Eglises d'Asie

D’importants moines bouddhistes et les milieux nationalistes cingalais s’opposent à la médiation norvégienne destinée à régler le conflit entre le gouvernement et les Tigres tamouls

Publié le 18/03/2010




L’influent clergé bouddhiste du Sri Lanka s’est déclaré opposé au projet de la présidente Chandrika Kumaratunga d’inviter la Norvège à servir de médiateur dans le conflit qui oppose depuis 1983 le gouvernement et le mouvement séparatiste des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE). Les deux principaux groupes bouddhistes de l’île – les communautés Malwatte et Asgiriya – sont unis dans leur opposition. A Colombo, le 5 mars, le vénérable Rambukwelle Sri Vipassi, chef de la communauté Malwatte, a déclaré qu’il refusait la médiation norvégienne car, selon lui, le gouvernement norvégien n’est pas neutre dans cette négociation car favorable aux LTTE. Il a ajouté que sa communauté allait bientôt remettre au gouvernement une pétition demandant l’abandon de ces négociations de paix engagées sous les auspices d’une puissance étrangère et rejetant l’ensemble des réformes constitutionnelles envisagées par la présidente pour mettre fin, par des moyens politiques, au conflit.

Alors que le ministre des Affaires étrangères norvégien, Knut Volleabaek, a annoncé au cours d’une rapide visite au Sri Lanka le mois dernier que son pays était prêt à jouer un rôle de médiateur dans cet interminable et sanglant conflit (19), la présidente Kumaratunga a relancé les consultations avec les partis politiques au parlement (y compris avec Ranil Wickremesinghe, chef de l’opposition) sur son projet de réforme radicale de la Constitution. Depuis août 1995, Chandrika Kumaratunga cherche en effet à faire aboutir une réforme constitutionnelle d’ampleur qui ferait du Sri Lanka un quasi Etat fédéral. Ces dernières années, le clergé bouddhiste a déjà dit sa vive opposition à un tel plan (20). Aujourd’hui, les principaux moines bouddhistes redisent leur opposition à cette réforme constitu-tionnelle qui, selon eux, est lourde de dangers pour la (très majoritairement bouddhiste) communauté cingalaise. Ils ont été rejoints dans leur protestation par quatre groupes nationalistes cingalais. Membre du Sinhala Veera Vidahana Movement, Ananda Weerasekara, général à la retraite, a tenu à préciser que les nationalistes cingalais faisaient une distinction entre la minorité tamoule au Sri Lanka et le LTTE : Nous ne disons pas Tuez les Tamouls’. Nous voulons en finir avec le terrorisme [du LTTE».

Ces groupes nationalistes cingalais estiment, eux aussi, qu’Oslo est un partisan des LTTE. Si le Sri Lanka avait besoin de l’aide d’un pays étranger pour résoudre ce conflit, il fallait demander l’assistance de l’Inde », ont-ils déclaré, dans un communiqué commun. L’Inde s’est impliquée directement dans ce conflit en 1987 lors de la signature d’un accord de paix indo-srilankais dont l’objectif était de parvenir au désarmement des Tigres tamouls. Cependant, après avoir perdu plus de 1 140 de ses soldats, victimes des Tigres, l’Inde a retiré ses troupes du Sri Lanka en 1990. Depuis cette date, New Delhi s’est tenu à l’écart des tentatives de résolution de ce conflit.