Eglises d'Asie

120 martyrs de l’Eglise catholique en Chine seront canonisés le 1er octobre à Rome

Publié le 18/03/2010




Vendredi 10 mars, au Vatican, Jean-Paul II, au cours d’un consistoire ordinaire public, a annoncé la canonisation le 1er octobre prochain, fête de sainte Thérèse de Lisieux, patronne des missionnaires, de 120 martyrs de l’Eglise catholique en Chine. Ces 120 martyrs ont vécu entre le XVIIème et le XXème siècle et ont été béatifiés entre 1900 et 1946. Agés de 7 à 79 ans au moment de leurs martyres, on compte parmi eux 62 laïcs, 23 prêtres, 15 religieuses, huit séminaristes, six évêques, quatre catéchistes et deux catéchumènes. Martyrisés pour la plupart dans les provinces du Guizhou, du Hebei, du Shanxi et Sichuan, il y a parmi eux 33 missionnaires originaires de Belgique, de France, d’Italie, des Pays-Bas et d’Espagne. Plus de 70 d’entre eux ont été tués lors de l’insurrection des Boxers en 1900, les autres ayant trouvé la mort lors de persécutions anti-chrétiennes sous la dynastie des Ming (1368-1644) ou sous celle des Qing (1644-1911).

Avec ces nouvelles canonisations, l’Eglise en Chine comptera désormais plusieurs saints d’origine chinoise ; le 2 juin 1996, le P. Jean-Gabriel Perboyre (1802-1840), un lazariste (Congrégation de la Mission), était devenu le premier saint de l’Eglise en Chine mais il était français. A la suite de cette canonisation, la Conférence épiscopale de Taiwan avait décidé de revitaliser la commission pour la canonisation de bienheureux martyrs chinois, le fait que le premier saint de l’Eglise en Chine n’ait pas été un Chinois ayant créé un certain malaise au sein de l’Eglise en Chine et à Taiwan (3). Interrogé le 7 mars, Mgr Joseph Wang Yu-jung, évêque de Taichung et président de la Commission pour la canoni-sation des saints et des martyrs de la Conférence des évêques de Taiwan, a déclaré : La canonisation de ces martyrs est un signe de la maturité de l’Eglise en Chine. Elle nous encourage aussi à la recherche de la vertu, nous qui vivons dans un monde qui valorise la recherche de l’intérêt personnel»

Mgr Joseph Wang ne pense pas que ces canonisations puissent créer de tensions entre le Vatican et Pékin, tous les martyrs étant morts avant la prise du pouvoir par les communistes en Chine, en 1949, et tous avaient déjà été béatifiés à cette date. Selon le cardinal Paul Shan Kuo-hsi de Kaohsiung, président de la Conférence épiscopale de Taiwan, la canonisation des saints relève du domaine strictement religieux et ne doit pas être mêlée au problème des relations entre la Chine et le Saint-Siège. Mgr Paul Jiang Taoran, évêque catholique “officiel” de Shijiazhuang, dans la province du Hebei, a exprimé la même opinion. Selon lui, le gouvernement chinois ne devrait pas dénoncer ces canonisations comme représentant une ingérence du Vatican dans les affaires intérieures de la Chine, car c’est là une affaire purement religieuse et que, de surcroît, ces bienheureux ont été martyrisés avant 1949. Toutefois, selon le P. Ren Zhisheng, vicaire général “officiel” du diocèse de Fenyang (province du Shanxi), d’où deux des 120 futurs saints sont originaires, le gouvernement peut ne pas se montrer heureux de ces canonisations car une bonne partie d’entre eux sont morts au cours d’une insurrection nationaliste ». L’insurrection des Boxers est en effet présentée en Chine continentale comme un mouvement populaire dirigé contre l’impérialisme des puissances occidentales.

A Hongkong, Mgr John Tong Hon, évêque auxiliaire du diocèse, a salué la nouvelle de ces canoni-sations à venir comme une grande nouvelle » et un encouragement à l’Eglise de Chine et aux catholiques chinois ». Plusieurs lieux de culte portent déjà le nom de certains de ces martyrs et, selon Mgr Tong, le diocèse organisera très certainement des cérémonies pour honorer ces nouveaux saints.

Un livre sera bientôt publié en chinois et en anglais pour initier à la vie et au martyre de ces 120 futurs saints. Parmi eux, se trouve le bienheureux P. Augustin Zhao Rong (1746-1815), un mandarin du Guizhou, baptisé à l’âge de 30 ans, ordonné prêtre cinq ans plus tard puis emprisonné et torturé pour son refus d’abjurer la foi catholique. On trouve également trois prêtres de la Société des Missions Etrangères de Paris : Mgr Gabriel Taurin-Dufresse, vicaire apostolique au Sichuan, décapité le 14 septembre 1815 (4) ; le P. Jean-Pierre Néel, décapité le 18 février 1862 dans la province du Guizhou (5) ; et le P. Auguste Chapdelaine, mis à mort le 27 février 1856 (6).