Eglises d'Asie

Aux funérailles d’une religieuse blessée à mort par des pillards, le prêtre célébrant déclare qu’au Pakistan, le banditisme est un mode de vie

Publié le 18/03/2010




Sour Sequeira, 78 ans, après trois jours de coma, a succombé aux blessures que lui avaient infligées six hommes armés venus piller le couvent de Malir, à Karachi, le 12 mars. On pense que la religieuse avait essayé d’empêcher les voleurs de pénétrer dans sa chambre. Son décès a poussé le prêtre qui présidait ses funérailles à déclarer que le Pakistan n’est pas un pays terroriste mais un pays où le banditisme est un mode de vie. Le P. Archie D’Souza, au cours de la messe, le 15 mars, a demandé aux catholiques de réfléchir au dévouement de Sour Christine Sequeira, à sa mort et à tout ce que cela doit signifier pour la communauté. “La façon dont est morte Sour Christine nous rappelle que nous ne vivons pas dans un pays terroriste mais dans un pays de bandits. Ce qui s’est passé ne nous permet pas de penser qu’il s’agit d’un malencontreux accident provoqué par quelques truands isolés. Non, il s’agit d’un style de vie devenue maintenant, au Pakistan, une véritable industrie soutenue pas des parlementaires et des gens de pouvoir qui ne sont pas les derniers à réclamer leur part », a déclaré le prêtre.

Le prêtre a déclaré également que le banditisme, en définitive, reposait sur le fait qu’une grande majorité de nos concitoyens n’ont pas encore développé une vraie conscience personnelle » par laquelle un individu se sent responsable de ses actions envers lui-même et envers Dieu. Ce qui compte au Pakistan, a-t-il continué, c’est une conscience tribale » grâce à laquelle un individu peut, sans se poser de questions, acquiescer à tous les désirs du groupe. Le développement d’une conscience personnelle, a-t-il dit, commence dans la famille où les parents, par des paroles et des actes, enseignent aux enfants le bien et le mal.

Avec les proches de Sour Sequeira, les religieuses et les prêtres, assistaient aux funérailles, le gouverneur Azim Ahmed Daudpota, le préfet de police de Karachi, Shafiqueur Rehman Pracha et le ministre de l’Education, Anita Ghulam Ali. Le gouverneur Daudpota et le ministre Ali sont, tous deux, des anciens élèves de l’école des Sours Franciscaines de Marie. Plusieurs des ces écoles ont été nationalisées en 1972.

Au cours de son panégyrique, Sour Philomena a attesté que la vie de Sour Sequeira avait été une totale offrande d’elle-même entre les mains de Dieu, 40 ans au service d’une communauté à prédominance musulmane par l’éducation, la formation et l’aide sociale aux plus démunis : L’intégrité de sa vie poussait ceux de son entourage à donner le meilleur d’euxmêmes et dans sa grande humanité elle n’était jamais plus heureuse que quand elle était au milieu de ceux pour lesquels elle avait tout donné ». Sour Sequeira, a-t-elle indiqué, était née à Bagdad en 1921. Elle était entrée en religion au Sri Lanka en 1943. Elle était issue d’une famille qui avait donné plusieurs de ses membres au service de l’Eglise. Elle avait réalisé plusieurs fondations au Pakistan. Sa foi solide et son intrépidité ont fait que ces fondations ont porté du fruit en abondance. Celles qui ont reçu d’elle leur formation ont hérité de son esprit. Beaucoup de ses anciennes novices sont maintenant les chevilles ouvrières de la province pakistanaise des Franciscaines Missionnaires de Marie.