birmanie à continuer le combat contre l’Union birmane. Les autres rébellions ont cessé la lutte armée après avoir passé des accords de cessez-le-feu avec la junte au pouvoir à Rangoun. Selon des sources proches des milieux birmans dissidents, le lendemain du dénouement de cette prise d’otages, l’armée birmane s’est emparée du quartier général de l’« Armée de Dieu », faisant « de nombreux mortsy compris des femmes et des enfants ».

Deux des dix hommes tués par la police thaïlandaise avaient pris part, il y a quatre mois, à une spectaculaire prise d’otages à l’ambassade de Birmanie à Bangkok. Cette affaire s’était dénouée pacifiquement, les autorités thaïlandaises ayant permis aux insurgés, se réclamant des « étudiants » birmans, de regagner en hélicoptère leur base dans la jungle birmane, proche de la frontière avec la Thaïlande.

La succession à quelques mois d’intervalle de ces deux prises d’otages laisse craindre que les autorités thaïlandaises vont durcir leur politique à l’égard des réfugiés de Birmanie installés sur leur territoire. Le long de la frontière, environ 100 000 personnes vivent dans des camps de réfugiés et, au-delà, on estime que 500 000 à 1 million de Birmans vivent, le plus souvent sans permis de travail, à Bangkok et dans les centres urbains, fournissant une main-d’ouvre bon marché.