Eglises d'Asie

Les évêques du Sri Lanka sont favorables à une initiative norvégienne destinée à favoriser des négociations entre le gouvernement et les Tigres tamouls

Publié le 18/03/2010




Les évêques catholiques du Sri Lanka ont accueilli favorablement l’offre faite par la Norvège de faciliter des négociations entre le mouvement séparatiste des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) et le gouvernement, tous les deux engagés dans une guerre intestine qui, depuis 1983, a fait plus de 55 000 morts. Parlant au nom de la Conférence épiscopale dont il est le secrétaire général, Mgr Malcolm Ranjith, de Rapnapura, a déclaré le 18 février à ce sujet : “Nous, les évêques catholiques encourageons pleinement les négociations de paix menées grâce à la médiation d’une tierce partie ». Il a souligné que cette médiation norvégienne constituait pour le pays un dernier recours, les autres tentatives de négociations ayant jusqu’ici échoué. Pourtant il a souligné que cette guerre responsable de tant de dégâts matériels et moraux ne peut avoir qu’une solution politique. “Il n’y a pas de vainqueurs sur un champ de bataille a-t-il conclu.

La veille de cette déclaration, le ministre des Affaires étrangères norvégien, Knut Vollebaek, avait regagné son pays après une courte visite officielle de 24 heures au Sri Lanka au cours de laquelle il s’était entretenu quatre heures durant avec la présidente du Sri Lanka et avait rencontré le chef de l’opposition, Ranil Wickremesinghe. Dans un communiqué de presse, il a confirmé que son pays acceptait de jouer le rôle de médiateur et tenterait d’amener les deux parties à la même table : La Norvège est prête à relever ce défi, a-t-il dit, à la demande de la présidente du Sri Lanka et conformément aux voux des responsables du LTTE ». De sources diplomatiques, on a appris que le dialogue entre le chef de la diplomatie norvégienne et la présidente Chandrika Kumaratunga avait eu un caractère exploratoire. Les modalités d’une mise en route d’un dialogue direct entre les Tigres et le gouvernement ont été, semble-t-il, au centre de ces conversations. M. Vollebaek estime que le conflit qui oppose le gouvernement aux séparatistes tamouls ne pourra être réglé que par des moyens politiques. Selon lui, la recherche de la paix sera une tâche difficile et longue.

C’est au mois de décembre dernier que la présidente srilankaise avait révélé avoir demandé l’aide de la Norvège pour la tenue des négociations avec les rebelles tamouls, au vu du succès rencontré par une précédente médiation norvégienne, il y a quelques années entre Israéliens et Palestiniens (21). D’autre part, avant la visite effectuée au Sri Lanka, le ministre norvégien des Affaires étrangères avait rencontré à Londres un haut responsable du LTTE.

L’initiative norvégienne a été, dans l’ensemble, bien accueillie dans le pays, sauf chez certains cingalais extrémistes partisans d’une solution militaire qui ont apposé des posters demandant à la population de s’opposer à cette initiative étrangère. Les dirigeants religieux musulmans et bouddhistes y sont au contraire très favorables. Certains d’entre eux sont tout prêts à jouer, eux aussi, un rôle d’intermédiaire. Le vénérable Vajira, coordinateur de religieuse pour la paix, a rapporté des propos tenus par des dirigeants du LTTE du nord du pays qui se déclarent prêts à négocier si le clergé joue le rôle de médiateur.

Cependant ces diverses déclarations, pas plus que la visite du ministre norvégien, n’ont mis un terme aux hostilités. A l’aube du 16 février, jour de l’arrivée du diplomate au Sri Lanka, les forces du LTTE ont lancé une vaste offensive à Elephant Pass, position stratégique située au nord de l’île. Les combats ont coûté la vie à 57 soldats rebelles et gouvernementaux.