Eglises d'Asie

Bangkok : la police politique a fouillé pendant plusieurs heures les locaux du Service jésuite pour les réfugiés ainsi que ceux d’une autre association d’aide aux dissidents birmans

Publié le 18/03/2010




Le 11 février, la police politique thaïlandaise s’est présentée en force dans les locaux du Service jésuite pour les réfugiés (Jesuit Refugee Service), rue Phaholyothin, à Bangkok. Trente policiers ont fouillé de fond en comble pendant plusieurs heures les locaux de l’association. Selon un porte-parole de la police, celle-ci cherchait des preuves incriminant le Service jésuite dans « des activités illégales ». La police était aussi à la recherche d’un dissident birman du nom de Maung Soe. Elle a cependant, selon ses propres dires, quitté les lieux sans avoir rien trouvé.

La même équipe de policiers s’est ensuite présentée dans les bureaux de « Burma Issues » (Questions birmanes), situés en plein centre de Bangkok, rue Silom. Cette association est spécialisée dans la recherche de documentation sur les violations des droits de l’homme perpétrées par la junte militaire au pouvoir en Birmanie.

Au cours de ce dernier raid, la police a arrêté seize personnes dont huit dissidents birmans et six travailleurs immigrés. Un certain nombre de documents et de cassettes vidéos ont été saisis dans les locaux. Les deux autres personnes arrêtées sont un citoyen indien, dont le nom n’a pas été révélé, et un citoyen américain, Max Ediger, missionnaire de l’Eglise mennonite, dont le permis de travail était expiré depuis le mois d’août 1999. Max Ediger est accusé d’avoir donné asile à des étrangers en situation irrégulière. Il a été conduit avec les dissidents birmans et le citoyen indien au centre de détention du département de l’Immigration. Les travailleurs étrangers ont été rapidement remis en liberté.

Max Ediger devait passer au tribunal le 14 février. Selon le porte-parole de la police, il devrait être rapidement expulsé du pays. Son avocat, Somlai Homlaor, bien connu dans le milieu des organisations non gouvernementales, a accusé le gouvernement de s’adonner à une véritable « chasse aux sorcières » : « Les autorités devraient faire la distinction entre les authentiques réfugiés politiques et les groupes armés violents. En fait, le gouvernement aurait des choses à apprendre des méthodes non violentes de personnes comme Ediger ».

Pendant des années, la police politique thaïlandaise a toléré la présence dans le royaume de milliers de dissidents birmans plus ou moins engagés dans la lutte contre la junte militaire de Rangoun. Récemment, depuis l’occupation de l’ambassade de Birmanie à Bangkok en octobre 1999, et la prise en otage, il y a quelques semaines (21), d’un hôpital par les rebelles karens, la police thaïlandaise semble avoir reçu l’ordre de se montrer plus vigilante dans la surveillance des dissidents birmans.

Paradoxalement, ces deux initiatives de la police politique ont été prises à peine vingt-quatre heures après que Kofi Annam, secrétaire général des Nations Unies, a félicité le gouvernement thaïlandais pour son attitude positive à l’égard des réfugiés birmans présents sur son sol. Kofi Annam se trouve à Bangkok pour la réunion de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).